"Attirer l'attention": le professeur contractuel qui a brûlé des copies du bac à Paris s'explique
Il n'en reste plus rien. Ce mardi, Victor Immordino, professeur d'anglais contractuel au sein du lycée professionnel Maria-Deraismes, dans le 17e arrondissement de Paris, a brûlé 63 copies du bac devant l'établissement. Un geste en forme de protestation contre le système d'apprentissage et d'évalution imposé par l'Éducation nationale.
"D'une part, c'est visuel. Mon objectif était de mettre ce débat sur la place publique; effectivement, je me dis qu'en brûlant des copies devant un lycée, ça allait attirer l'attention", s'est-il expliqué ce jeudi sur le plateau de BFMTV.
Le professeur de 29 ans plaide pour "une refonte générale du système dans laquelle on place l'intérêt pour l'apprentissage au centre".
"Pour l'instant, on est sur une approche où il y a un programme, où il faut apprendre tel et tel contenu. Ça vient un peu de nulle part, pour les élèves ça n'a pas de sens. S'il n'y a pas de sens pour apprendre une notion, soit on décroche, soit on va se mettre dans une optique mécanique d'apprentissage et on va être dans un apprentissage superficiel qui va permettre de passer dans le supérieur. Mais on n'aura rien appris de fondamental", a-t-il déploré.
"C'est positif" pour les élèves
Les lycéens concernés devront composer à nouveau lors d'une épreuve d'une heure. Une bonne chose pour Victor Immordino, qui portait l'"espoir" que l'examen soit annulé.
"Les copies, je les ai vues. Elles sont catastrophiques. Si elles avaient dû être notées en l'état, ils n'auraient pas eu de bonnes notes. C'était positif pour eux finalement que celles-ci soient détruites. Ils vont avoir une nouvelle chance pour rédiger, ce n'est pas plus mal", a-t-il argué.
Et d'ajouter: "Au bout de sept ans, les élèves ne parlent pas anglais en terminale, et ça concerne l'ensemble des classes. Si l'ensemble des classes est concerné, c'est que ce ne sont pas les élèves qui sont à remettre en cause."
"Un nouveau sujet sera élaboré par l'équipe pédagogique du lycée, ce qui permettra une nouvelle évaluation des élèves, avec un souci d'objectivité et de bienveillance", a par ailleurs indiqué le rectorat.
Placé sous contrôle judiciaire
Le contrat du professeur ne sera pas renouvelé et qu'une procédure "RH" est en cours. La police est intervenue lors de son coup d'éclat et l'a interpellé, avant de le placer en garde à vue ce mardi. Une plainte a par ailleurs été déposée, a indiqué le rectorat à l'AFP.
L'enseigant a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer l'activité d'enseignant et interdiction de se présenter aux abords du lycée où les faits se sont produits. Il encourt dix ans d'emprisonnement et 150.000 euros d'amende.
Convoqué pour une audience le 27 octobre prochain, il sera jugé pour "destruction d'un bien par moyen dangereux pour les personnes", a indiqué le parquet de Paris.