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Défense

Comment la "coalition artillerie" va porter l'artillerie ukrainienne au standard Otan

La coalition artillerie annoncée par Sébastien Lecornu a deux objectifs: fournir au plus vite à l'armée ukrainienne les moyens de se défendre et la moderniser pour qu'elle soit interopérable au standard Otan.

L'armée ukrainienne va devenir compatible Otan avant même l'adhésion du pays à l'Alliance atlantique. C'est l'objectif de la coalition artillerie pilotée par la France et les États-Unis.

"Cette coalition repose sur quatre piliers: livraisons capacitaires allant de l'équipement individuel aux blindés de combat, maintien en condition opérationnelle, fourniture de munitions et formation des soldats ukrainiens", a expliqué jeudi le ministère des Armées lors d'un point avec la presse.

Le but est "d'orienter, fédérer, coordonner les initiatives des pays participants pour former et structurer l'artillerie ukrainienne". Le pilotage de cette coalition a été confié au général de division Jean-Michel Guilloton, commandant de l'entraînement et des écoles du combat interarmes (COMECIA).

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"L'horizon à court terme est de répondre aux besoins très urgents de l'armée ukrainienne en terme de munitions et de maintenance. Mais à long terme, il s'agit de créer une nouvelle armée moderne et interopérable au standard Otan", explique le général Guilloton.

"Une coalition c'est un peu une auberge espagnole"

Cet objectif va s'appuyer sur la coordination de l'aide pour fournir des munitions de calibres au standard Otan (105 et 155 mm). Mais aussi des calibres 122 et 152 mm pour les matériels datant de l'époque soviétique dont disposent plusieurs ex-pays soviétiques qui appartiennent désormais pour certains à l'Otan ou sont dans l'Union européenne. "Ces différents calibres rendent complexe la question logistique", précise le général.

Cette coalition va d'abord faire un état de lieux des parcs d'artillerie des forces ukrainiennes pour établir les priorités et définir l'offre de chaque nation de la coalition.

"Une coalition c'est un peu une auberge espagnole. Chacun va venir avec ce qu'il peut apporter et avec ses moyens."
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En plus des efforts sur la maintenance, la coalition veut créer une production d'armement intérieur sous licence pour des lanceurs et de munitions ainsi que des sites de production de pièces détachées et de maintenance, pour donner à cette guerre "une dimension industrielle".

"Aujourd'hui, le ratio de force est de un contre six en nombre d'obus en faveur de la Russie qui maintient la pression. Les Russes ont réussi à faire passer leur industrie en économie de guerre avec, en plus, l'aide d'autres pays comme la Corée du Nord ou l'Iran", rappelle le général Guilloton.

Créer une armée du futur

En parallèle de ces mesures, le volet formation est aussi important dans la coalition artillerie. En 2023, 5.000 soldats ukrainiens dont 350 artilleurs, l'équivalent d'un bataillon. Cette année, l'objectif est de former jusqu'à 7.000 combattants dont 220 artilleurs, mais aussi des officiers, des chefs de section, des commandants de batteries, des maintenanciers.

"Il faut aider l'Ukraine à mettre sur pied son futur modèle de force qui devra être compatible Otan puisque son intention est d'intégrer l'Alliance", explique le patron de la coalition artillerie.

Entre formation et industrie, cette transformation prendra du temps. La difficulté de la coalition sera à la fois de travailler sur le temps long, mais aussi répondre à l'urgence. "L'armée ukrainienne est au combat depuis bientôt deux ans et manifeste des signes de fatigue, sinon d'usure avec l'échec de la contre-offensive au printemps dernier malgré la livraison importante de matériels occidentaux. C'est aussi pour cela que cette coalition a été créée et déjà, une vingtaine de nations ont accepté de la rejoindre."

En novembre 2023, une coalition aérienne a également été constituée dans le même objectif. Formé lors d’une réunion du "groupe de Ramstein", ce groupe est sous le pilotage commun de la France et de l’Allemagne.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco