Colère des agriculteurs: débats animés en vue à Bruxelles
Les agriculteurs ont décidé de faire entendre leur colère. En France, de multiples actions de protestation et des blocages donnent de l'écho aux revendications financières des producteurs et des éleveurs. Les principaux syndicats d'agriculteurs ont été reçus à Matignon, lundi soir. Au sortir de la réunion, Gabriel Attal s'est engagé à aller à la rencontrer des professionnels du secteur.
Mais la colère des agriculteurs ne gronde pas qu'en France. En Allemagne, en Espagne, en Roumanie, en Pologne, aux Pays-Bas... dans ces pays aussi les mobilisations se multiplient depuis des semaines voire des mois, que ce soit contre des projets de taxe locaux ou bien pour protester contre la politique agricole menée par l'Union européenne. Et c'est dans ce contexte tendu que le Conseil des ministres de l'Agriculture de l'UE se tient mardi.
Contexte agricole européen tendu
Les ministres européens se sont retrouvés à Bruxelles à 10 heures mais Marc Fesneau ne s'y est pas rendu "au vu du contexte national" fait savoir son cabinet. Le ministre de l'Agriculture "poursuit les rencontres et échanges avec les représentants des syndicats agricoles" et sera présent aux questions au gouvernement à 15h.
À l’ordre du jour provisoire du Conseil des ministres européens, notamment, un "dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture en Europe" avec un "échange de vues". Il y a peu de doute que celui-ci soit animé, étant donné les mobilisations de ces dernières semaines aux quatre coins de l'Europe.
Au cœur de ces tensions, il y a en effet le "green deal" européen, qui vise à réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. Selon le patron de la FNSEA, ce "pacte vert" est même "le fondement commun" de la colère des agriculteurs en Europe.
"Ils ont du mal à comprendre qu’on leur demande de produire moins", quand, parallèlement, les importations sont en forte hausse, expliquait lundi Arnaud Rousseau, sur France Inter.
D’après le ministre de l’Agriculture français, les importations de céréales ont doublé entre 2022 et 2023, à 43 millions de tonnes. Une évolution inacceptable pour les exploitants, alors que l'une des règles veut qu'ils mettent en même temps davantage de terres en jachères.
L'Europe, source de critiques... et de financements
Les agriculteurs français dénoncent un trop-plein de normes et ils peinent aussi à comprendre qu'on discute au niveau européen d'accords commerciaux avec des pays qui ne respectent pas les mêmes règles. Ils reprochent à Bruxelles de décider "sans prendre compte de la réalité du terrain", de ne pas écouter ou de ne pas aller assez vite.
"Cette incapacité à décider rapidement est un sujet majeur", disait il y a quelques jours Marc Fesneau lors de ses voeux à la presse. Il appelait même à "repenser l’organisation européenne".
Mais il n’est pas question de se couper de l'Europe, qui garantit, selon lui, la souveraineté alimentaire et la sécurité face aux autres puissances agricoles dans le monde. "L’Europe, qui solutionne et catalyse et qui rend plus forte les décisions de chacun", souligne Sébastien Abis, chercheur associé chercheur à l'Iris et directeur du Club Demeter, un think tank dédié aux questions agricoles.
L'Europe qui finance, aussi. Dans le cadre de la Politique agricole commune, il est notamment prévu que la France reçoive 45 milliards d'euros entre 2023 et 2027. D’après des chiffres de l’INRAE (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l’environnement), en 2019, chaque agriculteur français recevait environ 30.000 euros par an.