Allemagne: un leader de l'AfD à nouveau jugé pour l'utilisation d'un slogan nazi
L'une des figures les plus controversées du parti d'extrême droite allemand AfD, Björn Höcke, considéré comme l'homme fort de la formation, est de nouveau jugé lundi 24 juin pour usage présumé d'un slogan nazi qui lui a déjà valu une condamnation.
En mai, le chef de l'Alternative pour l'Allemagne de Thuringe, dans l'est de l'Allemagne, a déjà écopé d'une amende de 13.000 euros après que le tribunal de Halle l'eut reconnu coupable d'avoir en toute connaissance de cause utilisé la phrase "Tout pour l'Allemagne" ("Alles für Deutschland") lors d'un meeting de campagne en 2021.
Cette phrase, autrefois une devise du groupe paramilitaire nazi Sturmabteilung (SA) qui a joué un rôle clé dans l'accession au pouvoir d'Adolf Hitler, est illégale dans l'Allemagne d'aujourd'hui, tout comme le salut nazi et d'autres slogans et symboles de cette époque.
Récidive
Björn Höcke, qui fut professeur d'histoire de lycée, a affirmé qu'il ignorait le lourd passé de ce slogan, sans convaincre le tribunal.
La même Cour devra maintenant décider s'il est coupable d'avoir sciemment à nouveau utilisé la même phrase, cette fois lors d'un rassemblement du parti AfD en Thuringe en décembre 2023.
À cette occasion, Björn Höcke avait demandé au public "tout pour ?", l'encourageant à répondre "Allemagne", alors même qu'il faisait déjà l'objet d'une procédure judiciaire pour l'incident de 2021.
S'il est reconnu coupable, il risque une nouvelle amende ou jusqu'à trois ans de prison, selon des médias allemands. Le verdict est attendu dès cette semaine.
Surveillé par les services de renseignement
Considéré comme extrémiste par les services de renseignement allemands, Björn Höcke suscite depuis longtemps la controverse.
En janvier 2017, il avait qualifié le Mémorial de la Shoah à Berlin de "monument de la honte". Il avait aussi préconisé un "virage à 180 degrés" dans la culture du souvenir du pays.
Sa radicalité n'a toutefois pas érodé sa popularité dans son fief de Thuringe où il aspire à devenir le premier chef d'un gouvernement régional d'extrême droite à l'issue des élections qui se tiendront le 1er septembre.
L'AfD, parti anti-islam et anti-immigration né en 2013, est actuellement en tête des sondages dans cette région, mais sans atteindre un score qui lui permettrait de gouverner seul. Et jusqu'ici, l'ensemble des autres partis ont toujours exclu de coopérer avec lui.
Malgré une campagne perturbée par plusieurs scandales, l'AfD a décroché un résultat record de près de 16% lors du scrutin européen de début juin, dépassant le parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz.