Comment le RN a tissé sa toile auprès du patronat
Le Rassemblement National, lui, n'a pas été pris de court. Alors que la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron précipite l'organisation d'élections législatives les 30 juin et 7 juillet, le RN travaille depuis de longs mois à une éventuelle arrivée au pouvoir. Cela fait deux ans, confie à BFM Business l'un de ses responsables, qu'il tisse des relations avec les milieux économiques.
Trois responsables jouent les go-between auprès des patrons: Marine Le Pen, Jordan Bardella ainsi que Jean-Philippe Tanguy, ancien membre de la commission des Finances de l'Assemblée.
"On a de bons contacts avec le secteur de la défense, chasse gardée de Marine le Pen ou encore les énergéticiens, avec qui on a des contacts réguliers et qui sont à l'écoute de notre programme", nous dit un responsable RN, qui cite notamment TotalEnergies ou EDF. "Nous rencontrons au niveau local les élus des territoires peu importe leur appartenance politique", nous dit-on-chez l'énergéticien.
Un appartement dans Paris pour recevoir les patrons
Ces derniers jours, les discussions se sont toutefois accélérées. Le RN s'active plus que jamais pour tenter de rassurer les patrons. Comme lors de l'élection présidentielle de 2022, le parti vient à nouveau de louer un appartement dans Paris, afin de les recevoir dans la plus grande discrétion.
"Certains préfèrent ne pas être vu au siège du Rassemblement national", souligne l'un des responsables du parti.
Derrière, les arguments sont bien rodés. Le RN a commencé par supprimer de son programme les mesures les plus susceptibles d'inquiéter les milieux économiques. Plus question notamment de revenir sur la réforme des retraites. Mais au-delà, le parti promet d'être lucide sur la situation économique et de ne pas jouer contre les marchés. "On sait qu'on est attendu au tournant et que les marchés seront beaucoup moins indulgents avec nous qu'ils ne l'ont été avec la politique d'Emmanuel Macron", insiste un responsable RN.
Plutôt le RN que l'extrême Gauche
Ce discours permet-il au Rassemblement national de marquer des points dans les milieux patronaux? La plupart des dirigeants que nous avons interrogés sont en tous cas beaucoup plus critiques à l'égard du programme du Nouveau Front Populaire. "En une semaine, la gauche a réussi à dédiaboliser le RN comme jamais et à le rendre beaucoup moins inquiétant", peste un responsable patronal.
Dans ce contexte, pourquoi le patronat ne se "mouille-t-il" pas plus, comme leur demande Bruno Le Maire. "Parce que parler ne servirait à rien. Nos propos seraient immédiatement repris et déformés", rétorque un membre du Medef. "Si on est trop Macron, certains crieront à la collusion des élites", insiste ce même responsable, pour qui les dirigeants sont condamnés au silence.