Énergie: les aides de l'Etat aux entreprises ont coûté 5,6 milliards d'euros en 2022 et 2023
Bonne nouvelle pour les comptes de l'Etat: les aides aux entreprises face à la flambée de l'énergie ont finalement coûté beaucoup moins cher que prévu. D'après nos informations, Bercy a décaissé 5,6 milliards d'euros en 2022 et 2023, contre 10 milliards annoncés fin octobre 2022, au plus fort des incertitudes autour des pénuries d'énergie et de la spéculation sur les marchés.
Face aux craintes des entreprises, le gouvernement avait mis sur la table une enveloppe de 10 milliards d'euros pour payer une partie des factures de gaz et d'électricité des TPE/PME, ETI et entreprises énergivores. L'exécutif a mis en place plusieurs dispositifs selon la taille des entreprises: amortisseur électricité pour les TPE énergivores et les PME, guichet unique pour le gaz et l'électricité pour les plus grandes entreprises, plafonnement des prix du gaz à 280 euros le mégawattheure, notamment pour les boulangers.
L'inflation énergétique a été passée aux ménages
Mais ces aides ont finalement été beaucoup moins sollicitées que prévu.
"Le coût des dispositifs pour les entreprises est moins important car la majorité d'entre elles ont pu passer la hausse de leur facture énergétique dans leur prix de vente, ou renégocier leur contrat", nous explique l'entourage du ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
Une bonne nouvelle pour les comptes de l'Etat. Et une moins bonne pour les ménages, puisque ces entreprises ont réussi à passer l'inflation énergétique aux consommateurs et à préserver leur marge. Dans le détail, le guichet unique a coûté 3 milliards d'euros: 500 millions en 2022, et 2,5 milliards cette année. L'amortisseur électricité et le plafonnement des prix du gaz, en vigueur depuis cette année, ont quant à eux été décaissés à hauteur de 2,6 milliards d'euros.
La facture énergétique reste abyssale pour l'Etat
Ces économies sur les aides aux entreprises sont les bienvenues pour l'Etat, à l'heure où Bercy veut accélérer sur le rétablissement des comptes publics et le désendettement du pays. Mais elles sont très loin de compenser les dizaines de milliards d'euros dépensés pour protéger les ménages face à l'envolée des prix de l'énergie. Selon nos informations, le bouclier tarifaire sur le gaz et l'électricité a coûté 25 milliards d'euros en 2022, dont 18 milliards pour l'électricité. Et la facture est encore plus élevée cette année: 27 milliards d'euros, dont 25 pour l'électricité. Soit 52 milliards d'euros en 2 ans!
Une facture abyssale, pour geler les prix du gaz et plafonner à 4% la hausse des prix de l'électricité en 2022, puis pour limiter à deux augmentations de 15% puis 10% les hausses des factures d'énergie en 2023.
Encore 12,2 milliards d'euros pour protéger les ménages en 2024
Et ce n'est pas fini, puisque l'Etat prévoit de dépenser 12,2 milliards d'euros en 2024, avec une hausse des prix de l'électricité qui sera inférieure à 10% sur l'ensemble de l'année. Point important pour les ménages: Bercy précise à BFM Business qu'il n'y aura pas de rattrapage l'an prochain sur les factures de 2022 et 2023.
"Ce qui a été pris a été pris, l'Etat ne récupérera pas l'année prochaine les hausses de prix qui n'ont pas été passées cette année et l'an dernier" nous explique l'entourage du ministre des Finances.
Autrement dit, la hausse des factures d'électricité l'an prochain ne répercutera que l'évolution des prix de marché en 2024, et pas celles de 2022 et 2023. Un nouveau geste de l'Etat envers les ménages, mais vu les sommes en jeu, Bercy compte bien en finir définitivement avec ces aides.
Le bouclier tarifaire sur l'électricité reste en vigueur l'an prochain, mais il va s'éteindre progressivement d'ici au 31 décembre 2024. Et la fin programmée de ces dispositifs doit considérablement soulager les finances publiques: Bercy attend 14,4 milliards d'euros d'économies l'an prochain, soit la quasi totalité des 16 milliards d'économies affichées dans le budget de l'Etat pour 2024.