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De la musique, puis des tirs: un enregistrement sonore de l'attaque du Bataclan diffusé au procès

Croquis de la salle d'audience du procès des attentats du 13-Novembre.

Croquis de la salle d'audience du procès des attentats du 13-Novembre. - Benoît Peyrucq

Un enregistrement de 22 secondes de l'attaque du Bataclan a été diffusée devant la cour d'assises.

La salle s'est figée pendant des secondes qui ont semblé si longues. Un enregistrement de l'attaque du Bataclan a été diffusé ce vendredi après-midi devant la cour d'assises spéciale qui juge 20 accusés pour les attentats du 13-Novembre. La séquence a duré 22 secondes.

Il n'y avait plus aucun bruit, à peine une respiration, dans la salle quand cet enregistrement sonore a été diffusé. Le son débute par la musique des Eagles of Death Metal qui jouaient ce soir du 13 novembre 2015 sur la scène du Bataclan. Puis les premiers tirs, qui surviennent comme des pétards, puis des tirs en rafales. Les premiers cris sont presque inaudibles. Pendant ces 22 secondes, un son de guitare se poursuit. Une poignée de secondes qui semble durer une éternité.

"L'ambiance était très pesante, très pressante, souffle Paul-Henri Baure, une partie civile. Il y avait des larmes qui coulaient qu'on essayait de cacher."

258 coups de feu tirés

La diffusion de cet enregistrement sonore a laissé la cour, les parties civiles et le policier qui dépose depuis le début de l'après-midi dans un état de stupeur. L'enquêteur de la brigade criminelle a mis quelques secondes avant de reprendre son propos. Juste après avoir entendu ce son, des parties civiles, des rescapés du Bataclan ou des proches des victimes ont quitté la salle.

Cet enregistrement a été retrouvé dans un dictaphone découvert dans une loge du Bataclan. Au total, il dure 2 heures et 38 secondes. Il permettra aux enquêteurs de comptabiliser 258 coups de feu tirés en mode rafale, puis au coup par coup. La voix des terroristes est également audible dès la 8e minute.

"L'écoute attentive de la bande permet clairement de distinguer les voix distinctes de trois individus qui parlent en français et qui prennent les otages à témoin", explique Patrick, policier depuis 20 ans à la brigade criminelle.

"Ils ont des ceintures explosives"

Après la diffusion de ce court enregistrement, l'enquêteur va reprendre dans sa voix les propos tenus par les trois terroristes ce soir-là:

"Ce 'nest pas la chose la plus facile que j'ai eu à faire", souffle le policier. "Couche toi où je te tire, Pourquoi on fait ça, vous bombardez nos frères en Syrie, en Irak, on est venu ici pour faire la même chose. Viens ici toi, vous avez élu votre président Hollande, voilà son programme, remerciez-le", énonce le policier, précisant à chaque fois l'heure où ces phrases ont été prononcées.

L'enquêteur évoque aussi l'échange entre un otage, pressé par un terroriste, et les policiers primo-intervenants. "On est en prise d'otages, ils ont des ceintures explosives, ne venez surtout pas où ils font tout péter", entend-t-on dire l'otage dans la voix du policier. "Hey on a des otages, recule ou je tire", dit encore l'enquêteur avec le ton.

"Ce qu'on a entendu est très fort, estime auprès de BFMTV.com Me Didier Seban, avocat de parties civiles, lors d'une suspension d'audience. Le son entendu donne la violence de la scène, on passe de la fête à la barbarie".

"Pas besoin d'entendre"

Au début de l'audience, le président de la cour d'assises avait demandé au policier venu déposer de prévenir à l'avance quand il diffuserait ce son afin de laisser la possibilité aux victimes présentes au tribunal de sortir de la salle ou pour celles qui suivent le procès chez elles de pouvoir couper la webradio.

C'est le cas de Marie, une rescapée du Bataclan, qui a tenté de sauver la personne qui l'accompagnait ce soir-là, en vain.

"Je suis sortie, j'ai été assez réactivée traumatiquement quand il y a eu des bandes annonce qui évoquait l'attaque du Bataclan, je n'avais pas besoin d'entendre la musique suivie de tirs", confie la jeune femme à BFMTV.com.
https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV