Airbus décroche un contrat de 2,1 milliards d'euros pour des satellites militaires allemands
L'armée allemande a attribué à Airbus un contrat de 2,1 milliards d'euros pour la prochaine génération de satellites militaires de communication baptisée SatcomBw 3, a annoncé jeudi le géant européen. Le contrat englobe la maîtrise d'oeuvre de deux satellites "ainsi que le segment terrestre (les stations de réception, NDLR), le lancement et l'exploitation pendant 15 ans", a précisé Airbus dans un communiqué.
Pendants allemands des satellites français Syracuse, britannique Skynet ou italien Sicral, les satellites SatcomBw 3 doivent être déployés "avant la fin de la décennie" à 36.000 kilomètres d'altitude.
Mastodontes d'environ six tonnes, ils seront construits à partir de la plateforme Eurostar Neo d'Airbus et "disposeront de capacités étendues pour suivre l'évolution rapide de la numérisation et l'augmentation constante du volume de transfert de données requis", détaille Airbus. Le fabricant de satellites allemand OHB et des PME sont également associés.
Marché des satellites géostationnaire
"Après le succès du programme SatcomBw Stage 2, que nous fournissons depuis 2009, ce nouveau contrat renforce notre partenariat stratégique avec la Bundeswehr, en lui fournissant une capacité de communications militaires sécurisées considérablement améliorée et conçue pour être à la pointe pour la prochaine décennie", se félicite le directeur général d'Airbus Defense and Space, Michael Schoellhorn, cité dans le communiqué.
Le dirigeant se dit par ailleurs "enthousiaste", "en ces temps de remise en cause des démocraties occidentales et de souffrance de l'écosystème spatial européen institutionnel". Les fabricants européens de satellites Thales Alenia Space et Airbus sont en effet fragilisés sur leur marché historique des satellites géostationnaires de communications.
Airbus a annoncé fin juin une nouvelle provision de 900 millions d'euros, après une de 600 millions l'an passé, liée "à certains programmes spatiaux", tandis que Thales Alenia Space a annoncé en mars la suppression de 1.300 postes, dont 1.000 en France
"La principale explication, c'est la réduction du marché des satellites géostationnaires qui, en moyenne, était à une vingtaine de satellites par an dans un passé récent et qui se stabilise aujourd'hui à une dizaine de satellites géostationnaires par an", avait alors expliqué le patron de Thales Patrice Caine.
L'arrivée sur le marché des constellations en orbite basse, notamment l'ogre Starlink de l'américain SpaceX, a chamboulé le marché de ces gros satellites dotés de plus grosses capacités mais bien plus onéreux.
Le marché des communications satellitaires militaires évolue également: l'Union européenne planche sur le projet de constellation de communications sécurisées Iris², qui combinera des satellites géostationnaires avec d'autres en orbite basse. Paris a d'ores et déjà renoncé à mettre en orbite un troisième satellite Syracuse IV pour reporter une partie de ses communications militaires sur Iris².