"Bac Nord": le réalisateur Cédric Jimenez "un peu halluciné" par la récupération politique du film
Bac Nord revient dans l'actualité. Six mois après sa sortie au cinéma, où il a séduit plus de 2,2 millions de spectateurs, le polar de Cédric Jimenez nommé sept fois aux César refait les gros titres, alors que le syndicat de police Alliance a organisé cette semaine une projection du film au Club de l'Etoile à Paris.
La projection a été suivie par une rencontre avec trois candidats à l'élection présidentielle - Marine Le Pen, Éric Zemmour et Valérie Pécresse - qui ont cité ce polar comme exemple, dans des débats sur la sécurité. Interrogé ce mercredi par France Inter, Cédric Jimenez s'est dit "un peu halluciné" face à cette récupération politique:
"S'il y a une récupération politique à chaque fois que le propos d'un film touche à quelque chose de politique, ça veut dire qu'il ne nous reste plus qu'à faire des comédies familiales. Des choses qui sont vraiment très, très inoffensives. C'est inquiétant de façon générale, pas juste pour mon cas."
Et d'ajouter: "Si on fait du cinéma, c'est bien parce qu'on a choisi de ne pas faire de la politique. Je ne suis pas exaspéré, le mot est un peu fort, je suis plutôt un peu halluciné de voir ça. Il n'y aurait pas mieux à faire? J'espère quand même qu’il y a d’autres solutions pour parler des problèmes des fonctionnaires de police, pour parler des problèmes sociaux dans les cités."
Participer à la montée de l’extrême-droite
Bac Nord avait été accusé en juillet 2021, au lendemain de sa projection cannoise, de participer à la montée de l’extrême-droite en raison de sa représentation caricaturale des cités: "en sortant de votre film, je me dis, peut-être que je vais voter Le Pen" avait lancé un journaliste irlandais lors de la conférence de presse.
Bac Nord s’est ensuite vu reprocher un traitement partial d’une affaire qui a défrayé la chronique il y a dix ans. "Il faut quand même rester à hauteur de cinéma et à la hauteur de ce que le film raconte, non pas d'un point de vue idéologique, mais d’un point narratif", a martelé Cédric Jimenez, en précisant que le film "ne représente ni le quotidien des quartiers, ni celui de la police".
Jimenez s'est fait une spécialité de raconter au cinéma des affaires judiciaires récentes. Après La French, sur l'affaire du Juge Michel, il a tourné Novembre, un film sur le 13-Novembre, qui sortira en octobre prochain. Il prépare également un long-métrage sur l'enlèvement d'Ingrid Betancourt par les FARC en 2002.