Qu’attendent les entreprises du prochain président de la République?
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Merci à tous de l'avoir suivi. L'émission sera rediffusée dès 22h sur BFM Business et disponible en replay sur RMC BFM Play
Sébastien Bazin (Accor) - Création d’un grand ministère du tourisme
Si la réindustrialisation est au cœur des préoccupations des candidats à la présidentielle, reste que les services sont essentiels à l’économie française… Parmi eux, le tourisme, qui pèse un peu plus de 7% du PIB. Sébastien Bazin, le PDG d’Accor, apprécierait un soutien plus important à une filière remuée par la crise sanitaire.
"Il me faut un grand ministère du tourisme en France. Ce n’est pas compliqué, c’est pas loin de 8% du PIB, c’est plus important que l’industrie automobile, que l’industrie pharmaceutique… On nous parle d’industrie tout le temps, franchement, parlons des services. Parlons d’hôtellerie, des bars, des cafés, des restaurants, de l’évènementiel. Cela va être un emploi sur 10, c’est non délocalisable, on peut donner un emploi aux jeunes, ils peuvent évoluer dans leur travail, on peut faire découvrir un pays qui est magnifique. Donc un grand ministère du tourisme, et le tourisme une priorité nationale".
Jean-Charles Decaux (JC Decaux): Création d’un Nasdaq européen
Sur le plan financier aussi, le mot d’ordre est à la souveraineté… Malgré la croissance d’Euronext, l’idée d’un marché financier européen, qui permettrait de mieux faire émerger des champions continentaux, a été évoquée. Notamment par Jean-Charles Decaux, patron de JC Decaux.
"On a vraiment besoin de réussir à créer une bourse en Europe pour les sociétés… Un Nasdaq européen. C’est un élément fondamental : on parle de souveraineté économique, de souveraineté numérique, de souveraineté militaire par les temps qui courent et on comprend pourquoi… Cela passe par des marchés financiers fluides, performants et qui ont la taille critique".
Stéphane Pallez (FDJ): Simplifier et élargir la participation des salariés au résultat
La question des inégalités, et celle des salaires, reviennent régulièrement dans le débat public…. Le partage de la valeur demeure une question fondamentale pour le secteur privé... A la Française des Jeux, la PDG Stéphane Pallez milite pour une meilleur intéressement des salariés au résultat des entreprises.
"Quand je regarde les chiffres, je vois que c’est quelque chose qui fonctionne mais sur 50% des salariés, donc je pense qu’il faut simplifier et élargir la participation des salariés au résultat, parce que je pense que c’est comme ça que nous avons des entreprises performantes et dynamiques avec l’ensemble des salariés associés. Je milite pour la simplification sur ce sujet. Je pense que c’est assez fondamental pour notre écosystème".
Stéphane Nègre (Intel): Trouver et attirer les talents dans le numérique
Une fois formés, l’un des enjeux majeurs repérés par les entrepreneurs réside dans la captation des “talents”, et dans la capacité des firmes françaises à les conserver. Un enjeu particulièrement saillant dans le numérique, comme le rappellent régulièrement les patrons de la French Tech. C’est aussi l’avis de Stéphane Nègre, le dirigeant d’Intel France.
C’est le niveau et la quantité des ingénieurs qui sont formés… Le monde du numérique est aujourd’hui en manque de talents, c’est aussi le cas en France. Il faut que les pouvoirs publics, le système de l’éducation, nous aident à trouver ces talents, à les former, on en a besoin.
Olivier Andries (Safran): Améliorer la formation pour les ingénieurs et apprentis
Toujours sur le sujet de la formation, les disciplines scientifiques ont la cote : il faut renforcer les compétences et le nombre d’ingénieurs formés en France… Olivier Andiers, directeur général de Safran, en appelle ainsi à maintenir le niveau en maths, ainsi qu’à renforcer l’apprentissage
"Ce qui fait la force de la France, ce sont ses compétences, notamment en termes d’ingénieurs… Donc la revalorisation des maths c’est important pour rester au niveau dans le domaine des ingénieurs et des bureaux d’étude. Et puis l’apprentissage, le gouvernement a fait beaucoup de choses ces dernières années, il faut rester dans cette voie et continuer à augmenter le nombre d’apprentis… Les ingénieurs, et les apprentis. "
Marylise Léon: l'alternance fait partie du "bouquet des solutions"
"L'alternance, l'apprentissage, c'est une des clés pour répondre à certaines difficultés", souligne la secrétaire adjointe de la CFDT.
Mais pour les "décrocheurs, la clé, ça va être la qualité de l'accompagnement et de l'orientation. Il n'y a pas de dispositif miracle", souligne-t-elle.
Alexandre Viros: "la question de la formation" est la solution à la pénurie de talents
Pour le Président France du groupe Adecco, "c'est la solution pour les 5 à 10 prochaines années. Il faut parler des mathématiques mais il ne faut pas s'enfermer dans une société du diplôme. La formation, ça doit être tout au long de la vie car une compétence d'aujourd'hui est obsolète en 2, 3, 5 ans"...
Gilles Gateau, le Directeur Général de l'Apec (asociation pour l'emploi des cadres) abonde dans ce sens: "ce dont on a besoin, c'est d'avoir une capacité d'apprentissage tout au long de sa vie professionnelle".
Frédéric Oudéa (Société Générale): Réformer l’école
Au centre des préoccupations des patrons interrogés, la formation initiale… La main d'œuvre se constitue dès les premières classes d’école. Et comme le souligne Frédéric Oudéa, patron de la Société Générale, des ajustements sont nécessaires.
"J’aimerais bien voir les rythmes scolaires changer - un peu moins de vacances si possible, c’est compliqué pour les parents l’été. Des rythmes scolaires plus équilibrés, avec la scolarité et des activités culturelles et sportives dans la semaine, et une recherche d’excellence. Cela veut dire que les maths c’est important, que les langues c’est important. Les enfants sont des éponges jeunes, c’est phénoménal… "
TVA à 5,5%: "ce n'est pas la priorité première" pour Philippe D'Ornano
Face à la flambée des prix, certains patrons plaident pour une baisse de la TVA à 5,5% sur certains produits.
Pour le Co-Président du METI et PDG de Sisley, "ce n'est pas la priorité première". "La priorité c'est de voir les points où la France à l'échelle européenne n'est pas compétitive. les impôts de production et les charges sociales sur les salaires qualifiés sont les deux points d'écart de la France dans l'environnement européen".
Jean-Christophe Repon (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment) - Ramener la TVA à 5,5%
C’est l’impôt-roi, qui pesait encore 38% des recettes fiscales l’année dernière… La TVA ! Les commerçants réclament régulièrement une baisse de taux, et le bâtiment également… Jean-Christophe Repon, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment, souhaite un taux de 5,5 pour maintenir l’activité en temps de crise.
"Je sais que ce n’est pas très à la mode, mais peu importe quand on a une hausse des factures qui va arriver à cause de la hausse du prix de l’énergie, des matériaux et cette pénurie qui dure… C’est la TVA à 5,5%, qui permettrait de maintenir cette activité, moi j’ai peur que l’activité en 2022, elle baisse. Cela engagerait la rénovation, et la rénovation énergétique qui est déjà à 5,5, et ce bloc de rénovation pourrait amener et de l’emploi, et de l’activité".
Philippe D'Ornano: le crédit impôt-recherche, "un sparadrap"
Pour le Co-Président du METI et PDG de Sisley, "c'est un dispositif qui est un peu un sparadrap lié au fait que notre compétitivité en France est dégradée, on essaye d'encourager la recherche, on pense qu'en termes de subventions..."
"Le retour sur investissement doit être une culture de l'Etat", souligne-t-il.
Eric Trappier (Dassault Aviation): Faire baisser les impôts de production et baisser les charges sociales
Autre levier de compétitivité qui revient souvent parmi les patrons… Les impôts de production, la C3S, la CFE, la CVAE Les industriels, qui ont un lourd foncier, réclament notamment leur baisse…
Eric Trappier, de Dassault Aviation, y voit une économie potentielle de 35 milliards d’euros.
Enrique Martinez (Fnac-Darty) : Conserver et renforcer le crédit impôt-recherche vers la transition digitale et énergétique
"Nous avons un défi énorme de transformation digitale et écologique. La France a un mécanisme de crédit impôt -recherche qui a bien fonctionné ces derniers temps. Je pense qu’il faut le garder et l’élargir pour la transition, sur le plan de l’innovation mais aussi sur le plan de la formation des équipes. Il va nous manquer des compétences pour réussir cette transition : il faut donner les moyens aux entreprises autant sur l’innovation que sur la formation".
Denis Ferrand: "il faut penser la relation locale" dans les impôts de production
Pour le Directeur Général de Rexecode; "Il y a déjà eu une baisse de 10 milliards d'euros des impôts de production, il faut voir les résultats, c'est pas du jour au lendemain qu'on va pouvoir mesurer" les effets.
"Il y a un point clé, c'est leur assiette qui est très peu sensible à la conjoncture. On devrait imaginer une fiscalité qui associe un peu plus la réussite de l'entreprise pour le finacement des collectivités territoriales", explique-t-il.
Philippe D'Ornano: "il faut baisser impôts de production"
Pour le Co-Président du METI et PDG de Sisley, "c'est un enjeu" de baisser les impôts de production "pour nos territoires, notre pays".
"Il faut qu'ils soient alignés sur la moyenne européenne", souligne-t-il. "Avec les Allemands, c'est un écart de 1 à 8..."
Jean-Luc Petithuguenin: "il ne faut pas être désespéré"
Aller vite dans le recyclage des batteries ou de la décarbonation est un objectif atteignable estime le président de Paprec.
"L'essentiel des problèmes techniques, avec le temps, on y arrive. On sait faire. Donc il ne faut pas être désespéré" lance-t-il.
Christopher Guérin (Nexans) - Nommer un ministre de l'énergie
Et face aux enjeux climatiques, faut-il réformer la gouvernance, pour faciliter la transition énergétique ?
Le PDG de Nexans, Christopher Guérin, plaide pour que le prochain gouvernement accorde une importance accrue à l’énergie.
André Loesekrug-Pietri: "ce qui compte c'est la vitesse"
Pour le Président de la Joint European Disruptive Initiative (JEDI) , "le problème aujourd'hui, c'est que les politiques européennes se mesurent au nombre de milliards qu'on met ou aux type de ministres qu'on met".
"Aujourd'hui, ce qui compte c'est uniquement la vitesse, regardez ce qui s'est passé avec les vaccins" poursuit-il. "On a réussi à le faire en 11 mois".
"Et que font les grands groupes sur ces questions, je ne vois pas beaucoup de choses disruptives" se désole le dirigeant.
André Loesekrug-Pietri: ce qui se passe en Ukraine est "une opportunité"
Pour le Président de la Joint European Disruptive Initiative (JEDI) "ce qui se passe en Ukraine est une opportunité pour les européens de faire en 5 ans ce qu'on devrait faire en 25 ans" en matière de décarbonation.
Mais selon lui, "malheureusement, ça risque d'être le contraire".
Philippe Varin (ex-PSA) - Assurer l'autonomie stratégique de la France et de l'Europe sur les matériaux - un Raw Materials Act
Autre sujet d’envergure concernant l’énergie, les métaux stratégiques, qui entrent dans la composition des batteries électriques… La guerre en Ukraine a jeté un doute supplémentaire sur les approvisionnements européens…
L’ancien président de PSA, Philippe Varin, auteur d’un rapport cette année sur le sujet, a une idée pour la France.
Jean-Luc Petithuguenin (Paprec): "la chance formidable du parc nucléaire en France"
Le président fondateur de Paprec souligne l'importance de "transformer les déchets en énergie".
Et de mettre en avant "la chance formidable que constitue le parc nucléaire en France. Je suis un écolo pour le nucléaire car c'est une énergie décarbonée".
Guillaume Faury (Airbus): Permettre la production d'une grande quantité d'énergie décarbonée, à des prix acceptables
Concernant l’énergie, le premier à en parler, c’est Guillaume Faury, le patron d’Airbus… Confronté à la mise en crise de son modèle d’affaires, avec la hausse du prix de l’énergie et la transition énergétique à venir, il plaide pour une accélération de la transition vers les renouvelables.
50 propositions des patrons français
BFM Business a régulièrement interrogé les grands patrons français et 50 propositions ont été formulées.
18 concernent la formation et l'éducation
18 la fiscalité et la compétitivité
6 l'énergie et la transition écologique
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Autour de Hedwige Chevrillon et Christophe Jakubyszyn, les experts et éditorialistes économiques Nicolas Doze, Emmanuel Lechypre, Marc Fiorentino, Marie Visot, Bertille Bayart… vont débattre avec des chefs d'entreprises de leurs mesures pour faire réussir la France. Seront présents:
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