Crainte autour de la dette cachée de Casino
Casino reconnait que sa santé financière empire depuis un an. Le groupe a enclenché il y a deux semaines une procédure de conciliation visant à renégocier sa dette de 6,4 milliards d’euros avec ses créanciers. Depuis, les langues se délient sur la situation financière réelle du distributeur. Et les investisseurs, partenaires et repreneurs potentiels pointent du doigt la dette cachée de Casino.
Il y a un mois, le groupe a publié dans ses comptes du premier trimestre 2023 une nouvelle dette, inconnue jusqu’ici. Il a révélé avoir emprunté 1,23 milliard d’euros de plus en 2022 auprès de ses banques. Au premier trimestre, ce montant est même passé à 1,65 milliard d’euros.
Ces emprunts consistent en réalité à "tirer" des lignes de crédit. Concrètement, il s’agit de mise à disposition de crédit à utiliser en cas d’urgence pour combler les variations de trésorerie. Chez Casino, il s’agit surtout de payer les fournisseurs. Contacté, le groupe n’a pas souhaité nous répondre.
La situation empire depuis le début de l'année
Sauf qu’en faisant la lumière sur ces nouveaux emprunts, Casino a relancé l’inquiétude de ses partenaires, investisseurs, créanciers et repreneurs en cours de négociation pour son sauvetage.
Début mars, lors de publication de ses résultats annuels 2022, il avait seulement précisé disposer de "2 milliards d’euros de lignes de crédit confirmées non tirées", selon son communiqué de presse. Or, deux mois après, il avoue avoir utilisé "en moyenne 1,23 milliard d’euros" sur ces 2 milliards d’euros, et même jusqu’à "1,73 milliard d’euros au maximum", ajoute le communiqué, au cours de l’année 2022.
Le PDG de Casino, Jean-Charles Naouri, "a été obligé d’afficher aux marchés cette dette", reconnait un acteur du dossier. "Mais tout le monde connaissait cette situation, c’était un secret de polichinelle."
Cette "dette cachée" va-t-elle nécessiter d’injecter plus d’argent dans Casino? "Ça ne change rien car une large partie de la dette sera annulée", estime une source proche d’un des repreneurs.
Rapports d'expertise attendus lundi
D’autres investisseurs sont beaucoup plus inquiets sur la situation financière de Casino. "Si le groupe tire sur ses lignes de crédit de sécurité, c’est qu’il peine à payer ses fournisseurs", lâche une source proche d’un créancier. Beaucoup craignent que le groupe ne soit placé en procédure de sauvegarde, voire en redressement judiciaire à l’issue de sa conciliation.
Toutes les parties prenantes attendent lundi prochain, le 12 juin, la présentation des rapports d’expertises d’Accuracy, réalisé pour le compte de Casino, et de PwC, demandé par les créanciers. Ils attendent la vérité des chiffres sur la consommation de cash et le niveau de la dette pour connaitre les réels besoins en capitaux de Casino.