Autour de Philippe Petitcolin, la transition a déjà commencé à la tête d’Alstom
Le futur président d’Alstom a déjà fait une arrivée remarquée. Jeudi, Philippe Petitcolin a été coopté administrateur du groupe ferroviaire dans la perspective de sa nomination à la présidence du conseil lors de la prochaine assemblée générale, le 20 juin. Il a participé au conseil d’administration mercredi après avoir déjà assisté à celui du mois de janvier.
"Il est souvent là, il a rencontré plusieurs dirigeants, raconte l’un d’eux. Il est déjà très actif."
Philippe Petitcolin est déjà perçu comme un "super-président" très impliqué dans l’opérationnel alors que l’actuel PDG, Henri Poupart-Lafarge, doit conserver la direction générale.
Une nomination encouragée par Bpifrance
Son arrivée intervient alors qu’Alstom traverse des difficultés financières. Le groupe a raté ses objectifs financier l’an passé et vient d’être éjecté du CAC 40. Il prévoit de brûler entre 500 et 750 millions d’euros de cash contre un objectif de trésorerie positive auparavant. Un plan d’économies a été engagé pour réduire sa dette de deux milliards d’euros d’ici mars 2025 alors qu’elle s’élève aujourd’hui à 3,5 milliards d’euros.
La nomination de Philippe Petitcolin a été encouragée par Bpifrance, deuxième actionnaire d’Alstom avec 7,5% de son capital. L’ancien directeur général de Safran va retrouver son directeur financier Bernard Delpit qui occupe aujourd’hui les mêmes fonctions chez Alstom. Les deux hommes forment un véritable duo, selon des proches de Safran.
"Ils sont très proches et ont fait les 400 coups", s’amuse un cadre de Safran.
Ils ont surtout mené l’acquisition difficile de Zodiac et sa restructuration pendant plusieurs années. Ce qui attend précisément Alstom qui a du mal à intégrer Bombardier, racheté il y a deux ans.
Ambiance "lourde" en interne
En interne, l’ambiance est décrite comme "lourde". "Les gens sentent que ça va changer", résume un dirigeant qui juge que "face au duo Petitcolin-Delpit, Henri Poupart-Lafarge semble isolé". À l’extérieur aussi, la transition à la tête d’Alstom est dans les esprits.
"Les investisseurs s’interrogent sur la place d’Henri Poupart-Lafarge entre un directeur financier puissant et un président qui l’était tout autant chez Safran", explique Frédéric Genevrier, analyste chez AlphaValue.
En interne, chez Alstom, les cadres se demandent si Bernard Delpit n’a pas vocation à devenir directeur général à terme. C’est lui qui mène au quotidien le plan d’économies de deux milliards d’euros qui consiste notamment à céder des filiales pour remonter du cash.
Pour le moment, les activités de signalisation ferroviaire aux États-Unis sont en vente et intéressent, selon nos informations, des acteurs américains et les concurrents Siemens et Hitachi. Selon le prix qui sera retiré, Alstom devra compléter par une augmentation de capital qui parait, aujourd’hui, inévitable. "La question n’est pas de savoir si elle aura lieu mais quand et surtout pour quel montant", explique un dirigeant du groupe.
Les actionnaires actuels, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) (17,4%) et Bpifrance (7,5%) sont logiquement réticents à réinvestir alors que le cours de Bourse a été divisé par quatre depuis le rachat de Bombardier. Alstom devra trancher d’ici la publication de ses résultats annuels, le 8 mai, et avant l'assemblée générale du 20 juin qui actera la nomination de Philippe Petitcolin à la présidence.