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Accusée d'être "sataniste", l'exposition d'un artiste normand retirée d'une église

L'artiste Jérémy Lebouteiller exposait ses œuvre dans l'église de Saint-Aubin-Epinay, en accord avec la mairie. Après de vives réactions sur les réseaux sociaux, l'exposition a été écourtée.

"Le mal", "abominable", "sataniste"... L'exposition de l'artiste Jérémy Lebouteiller, dans la petite église Notre-Dame d'Epinay (Seine-Maritime), a provoqué une vive indignation de la part d'une partie de la communauté catholique.

Des formes humanoïdes, faites de matériaux de récupération ou d'os d'animaux, des références au rêve et à la mort... Jérémy Lebouteiller expose depuis trente ans son art fantastique. L'artiste, inspiré de Dali et des films Alien, nie toute mauvaise intention.

"Je ne vois pas vraiment le problème, pour moi, d'arriver de l'extérieur et de montrer la vie, la mort, la vie après la mort, l'espérance", explique à BFM Normandie celui qui affirme être un "homme de foi".

Le diocèse de Rouen critique l'exposition

Très vite après l'inauguration de l'exposition le 29 juin, des visiteurs ont commencé à relayer des photos sur les réseaux sociaux avec des commentaires assassins. Le site intégriste Riposte catholique s'intéresse alors à l'affaire, suivi de Tribune Chrétienne.

Le diocèse de Rouen, après avoir reçu de nombreux appels, a pris position contre l'exposition, arguant: "Elle met en scène la mort et des animaux fantasmagoriques dans le lieu qui pour les Chrétiens célèbre le Dieu vivant, Jésus Christ."

Devant l'ampleur de la polémique, la mairie de Saint-Aubin-Epinay, en concertation avec l'artiste, a décidé de retirer les oeuvres de l'église. "On regrette d'avoir pu blesser des gens parce que ce n'était pas du tout notre attention", déclare l'adjoint à la Culture, Jean Vigreux.

Ce retrait n'est pourtant pas du goût de tous les habitants de Saint-Aubin-Epinay. L'un d'eux salue le "courage" de l'artiste: "J'ai trouvé que c'était une exposition formidable, il n'y a rien de choquant."

De son côté, l'artiste a consenti à renoncer à l'exposition "pour apaiser les esprits, car cela va trop loin", a-t-il déploré auprès du Parisien, dénonçant "de la censure."

Parissa Javanshir avec Isabelle Missiaen