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"C'est de l'hypocrisie": le pape répond aux critiques sur la bénédiction de couples homosexuels

Dans un document publié en décembre, le Vatican a autorisé la bénédiction des couples de même sexe, à condition qu'elle soit effectuée en dehors des rituels liturgiques. Une déclaration qui a attiré des critiques chez certains prélats conservateurs.

Le pape dénonce l'"hypocrisie" de ceux qui critiquent la bénédiction des couples homosexuels. Dans un document publié en décembre, le Vatican a autorisé la bénédiction des couples "irréguliers" aux yeux de l'Église, incluant les couples remariés, et les couples de même sexe. La principale condition étant soit effectuée en dehors des rituels liturgiques, "afin de ne pas créer de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage".

Intitulé "Fiducia supplicans" ("La confiance suppliante"), ce document du puissant dicastère (ministère) pour la Doctrine de la Foi a provoqué une levée de boucliers chez certains prélats conservateurs, notamment en Afrique où l'homosexualité est encore illégale dans de nombreux pays.

Pas la bénédiction d'un mariage mais de "deux personnes"

Dans une interview accordée au magazine italien Credere, qui doit être publiée jeudi mais dont des extraits ont été mis en avant par plusieurs médias italiens et l'agence Reuters, le pape a défendu cette décision.

"Personne ne se scandalise si je donne une bénédiction à un entrepreneur qui exploite peut-être les gens, ce qui est un péché très grave. Alors qu'ils se scandalisent que je la donne à un homosexuel... C'est de l'hypocrisie", a-t-il déclaré.

Il a également souligné ne pas bénir "un 'mariage homosexuel'", mais "deux personnes qui s'aiment": "dans les confessions, lorsque ces situations se présentent, les personnes homosexuelles, les personnes remariées, je prie toujours et je bénis. La bénédiction ne doit être refusée à personne".

Des critiques sur une "confusion"

Le 14 janvier, dans une interview à la télévision italienne, François avait déjà défendu le texte en affirmant que "le Seigneur bénit tout le monde". Puis, le 26 janvier, lors d'un discours aux membres du dicastère pour la Doctrine de la Foi, il avait souligné que les bénédictions "n'exigent pas de perfection morale pour être reçues".

"Quand un couple en fait la demande, on ne bénit pas l'union, mais simplement les personnes qui l'ont demandée ensemble", a-t-il encore déclaré.

Dans certains pays, le document fait l'objet de vives critiques. En décembre, des archevêques et des évêques de Côte d'Ivoire ont ainsi dénoncé "le risque de confusion et de scandale que la bénédiction des couples de même sexe pourrait générer au sein de (leur) église locale".

Les évêques français distinguent ces bénédictions du mariage

De son côté, la Conférence des évêques de France (CEF) a défendu en janvier "un accueil large et inconditionnel" en réaction au document du Vatican. "Le Conseil permanent reçoit cette déclaration comme un encouragement aux pasteurs à bénir généreusement les personnes qui s'adressent à eux en demandant humblement l’aide de Dieu", a affirmé dans un communiqué l'instance de gouvernance de la CEF.

Le Conseil permanent de la CEF fait une nette distinction avec le mariage: ces bénédictions doivent se faire "hors de tout signe susceptible d'assimilation" à la célébration du mariage qui reste une "union exclusive (...) entre un homme et une femme".

Sophie Cazaux avec AFP