"C'est humiliant": à Metz: une avocate interdite de parloir à cause de son soutien-gorge
Une avocate a été privée d'accès aux parloirs du centre pénitentiaire de Metz-Queuleu vendredi 5 juillet, les arceaux de son soutien-gorge sonnant lors du contrôle de sécurité, a-t-elle déploré, regrettant de ne pas pouvoir exercer convenablement son métier "en tant qu'avocate, en 2024".
"Je ne trouve pas ça normal qu'en tant qu'avocate, aujourd'hui, en 2024, on ne puisse pas faire notre travail correctement à cause d'un soutien-gorge", a dénoncé auprès de l'AFP Me Mélina Lamrhari, qui devait rendre visite à deux clients.
"C'est humiliant"
A l'accueil, tout se déroule comme d'habitude. Mais au moment du portique sécurité, l'avocate "sonne". Elle retire ses bijoux, sa veste... Mais ça sonne toujours. "Sur les portiques de sécurité, il y a des lumières pour indiquer à quel niveau du corps ça sonne. Et moi effectivement, ça sonnait au niveau de mon soutien-gorge, donc ils m'ont dit que c'était ça".
Les agents n'ont pas accepté que l'avocate accède au parloir dans ces conditions, selon elle: "Ils m'ont dit 'tant que vous sonnez, vous ne rentrez pas'."
"C'est un prétexte. C'est presque sexiste", a poursuivi l'avocate. "Ils ont vu une petite nana, car je ne suis pas âgée, débarquer avec sa carte (...), ils n'ont même pas été ouverts à la discussion", a regretté l'avocate de 29 ans.
"C'est humiliant, mais ce n'est même pas le côté humiliant qui me dérange, c'est juste l'entrave à la profession (...) Il faut que ça cesse", a-t-elle insisté, soulignant que cet incident lui était déjà arrivé à la prison d'Ecrouves (Meurthe-et-Moselle) en 2023.
Palpation refusée
Sollicité, le ministère de la Justice rappelle qu'en cas de "déclenchements répétés de l'alarme du portique, et avec le consentement de l'avocat, le personnel doit soumettre l'intéressé à un contrôle par détecteur manuel".
A Metz-Queuleu vendredi, "l'utilisation du détecteur manuel électronique n'a pas été proposée", concède le ministère.
Et en cas "d'impossibilité d'utiliser ces moyens traditionnels, il peut être procédé à une palpation de sécurité, après avoir recueilli le consentement de l'avocat". Me Mélina Lamrhari avait donné son consentement pour cette palpation par une agente de l'administration pénitentiaire, mais cela lui a finalement été refusé.
"Il a été rappelé à la direction de l'établissement pénitentiaire de Metz les consignes en vigueur, et le chef d'établissement s'est mis en relation avec le bâtonnier de Metz et le bâtonnier de Nancy afin de se tenir à leur disposition, et leur assurer que ces règles seront désormais strictement respectées", affirme le ministère.