"Ça manque de couleurs": critiqué par les internautes, pourquoi le nouveau TGV M est-il tout blanc?

Il évoque "l’écoulement fluide et doux d’un cours d’eau se lovant dans le paysage", selon la directrice du design à la SNCF. L'apparence extérieure du futur TGV M dévoilée ce lundi, très sobre et très blanche, à mille lieues de l'orange des années 80 ou du gris argenté des années 90, divise.

Sur les réseaux sociaux, le débat fait rage entre ceux trouvant cette "livrée" (le terme pour désigner l'habillage et les couleurs du train) bien triste et ceux saluant un design sobre, presque japonisant.

"Rien de fou fou dans la livrée"

"Elle est où la livrée complète là?", s'interroge un internaute, estimant que cette proposition est bien timide. "C'est moche", dit un autre. "Ça manque de couleurs", ajoute une utilisatrice de X.

"Rien de fou fou dans la livrée. On a juste accolé le logo et c’est tout", commente encore un internaute. "Les lignes sont superbes mais la livrée est inexistante, on croirait un produit générique", abonde un autre.

"Désolé mais c’est ni fait ni à faire, même les compagnies de fret ferroviaire savent mieux faire surtout dans un pays où les anciens ont su créer des choses magnifiques. Aucune prise de risque, une livrée à l’économie digne de l’aviation civile de grande série, dommage!", renchérit un amateur de vieilles rames.

Les connaisseurs du monde ferroviaire estiment que ce TGV M reprend en fait les codes couleurs des Ouigo en Espagne, où le blanc est très dominant. Et s'interrogent sur les dégâts qui seront plus visibles. "Le blanc devient très vite marron avec les kilomètres", affirme un utilisateur de X.

Certains salariés de la SNCF affichent également leur déception comme Fabien C., conducteur de trains. "Alors franchement, je sais qu'il faut être corporate tout ça tout ça, mais euh... C'est moche, quoi. D'un fade inoui!".

"Sobriété et élégance" aux yeux de la SNCF

La question des goûts et des couleurs est un débat sans fin. À la direction de la SNCF, ce design fait en tout cas l'unanimité.

C'est "un design que je définis en deux mots: sobriété et élégance. Une finesse de ligne propre au design japonais que les Français aiment tant, mais qui est bien made in France en réalisation", se félicite Alain Krakovitch, patron des TGV et des Intercités.

Il ajoute: "une livrée est un réel marqueur de son époque, mais aussi un marqueur de l’identité d’une entreprise à travers les décennies. On garde donc la touche carmillon, ou plus précisément frenchberry, sur nos portes, comme un repère immuable, indélébile, de la marque SNCF".

"Le TGV M prend aujourd’hui ses couleurs, avec une magnifique livrée claire, épurée, tout en douceur et en fluidité", ajoute Christophe Fanichet, directeur de SNCF Voyageurs.

Pour Isabelle Le Saux, directrice du design pour SNCF Voyageurs, ce TGV "s’exprime dans la livrée par une palette très claire, aux formes rondes superposées toutes en gris chauds et en blanc, flottant, dans une succession un peu dansante le long de la rame, au-dessus d’un lit gris horizontal plus sombre".

"Une esthétique simple et fluide, douce et lumineuse. Le frenchberry y est concentré sur les portes d’embarquement, pour un effet de seuil marqué et une invitation à entrer découvrir les espaces intérieurs généreux et soignés", poursuit-elle.

"Point d’orgue de la personnalité particulière de ces trains, le nez a été partiellement enveloppé d’une longue ellipse noire, qui par contraste vient marquer ce lieu de convergence des forces".

Un choix qui n'est pas qu'esthétique

Le choix du blanc, et de la peinture au lieu d'un simple pelliculage (qui était la règle jusqu'à présent) ne relèvent pas uniquement de partis pris esthétiques.

"La livrée de ce nouveau TGV a été l’occasion de bousculer les modes de pensée habituels: jusqu’alors, nos trains étaient mis en peinture puis les livrées venaient en superposition par 'adhésivage'. Ici, la totalité de la livrée est à présent réalisée en peinture, infiniment plus résistante dans le temps", explique Isabelle Le Saux.

"Par ailleurs, les teintes choisies ont permis d’augmenter l’albédo (la part des rayonnements solaires qui sont renvoyés vers l'atmosphère, NDLR) de l’ensemble du train afin de réduire sensiblement les besoins énergétiques de rafraîchissement en été et particulièrement lors de fortes chaleurs", poursuit-elle.

Cette approche n'a pas échappé à certains observateurs. La gestion de la chaleur va de plus en plus devenir une question centrale pour la SNCF.

"C'est super le blanc; c'est la meilleure couleur pour éviter que le TGV soit un four en été", relève ainsi un internaute.

Si la livrée suscite beaucoup de débats, cela traduit la forte attente (et l'affection) des Français pour ce train qui a marqué tant de générations. Le prochain grand rendez-vous sera celui du dévoilement de l'intérieur des rames à l'automne prochain: sièges, tablettes, espaces, voiture-bar qu'on annonce révolutionnaire…

Rappelons que le TGV M devrait commencer à circuler vers le Sud-Est dans la deuxième moitié de 2025.