Forcalquier: le match David Gehant-Léo Walter est lancé pour les élections municipales

"C’est loin tout ça". Dans l’entourage des deux principaux intéressés, on assure que l’élection municipale de Forcalquier en 2026 n’est absolument pas une priorité. Pourtant, David Gehant, le maire (divers droite) et Léo Walter, l’ancien député (La France insoumise) battu de peu par l’alliance LR-RN, y pensent tous les deux.

À juste titre. Âgé de 35 ans, le premier est sans conteste l’homme fort des Alpes-de-Haute-Provence. Maire de Forcalquier et président de la communauté de communes du Pays de Forcalquier, David Gehant est aussi le cinquième vice-président de la région Sud en charge de l’aménagement du territoire, de l’aide aux communes et aux intercommunalités.

Une délégation stratégique qui lui permet d’être en relation privilégiée avec l’ensemble des acteurs du territoire puisqu’il peut, ou non, appuyer de tout son poids la concrétisation d’un projet co-financé par le conseil régional.

Conserver son ancrage local, c’est-à-dire la ville de Forcalquier, devrait être une priorité absolue pour lui, même s’il semble sincèrement ne pas avoir pris sa décision. Interrogé, l’intéressé ne souhaite pas se positionner pour le moment. Trop tôt. En fin connaisseur de la vie politique locale, David Gehant attend surtout que ses adversaires potentiels sortent du bois.

Sans le vouloir, Léo Walter vient de le faire. En signant de très gros scores à Forcalquier et dans les villages voisins aux premier et second tour de l’élection législative, l’ancien député de 52 ans s’est positionné naturellement comme un rempart à l’extrême droite. Et à la droite? C’est là qu’est toute la question.

Quel report de voix en 2026? 

Dans le détail, le candidat du Nouveau Front Populaire a décroché 1.382 voix (47.56 %) le dimanche 30 juin et 1.754 voix (63.05 %) une semaine plus tard. En 2022, face à Christophe Castaner à ces mêmes élections, Léo Walter (LFI-Nupes) avait engrangé 869 voix au premier tour et 1.302 voix au second.

Par ailleurs, cette année la participation a été nettement plus forte qu'en 2022, l'abstention passant de 48,20% à 29,70% dans la circonscription.

Dans ce contexte, en deux ans, l’union des gauches a gagné près de 500 voix au premier tour mais moins au second, environ 450. Ces voix grappillées iront-elles forcément dans l’escarcelle de l’ancien député s’il venait à être candidat en 2026 pour devenir maire de Forcalquier? "Pas du tout", souffle un influent élu de la droite locale. Ces deux élections sont vraiment différentes" poursuit-il.

En mars 2020, David Gehant, candidat divers droite, avait récolté 945 voix sur environ 4.000 électeurs inscrits au premier tour de l’élection municipale, suivi de très près (6 voix) par Dominique Rouanet, candidate de l’union de la gauche.

"Oui, mais David avait un candidat de droite face à lui", nuance un proche de l’actuel maire. C’est vrai puisque Éric Lieutaud, candidat divers droite également, avait obtenu 361 voix. Au second tour, c’est finalement David Gehant qui s’était imposé avec 1.436 voix (environ 490 voix de plus par rapport au premier tour) face à Dominique Rouanet et ses 1.264 voix (environ 310 voix de plus par rapport au premier tour).

Les scores de Dominique Rouanet et de Leo Walter enregistrent la même dynamique entre 2020 et 2022. Ceux du candidat Nouveau Front Populaire en 2024 suivront-ils la même courbe en 2026 pour les municipales? Difficile à dire mais si la dynamique est semblable, David Gehant sait qu’il devra sortir le bleu de chauffe pour affronter la gauche unie.

"Aux régionales, on fait 74 % contre le Front national. LFI dimanche fait 64 % donc 10 points de moins que notre score en 2021. Leo Walter ne surperforme pas", grince un soutien de David Gehant. Et de poursuivre: "au premier tour, Walter fait 47 %, soit le score de Rouanet au second tour en 2020 alors qu’ils ont 300 électeurs de plus qui votent. En résultat absolu, David est devant. Mais c’est vrai que la gauche est forte à Forcalquier".

"Il y aura une liste de gauche aux municipales"

Léo Walter en a bien conscience et son attitude au premier comme au second tour ne laisse aucun doute. Le candidat ne s’est pas déplacé en préfecture et ses prises de paroles se faisaient en public, sur la place du Bourguet, en dessous des fenêtres du maire. Comme un premier acte de défiance.

Cette semaine au téléphone, il n’élude pas la question de son avenir politique. "Premièrement, Forcalquier est une ville très marquée à gauche, au premier comme au second tour. Ensuite, je ne mène pas une carrière mais je suis bien sûr un militant politique. Y’aura-t-il une liste de gauche en 2026 à Forcalquier? La réponse est oui. Il y avait dimanche sur la place du Bourguet l’équivalent de dix listes pouvant être menées dans cette ville", prévient Léo Walter.

En sera-t-il le leader? "Je reste un militant politique qui ne fait pas carrière", conclut l’ancien député. Dans son entourage, on pense qu’il y a un coup à faire face à David Gehant. "Le choix politique du maire entre les deux tours en jouant le "ni-ni" et en tapant comme un sourd sur La France insoumise est une grave erreur. Il est peut-être fin politique, mais il aurait dû tout faire pour que Léo reste député. Aujourd’hui, il devient sa principale menace", juge une figure de la gauche locale.

Qu'il soit candidat ou non, l’entourage du maire aiguise déjà les premières piques à l’encontre de l’ancien député. "Rouanet était modérée et c’est une femme. Walter est d’extrême gauche et clivant. Qu’il réfléchisse avant de venir car les électeurs de Limans et Montlaux ne votent pas à Forcalquier. Une défaite ici et sa carrière politique est finie", prévient un pro-Gehant. La bataille de Forcalquier ne fait que commencer.