Corbière estime qu'"il y a une vie pour la pensée insoumise en dehors de la férule de Mélenchon"

Alexis Corbière est libéré. Très proche de Jean-Luc Mélenchon pendant des décennies, il se contentait jusqu'ici de prendre des distances avec la direction insoumise après en avoir été écarté en décembre 2022. Mais voilà, les législatives sont passées par là, et la rupture est désormais définitive avec le leader insoumis, après une campagne où Alexis Corbière et certains de ses camarades "frondeurs" n'ont pas été réinvestis par le mouvement.

Réélu député en Seine-Saint-Denis, il critique ouvertement le triple candidat à la présidentielle et fait passer un message dans une interview pour Libération mise en ligne mardi 9 juillet dans la soirée: "Il y a une vie pour la pensée insoumise en dehors de la férule de Mélenchon", déclare-t-il.

"Nous l'avons démontré par les urnes", soutient Alexis Corbière. Lui, et plus largement ceux qui se présentent comme "les purgés", mettent en avant leur réélection acquise en dépit des candidatures insoumises présentées contre eux.

"Créer un cadre large"

Alexis Corbière, Danielle Simonnet, Hendrik Davi, mais aussi François Ruffin et Clémentine Autain - également critiques de la direction, même s'ils ont bénéficié de l'investiture insoumise et donc d'aucune concurrence interne - ont tous été réélus. Seule Raquel Garrido n'a pas réussi à franchir l'obstacle en Seine-Saint-Denis.

Que faire désormais pour la petite bande qui ne siégera plus dans le groupe insoumis? Auprès de Libération, Alexis Corbière met sur la table la possibilité d'un "grand groupe NFP, auquel appartiennent tous les députés élus de gauche". Il y voit une façon de "créer un cadre large", qui garantirait la "solidité" de l'alliance "face à la puissance de l'extrême droite".

Mais aussi un moyen de lancer une nouvelle formule politique: "Des milliers de gens souhaitent que nous gardions le meilleur de LFI, c’est-à-dire un programme de transformation sociale et écologique radicale, mais avec des méthodes démocratiques", résume-t-il.

"On a donc besoin de constituer une nouvelle force pour assurer que la souveraineté populaire que l’on défend aille de pair avec une souveraineté militante", ajoute-t-il.

"Je vais proposer avec plusieurs amis un nouveau cadre de regroupement, un outil de réflexion et d’action pour ceux qui veulent être utiles dans la période en créant les conditions du maintien du NFP", explique encore Alexis Corbière. Lequel regarde au-delà de la seule Assemblée nationale, évoquant l'hypothèse de "comités locaux auxquels on peut adhérer directement".

"La France des tours et de la France des bourgs"

Aussi, Alexis Corbière critique la stratégie électorale de LFI, rejoignant François Ruffin en appelant à "faire l'alliance de la France des tours et de la France des bourgs".

"LFI a perdu onze députés, dont neuf dans des zones rurales. Cela veut dire quelque chose. Nous ne prendrons pas le pouvoir avec une base sociale et électorale qui se réduit de scrutin en scrutin, ni avec une direction constituée d’un seul et unique profil sociologique", estime-t-il.