BFM Patrimoine
Retraite

De plus en plus de Français déclarent placer de l'argent en vue de la retraite, le PER a le vent en poupe

Les Français sont inquiets du montant des pensions qu'ils percevront à la retraite. C'est un des constats de la 11e étude sur "Les Français, l'épargne et la retraite" qui identifie aussi une percée du PER souscrit par un Français interrogé sur cinq.

L'inquiétude monte sur le montant des pensions de retraite. C'est le premier constat de la 11e étude sur "Les Français, l'épargne et la retraite" menée par Amphitéa et le Cercle de l'Épargne. Seul un tiers des sondés estime que sa pension de retraite sera suffisante pour vivre correctement. Mais cette proportion est plus faible chez les non retraités que chez les retraités, qui pensent à 47% que leur pension sera suffisante.

"Il y a une dichotomie très claire entre les retraités et les non retraités", constate Jérôme Jaffré, directeur du CECOP (Centre d'études et de connaissance de l'opinion publique). Toutefois le niveau de confiance des retraités est en décrochage de sept points par rapport à l'année précédente. Si on peut y voire un lien avec l'inflation de ces deux dernières années, l'inquiétude est plus profonde. Elle pourrait remonter aux années 2008-2010 où les Français ont commencé à se demander si leurs enfants allaient vraiment mieux vivre qu'eux.

L'assurance-vie passe devant le Livret A

Deuxième enseignement de l'étude: les placements pour améliorer sa retraite continuent de séduire. 58% des non retraités déclarent placer de l'argent dans ce but, une progression de sept points par rapport à l'année précédente. La hausse des décisions de placement est particulièrement marquée pour ceux disposant d'un revenu "moyen inférieur" (entre 2.000 et 3.000 euros par mois).

À la traditionnelle question des placements jugés intéressants, le Livret A confirme son niveau d'attraction (60% des sondés jugent ce placement intéressant) depuis la remontée du taux réglementé de sa rémunération (fixé à 3% actuellement et qui est censé être maintenu à ce niveau jusqu'en janvier 2025). En revanche pour la première fois depuis 2016, c'est l'assurance-vie qui truste la première place, jugé intéressante par 61% des sondés. Le PER (plan épargne retraite) mesuré pour la première fois le talonne, avec 57% des sondés. A noter aussi, un recul significatif de l'attractivité des biens immobiliers locatifs qui perd quasiment 10 points par rapport à 2022 (56% des sondés jugent ce placement intéressant).

20% des Français interrogés ont déjà souscrit un PER

Cinq ans après la promulgation de la loi Pacte, le plan d'épargne retraite (PER) connaît donc une percée importante qui se traduit dans les faits. Plus d'un cinquième des personnes interrogées en ont déjà souscrit un plan de ce type, d'eux-mêmes ou par l'intermédiaire de leur conjoint. Pour les souscripteurs, il s'agit à peu près à part égale d'assurer un complément de revenu régulier ou de profiter d'un versement de capital au moment de la retraite. La déduction fiscale joue un faible rôle. Plus on se rapproche de l'âge de la retraite, plus la sortie en capital est privilégiée.

La sortie en rente d'un PER reste privilégiée pour ceux qui comptent souscrire au produit. Il y aurait là un lien direct avec le niveau de patrimoine. "Pour un patrimoine modeste, c'est l'idée du complément de retraite, 100, 200 euros supplémentaires chaque mois qui prime", confirme Jérôme Jaffré.

Attachement au système par répartition

Pour autant, les Français sondés restent attachés au système par répartition, synonyme de solidarité intergénérationnelle. Ils sont ainsi 50% à favoriser le système par répartition contre 40% à préférer le système mixte avec une part de capitalisation. Le rejet de la mise en place d'un système par capitalisation, même progressif, est net. Cependant, les divergences de point de vue sont importants en fonction de l'âge. 55% des 18-24 ans sont pour un système mixte contre 35% pour les 50-64 ans.

"Les Français restent dans l'idée que ce sont les cotisations qui vont financer les pensions des retraités actuels. C'est moins vrai pour les jeunes, ce qui pourrait expliquer qu'ils penchent plus favorablement vers la capitalisation. Les jeunes pensent à tort que le système par répartition va faire faillite dans les prochaines années", analyse Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'Épargne.

L'étude ne dit rien en revanche de la compréhension fine des Français de leur âge réel de départ à la retraite (âge légal, nombre d'annuités, âge de la retraite à taux plein) qui pourrait influencer leur rapport à l'épargne de long-terme.

Méthodologie: L'enquête a été réalisée sur Internet les 6 et 7 mars 2024 auprès d'un échantillon de 1.035 personnes représentatives de la population française. L'IFOP a assuré le terrain d'enquête.

Marine Landau