Fin de vie: l'Association pour le droit de mourir dans la dignité salue une "possible loi de liberté ultime"
"Les Français voient se profiler une possible loi de liberté ultime". L'Association pour le droit de mourir dans la dignité a salué ce dimanche 10 mars dans un communiqué un "premier pas" après qu'Emmanuel Macron a annoncé un texte sur la fin de vie pour donner forme, entre autres, à une "aide à mourir".
Président de l'ADMD, Jonathan Denis estime que le chef de l'État sort de "la zone d'hésitation dans laquelle [il] semblait s'être enfermé, depuis la Convention citoyenne"? Majoritairement favorable à l'euthanasie ou au suicide assité, elle avait remis son rapport final au gouvernement le 2 avril 2023.
"L’annonce d’un calendrier assez précis rassure sur la volonté du président qu’un texte soit enfin soumis dans les semaines qui viennent à la représentation nationale", se félicite encore Jonathan Denis.
Tout en avançant que "le texte – tel que le président en a dessiné les contours – n’est pas celui qui permettra de répondre le plus parfaitement aux demandes légitimes des personnes en fin de vie".
"Absolument inimaginable"
L'association n'est pas totalement satisfaite par l'une des quatre conditions à remplir pour avoir une aide active à mourir: celle d'un "pronostic vital engagé à court ou moyen terme".
"C'est tout simplement exclure de la loi toutes les personnes qui pourraient être atteintes de maladies neuro-dégénératives", a estimé Jonathan Denis auprès BFMTV, avant de questionner:
"Que répondra-t-on aux patients à qui on dira: votre pronostic vital, c'est 14 mois? Souffrez encore, revenez dans deux mois nous voir pour entrer dans le cadre de la loi. Non, ça c'est absolument inimaginable."
L'ADMD contre "l'euthanasie que de manière exceptionnelle"
Par ailleurs, l'ADMD pousse pour des modifications concernant les conditions dans lesquelles il sera possible de s'administrer la substance létale. Pour l'instant, comme l'a indiqué Emmanuel Macron, le projet de loi précise que celle-ci est administrée "par la personne elle-même ou, lorsque celle-ci n’est pas en mesure d’y procéder physiquement, à sa demande, soit par une personne volontaire qu’elle désigne lorsque aucune contrainte d’ordre technique n’y fait obstacle, soit par le médecin ou l’infirmier qui l’accompagne".
"En ne permettant l’euthanasie (l’accomplissement du geste létal par un tiers) que de manière exceptionnelle, le patient ne sera pas pleinement respecté dans ses convictions et dans sa conscience", regrette Jonathan Denis dans son communiqué. "Certaines personnes qui demandent légitimement l’aide à mourir pourraient, en accord avec leur conviction personnelle, ne pas souhaiter accomplir elles-mêmes le geste létal", souligne-t-il.
Dernier point évoqué par l'ADMD: celui de la collégialité dans la prise de décision. "Je veux préciser que l’équipe médicale qui examine la demande va non seulement s’assurer que les critères d’accès sont réunis, mais peut aussi demander l’avis de spécialistes et consulter les médecins, psychologues, infirmiers ou aides-soignants qui ont l’habitude d’accompagner la personne", a ainsi expliqué Emmanuel Macron.
Si "demander l’avis complémentaire d’un confrère spécialiste de la pathologie est une garantie ; en faire un contrôle à priori serait une erreur et l’ADMD s’y opposera", prévient Jonathan Denis.