Avec quatre ans de retard, la fusée Ariane 6 s'est élevée pour la première fois ce mardi 9 juillet au-dessus de la jungle guyanaise, portant avec elle les espoirs de l'Europe de retrouver un accès autonome à l'espace.
Avec un retard d'une heure en raison d'un problème "mineur" résolu dans la matinée, la fusée de 56 mètres a allumé à 16 heuresses deux propulseurs d'appoint et le moteur Vulcain de son étage principal avant de s'élever dans un ciel clair et de débuter son vol de 2 heures 51 minutes et 40 secondes.
"Trajectoire conforme à l'attendu"
Dans la salle Jupiter, tour de contrôle de la mission située à 17 km du pas de tir, le calme des opérateurs tranche avec l'excitation d'un vol attendu depuis quatre ans par l'Europe spatiale
"Propulsion nominale, trajectoire conforme à l'attendu", a annoncé le directeur des opérations, Raymond Boyce avant que l'étage supérieur s'allume sous les applaudissements de la salle.
Pour cette première mission, opérée par l'Agence spatiale européenne (ESA), demeure "une part de risque" malgré les nombreux essais au sol et simulations effectués depuis des mois, selon Philippe Baptiste le patron du Cnes, l'agence spatiale française, qui à l'unisson des responsables du vol se dit toutefois "confiant".
Historiquement, près de la moitié des premiers lancements de fusées dans le monde ont été des échecs, comme en 1996 pour la première Ariane 5, qui n'a pourtant connu que deux échecs en 117 tirs.
La fusée, dont la mise au point a eu quatre ans de retard, n'emporte donc pas de satellites commerciaux mais 15 micro-satellites d'universités et à expériences diverses.
Elle transporte emporte également deux capsules de rentrée atmosphérique qui seront larguées en fin de mission. Ces capsules développées par la start-up franco-allemande The Exploration Company et Arianegroup doivent préparer le cargo de fret spatial dont l'ESA veut se doter.
Des mises en orbite réussies
Décidée en 2014, Ariane 6 pourra aussi bien placer des satellites en orbite géostationnaire, à 36.000 kilomètres d'altitude, comme Ariane 5, que mettre en orbite des constellations à quelques centaines de kilomètres de la Terre.
Pour cela, l'étage supérieur de la fusée dispose du moteur rallumable Vinci, la principale innovation du lanceur.
Au cours du vol, le moteur Vinci doit être allumé à trois reprises. Une première fois pendant 11 minutes puis une deuxième pendant 22 secondes pour amener l'étage supérieur à l'endroit où il larguera les "cubesats", 1h06 après le décollage.
Une mise en orbite réussie des satellites permet de considérer le lancement comme un succès, a expliqué Toni Tolker-Nielsen, directeur du transport spatial à l'ESA.
"C'est un jour historique pour l'ESA et pour l'Europe", a salué le directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA) Josef Aschbacher.
Mais celui-ci ne sera total que si l'étage supérieur ne reste pas lui-même un débris en orbite: le dernier allumage du Vinci doit le renvoyer dans l'atmosphère où il retombera dans le Pacifique à proximité du point Nemo, l'endroit du globe le plus éloigné de toute terre.