À quoi ressemble le premier supermarché Atacadao que Carrefour s’apprête à ouvrir en France?
Atacadão. Cette enseigne discount, bien connue en Amérique latine, notamment au Brésil, mais présente aussi au Maroc, ne dit pas encore grand-chose aux consommateurs français. Carrefour, qui l’a rachetée en 2007, a décidé de l’importer dans l’hexagone.
Après avoir essuyé le refus de la municipalité de Sevran (Seine-Saint-Denis), où le distributeur a un temps envisagé de l’installer, il va ouvrir un premier magasin dans la ville voisine d’Aulnay-sous-Bois, à proximité du centre commercial O’Parinor. Il sera exploité par le groupe marocain Labelvie, qui gérait déjà l’hypermarché Carrefour que cet Atacadão remplace. Les responsables du projet espèrent une ouverture "avant les Jeux olympiques". Ce pourrait même être avant, à la fin du mois de juin.
"Ça va surprendre beaucoup de monde"
En attendant, les travaux se poursuivent. Il a notamment fallu renforcer les sols pour qu’ils puissent supporter des charges lourdes. L’enseigne s’apprête en effet à accueillir à la fois des clients particuliers et des professionnels (restaurateurs, commerçants ou associations…), susceptibles d’acheter plusieurs palettes de produits d’un coup. D’ici deux ou trois ans, la direction vise 30% de clients professionnels.
"On importe une philosophie et on l’adapte au marché français", explique Noël Prioux, chargé du déploiement d’Atacadão en France.
Pour cet historique de Carrefour, conseiller du PDG Alexandre Bompard et qui a notamment piloté les affaires du groupe en Amérique latine, ce nouveau concept en France "va surprendre beaucoup de monde". Il s’étale sur 10.000 mètres carrés, dont 9.000 mètres carrés de surface de vente. Les caisses, des bureaux et des espaces dédiés aux commerçants pour entreposer leurs courses, occupent le reste de l’espace. Les allées sont très larges, de quoi laisser passer caddies et palettes. De part et d’autres s’élèvent des racks, chargés de produits. Un peu comme chez Ikea.
Dans les rayons, on trouvera surtout une offre alimentaire, sauf pour les opérations spéciales comme pour la rentrée scolaire, les fêtes de fin d'année ou l’équipement du jardin, explique Noël Prioux. On pourra acheter des produits à l’unité ou en gros, sans abonnement. Il y aura, comme ailleurs, des marques nationales, mais aussi des produits de marque propre ou d’autres fournies par des petites et moyennes entreprises françaises (PME). Le responsable de ce projet veut ainsi "faire une large place au produits frais" et au "rapport qualité/prix". En collaborant avec un maximum de PME, il souhaite leur offrir "une vitrine".
Prix très bas
Il promet des prix parmi les plus bas du marché. Pour ce faire, il compte justement sur cette collaboration avec de nouveaux fournisseurs, qui livreront directement. "Cela évite de passer par des entrepôts. En économisant sur la logistique, on peut faire baisser les prix", explique Noël Prioux. Le budget publicité s’annonce aussi moins important que celui des concurrents. Il mise sur le bouche-à-oreille.
Le dirigeant ne donne pas d’indication sur ses objectifs de chiffre d’affaires, ni sur la mise de départ de Carrefour pour lancer ce premier point de vente en France. Il explique seulement que c’est "le plus gros investissement" du distributeur dans un bâtiment commercial "depuis 15 ans". Le chiffre d'environ dix millions d’euros a circulé ces derniers mois. En ce qui concerne la main d'œuvre, l'Atacadao d'Aulnay-sous-Bois prévoit d'employer 220 à 250 personnes, en fonction des périodes de l'année.
Pour Carrefour, ce nouveau magasin est un test. Mais Noël Prioux y croit. Il estime qu’il faudra probablement "quelques semaines, voire quelques mois pour adapter ce modèle", mais il espère bien transformer l’essai pour le déployer ailleurs sur le territoire français.