"C'est historique": Intermarché rouvre 66 ex-magasins Casino avec des prix en baisse de 15%
Après avoir absorbé une première vague de magasins Casino, l'automne dernier, Les Mousquetaires passent la seconde. Jeudi, 36 points de vente doivent rouvrir sous bannière Intermarché ou Netto. 30 autres suivront la semaine prochaine. À quelques heures du jour-J, le patron du groupement d'indépendants est dans les starting-blocks.
"Ça chauffe, on est au pied de la montagne", s'enthousiasme Thierry Cotillard, qui estime qu'après la période du rachat, il entre désormais dans la partie "la plus intéressante", celle du commercial.
En 15 jours seulement, ses équipes ont changé les systèmes informatiques et les lignes de caisses de ces anciennes grandes surfaces Casino. Ils ont formé des collaborateurs, ôté des rayons des produits qui ne devaient plus y être et affiché les nouveaux prix, avec 15% de baisse en moyenne. "1.400 collaborateurs sont allés sur le terrain et nous ont aidés", salue le patron des Mousquetaires.
294 magasins transformés en un an
Cette ouverture d'une soixantaine de points de vente supplémentaires s'inscrit dans une opération bien plus large. En un an, Thierry Cotillard ambitionne de transformer pas moins de 294 magasins.
"On est en train de vivre quelque chose d'historique", souligne-t-il.
Il date "la dernière grosse opération" pour le secteur de la distribution, en France, au rachat de Promodès par Carrefour, en 1999. Pour Les Mousquetaires, la reprise de tous ces magasins équivaut à 15 années de développement, en termes de mètres carrés.
C'est un énorme bond en avant, alors qu'"il est de plus en plus difficile d'acheter des mètres carrés" en France, rappelle le patron du troisième groupe de distribution alimentaire du pays. Il a mis entre 1,3 et 1,4 milliard d'euros sur la table, financés pour "un milliard d'euros environ par un emprunt bancaire", et par "des cessions d'actifs" à l'étranger.
Objectif: rattraper Carrefour, voire Leclerc
Thierry Cotillard a, dit-il, deux ambitions. La première est "commerciale". Il veut toucher de plus en plus de clients. Il compte le faire grâce à un maillage territorial renforcé.
"Il y aura désormais un Intermarché/Netto tous les 12 kilomètres en France, contre 17 kilomètres aujourd'hui", précise le dirigeant, qui compte aussi faire venir de plus en plus de monde en agissant sur les prix.
Il vise, pour ces nouveaux points de vente, une croissance de 40% d'ici cinq ans. Grâce à eux, il compte gagner deux points de parts de marché. Il est aujourd'hui à 16,7%. Ces deux points vont lui permettre de talonner Carrefour, qui cale à 19,7%, et de se rapprocher de E.Leclerc, qui caracole en tête, avec 23,7% de parts de marché en France. "On va aller chercher les 20 points de parts de marché", projette Thierry Cotillard. "Quand on est à 18,5, poursuit-il, les 20 tendent la main. Ce sera la taille critique pour exister et pour répondre aux attentes des consommateurs."
À la question de savoir s'il pense pouvoir un jour détrôner Leclerc, il assure que "son succès l'inspire". "Plus que jamais", dit-il, "on doit être sur les charges et on réinvestit dans les prix".
"Notre dynamisme les pousse et nous, on a toujours faim", sourit-il.
En tout cas, pour le patron des Mousquetaires, cette opération est "la victoire du modèle d'indépendants, de commerçants ancrés dans le territoire, qui comprennent les attentes des consommateurs et qui essaient d'y répondre".
"10.000 emplois préservés"
L'autre ambition affichée par Thierry Cotillard est liée à la première, puisque "la relance commerciale se fera", selon lui, "grâce à la compétence". Il compte "faire de cette opération une réussite humaine", avec "10.000 emplois préservés" et "davantage de partenariats avec des milliers de producteurs". Il prévoit aussi l'embauche de 700 personnes dans les entrepôts.
Les syndicats du groupe Casino ont plusieurs fois alerté ces derniers mois sur leurs craintes de voir se dégrader les conditions sociales des salariés qui passeraient dans le giron d'Intermarché. "Pendant quinze mois, les conditions salariales sont totalement reconduites", répète le patron des Mousquetaires, qui précise avoir fait passer ces consignes à ses adhérents. Il espère que l'intégration des salariés de Casino se fera de la même façon que celle des salariés de l'enseigne Bricorama, rachetée en 2018.