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Chiffre d'affaires record pour la restauration en 2023 grâce à l'inflation

Le chiffre d'affaires de la restauration hors domicile a atteint un record historique l'an dernier, plus de 120 milliards d'euros. Sauf que cette croissance est essentiellement tirée par l'inflation. La fréquentation, elle, est en baisse.

Le secteur de la restauration montre une nouvelle fois sa résilience. Le chiffre d'affaires global de la branche a gagné 6,8% en 2023 sur un an, et atteint plus de 120 milliards d'euros, selon l'étude annuelle du cabinet spécialisé Gira. Du jamais vu.

Une croissance tirée par ce qu'on appelle la vente au comptoir, le plus souvent "à emporter". Les réseaux de boulangeries, par exemple, connaissent un net engouement.

Même la restauration collective, qui s'était effondrée durant la pandémie, retrouve de belles couleurs (+16%) avec le recul du télétravail. Les salariés qui ont peu de temps le midi sont retournés à la cantine et y trouvent un bon rapport qualité/prix.

Des chiffres en trompe-l’œil

Sauf que cette croissance est due à un effet mécanique. Car ce sont les prix qui gonflent le résultat. Le ticket moyen a en effet bondi de près de 9% alors même que le nombre de repas, lui, est en repli de 2%. Les restaurateurs sont 65% à avoir répercuté intégralement la hausse des matières premières dans leurs tarifs.

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Et les consommateurs font la grimace. Catégorie favorisée ou non, ils ont tous réduit leur budget consacré à la restauration en dehors du domicile. Sans renoncer à se faire plaisir, ils ont tout simplement réduit le nombre de sorties par mois. Un tel repli de la fréquentation est rare, selon le cabinet Gira.

Une concurrence exacerbée

Son directeur Bernard Boutboul craint des défaillances en cascade dans les prochains mois, faute de rentabilité et surtout d'une forte concurrence. 15 à 20% des établissements pourraient être menacés. Selon lui, il y a beaucoup trop d'acteurs sur le marché: 200.000 établissements traditionnels recensés, 398.000 si on compte tous les autres points de ventes qui proposent de l'alimentation comme les boulangeries, les cinémas, les stations-service, les supermarchés… Beaucoup plus que ne le nécessite la demande.

Par rapport à sa population, la France est surdotée, plus que les États-Unis, où pourtant un repas sur deux est pris à l'extérieur. Ce sont les chaînes de restaurants qui sont le plus désertées, moins appréciées des jeunes générations. La "folie burger" est en train de passer selon le cabinet Gira, au profit de plats plus exotiques souvent venus d'Asie.

Hélène Cornet