Avions de combat: l’incertitude plane sur l’arrivée des F-16 en Ukraine cet été comme promis
Pour l'armée ukrainienne, entre la promesse d'envoyer des avions de combat américains et leur atterrissage en Ukraine, le temps est long. Environ une centaine d'avions de combat F-16 a été promis pour remplacer les appareils détruits par la Russie depuis février 2022. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky espérait obtenir entre 120 et 130 avions pour sécuriser le ciel de l'Ukraine et appuyer les troupes au sol.
Mardi, une attaque de drones aurait encore détruit cinq avions de combat Su-27 en cours de réparation sur une base aérienne en Ukraine. Si elle est confirmée, cette information jette un doute sur la capacité des Ukrainiens à protéger les aérodrones qui doivent accueillir les F-16 que les Russes se sont jurés de détruire.
Selon Xavier Tytelman, expert militaire qui suit de près la guerre en Ukraine, un F-16 serait déjà en action dans le ciel ukrainien.
"J'avais des rumeurs mais ça y est, première frappe réalisée par un F-16 et confirmée par un contact direct dans la Légion internationale. On y est enfin", assure Tytelman dans un message posté le 29 juin sur X.
Cette action n'a été pas été confirmée, ni par les autorités ukrainiennes, ni par les autorités russes, ni par l'un des pays membres de la coalition F-16. Officiellement, aucun avion américain n'est, à ce jour, arrivé en Ukraine.
Des pilotes formés en 6 à 8 mois
La coalition F-16 a promis de fournir une centaine d'appareils. Elle se compose de quatre pays: les Pays-Bas doivent en livrer 24, 22 pour la Norvège, 19 pour le Danemark et 30 pour la Belgique. Il y a déjà un an que Washington a donné son accord pour ces cessions. Les pays donateurs attendent de recevoir les F-35 qui remplaceront les F-16 et doivent former des équipages (pilotes et équipes de soutien).
"Le premier avion sera bientôt livré", assure le ministère néerlandais de la Défense.
Le Danemark est plus modéré dans ses annonces. Il conseille aux autres pays donateurs d'éviter les déclarations trop optimistes et trop précises sur le calendrier de ces opérations. Il ne s'agit pas seulement de ne pas donner trop d'informations à la Russie.
Selon le général Jan Dam, chef d'état-major de l'armée de l'Air danoise, il faudra faire preuve de patience. La formation des pilotes pris en charge par une coalition de onze pays, dont les Etats-Unis et la France, prend plus de temps que prévu, a-t-il déclaré dans la presse danoise. Il rappelle qu'il faut normalement entre trois et quatre ans pour former un pilote de F-16.
Pour les Ukrainiens, "la formation est réduite à six à huit mois", indique Jan Dam.
Un délai très court pour maîtriser le pilotage, mais aussi pour apprendre les techniques de combat occidentales. Pour Jan Dam, c'est "une différence culturelle majeure pour des pilotes des avions MIG russes".
Une maîtrise de l'anglais "pire que prévu"
La maîtrise (ou en l'occurrence ici l'absence de maîtrise) de l'anglais, langue indispensable au pilotage de ces avions américains, a aussi contraint à "changer et adapter notre programme de formation à plusieurs reprises".
"Les compétences en anglais des pilotes étaient pires que prévu. Certains ont d'abord été envoyés suivre un cours de langue aux États-Unis avant de pouvoir poursuivre leur formation de pilote à Skrydstrup", explique le général Jan Dam.
À ce jour, seulement une vingtaine de pilotes ukrainiens seront opérationnels d'ici la fin de l'année.
"En ce moment, ils pratiquent le vol de nuit, même si nous sommes au milieu des nuits les plus courtes de l'année. Mais nous devons simplement le faire pour réussir le programme", indique le chef de l'aviation danoise.
En parallèle, une centaine de soldats ukrainiens doivent être formés à des postes de mécaniciens, de spécialistes en armement et du personnel pour les bases aériennes ukrainiennes.
"Pour chaque F-16, une équipe de 15 personnes est nécessaire", note le général Pellistrandi sur BFMTV.
Un premier groupe d'une cinquantaine de spécialistes finit sa formation et sera opérationnel à la fin de l'été.
La formation n'est pas simple, mais elle continue pour mettre toutes les chances du côté l'armée ukrainienne. Si le premier groupe de pilotes n'a pas encore été entièrement formé, "les premiers sont sur le point d’être prêts", dévoile le chef de l'aviation danoise laissant ainsi planer une ambiguïté stratégique nécessaire pour mener une nouvelle phase de la guerre en Ukraine.