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Bras de fer entre la Ville de Paris et les propriétaires du Bataclan autour de la porte peinte par Banksy

Un policier italien à côté de l'oeuvre de Banksy, volée au Bataclan en 2019, et retrouvée en Italie, lors d'une conférence de presse, le 11 juin 2020 à l'Aquila

Un policier italien à côté de l'oeuvre de Banksy, volée au Bataclan en 2019, et retrouvée en Italie, lors d'une conférence de presse, le 11 juin 2020 à l'Aquila - Filippo MONTEFORTE © 2019 AFP

La porte de l'issue de secours du Bataclan sur laquelle l'artiste Banksy a dessiné une fillette triste a été volée puis retrouvée en Italie. Depuis, la mairie de Paris et les propriétaires des murs du Bataclan s'en disputent la propriété.

Une porte convoitée. Volée en janvier 2019, cette porte de l'issue de secours du Bataclan sur laquelle le célèbre artiste de rue Banksy a dessiné une fillette tête baissée, triste, considérée comme un hommage aux victimes des attentats du 13-Novembre, a été retrouvée dans une ferme en Italie en juin 2020. Ce dossier atterrira devant les juges le 8 juin prochain.

Mais cette porte, et l'oeuvre d'art qui va avec, fait l'objet d'un autre conflit judiciaire plus confidentiel. Un pourvoi en cassation a été déposé, cette semaine, par les avocats de la Ville de Paris, a appris BFMTV.com confirmant les informations du Monde. La mairie se dispute la propriété de la structure avec les propriétaires des murs du Bataclan. A deux reprises, la justice française a donné raison à ces derniers.

Retrouvée en Italie

Peinte au pochoir à l'été 2018, la porte de secours située à l'arrière du Bataclan, dans le passage Saint-Pierre-Amelot, a été volée dans la nuit du 25 au 26 janvier 2019, malgré la présence d'un plexiglas pour la protéger. Au terme d'une enquête minutieuse, les enquêteurs de la police judiciaire parisienne prennent la route de l'Italie où la porte est retrouvée intacte dans une ferme des Abruzzes, au nord-est de Rome.

La procédure judiciaire sur ce vol s'est conclue ces dernières semaines et huit hommes sont renvoyés devant le tribunal correctionnel de Paris du 8 au 10 juin. La porte a, elle, retrouvé le chemin de la France et a été placée sous scellé. Comme le prévoit la règle, le juge d'instruction en charge du dossier, n'ayant plus besoin de la porte pour ses investigations, a contacté les possibles propriétaires pour leur restituer le bien volé.

Les propriétaires des murs du Bataclan, une indivision familiale, se manifestent alors. La société anonyme d'exploitation de la Ville de Paris qui a racheté le fonds de commerce de la salle de concert en juillet 2021 dépasse le délai prévu par la procédure pénale pour obtenir une restitution, du fait d'une mauvaise communication des pièces. Le juge d'instruction a donc signé une ordonnance de restitution au nom de l'indivision familiale.

"Quand j'ai voulu récupérer la porte, j'ai appris que la société anonyme d'exploitation du Bataclan bloquait la restitution", explique à BFMTV.com Daniel Habrekorn, qui gère l'indivision familiale.

Enjeu symbolique

L'affaire est donc portée devant les juges. Le tribunal en première instance puis la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris donnent raison aux particuliers.

"Nous sommes propriétaires de cette salle de spectacle donc nous sommes propriétaires des portes", résume Daniel Habrekorn.

La Ville de Paris ne l'entend pas de cette oreille. "Une porte de remplacement a été installée pour remplacer celle volée, rappelle les conseils de la municipalité. Le préjudice pour le propriétaire a été réparé".

Au delà de l'enjeu judiciaire, c'est l'enjeu symbolique qui est central. La société d'exploitation du Bataclan, dont la mairie de Paris est l'actionnaire majoritaire, craint en effet que les propriétaires des murs de la salle de spectacles revendent cette porte. Il y a quelques mois, une oeuvre de l'artiste de rue s'était, par exemple, vendue à 3,7 millions d'euros

"Il est considéré que Banksy a peint cette porte en hommage aux victimes des attentats du 13-Novembre, il est normal qu'elle leur revienne", note-t-on du côté de la mairie, indiquant que cette porte pourrait rejoindre, par exemple, un lieu mémoriel où seraient réunis des objets en lien avec les attaques terroristes qui ont fait 130 morts en 2015.

Aucune décision n'a été prise concernant l'avenir de cette porte, selon l'indivision familiale qui rappelle avoir un temps envisagé de l'exposer à l'intérieur de la salle de spectacles. La décision de la cour de cassation qui pourrait intervenir dans les prochains mois.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV