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Gouvernement

Gérald Darmanin annonce que 3000 personnes de l'"ultra-gauche" sont fichées S en France

Interrogé devant l'Assemblée nationale sur les groupuscules violents, Gérald Darmanin a indiqué qu'environ 10.000 personnes membres de "l'ultra gauche" sont suivies par les services de renseignements.

Des chiffres inédits. Gérald Darmanin est revenu, ce jeudi matin devant la commission d'enquête sur les groupuscules violents de l'Assemblée nationale, sur la mouvance "d'ultra-gauche", pointée du doigt après la manifestation de Sainte-Soline contre des méga bassines en mars dernier ou encore lors du défilé du 1er-Mai.

"On parle souvent des fichés S. Nous avons actuellement 3500 personnes islamistes qui sont sous ce statut. En comparaison, on a 3000 personnes d'ultra-gauche fichées S", a expliqué le ministre de l'Intérieur devant les députés.

"Des avocats, des médecins, jamais l'ouvrier en colère"

La qualification "d'ultra-gauche" renvoie pour Gérald Darmanin à plusieurs évènements, de la lutte contre le barrage de Sivens qui a mené à la mort du militant Rémi Fraisse en 2013 aux zadistes de Notre-Dame-des-Landes aussi bien qu'aux militants formant les black blocs ou encore à des manifestants écologistes. La notion fait cependant débat auprès des spécialistes qui jugent que l'exécutif regroupe sous cette appellation des réalités très hétérogènes.

La fiche S pour "sûreté de l'État" répertorie les personnes qui représentent une menace potentielle pour la sécurité de la France, qu'elles aient ou non déjà commis un crime ou un délit. Environ 20.000 personnes sont sous ce statut en France, dont l'un des manifestants blessés à Sainte-Soline.

"Ces militants comme ils disent, sont beaucoup des avocats, des médecins, jamais l'ouvrier en colère de l'usine qu'on ferme", a encore fait remarquer Gérald Darmanin.

"Des black blocs, voire des black bourges"

Ce n'est pas la première fois que l'ex maire de Tourcoing cible "les enfants de bonne famille" dans les manifestations qui dégénèrent. "Certains black blocs sont même, je dirai, des black bourges", avait-il expliqué sur CNews en mars dernier.

Gérald Darmanin est également revenu sur la gestion du maintien de l'ordre à Sainte-Soline. De violents affrontements avaient eu lieu entre les manifestants et les forces de l'ordre. La manifestation avait rassemblé de 6000 à 8000 personnes selon les autorités, 30.000 d'après les organisateurs. Ces derniers ont fait état de 200 blessés, dont 40 graves, côté manifestants. Deux blessés ont été un temps plongés dans le coma.

D'après les chiffres officiels, 5015 grenades lacrymogènes ont été tirées, soit environ une par seconde. La gendarmerie a eu recours aussi à 89 grenades de désencerclement de type GENL, 40 dispositifs déflagrants ASSR et 81 tirs de LBD.

"Pas la question" de savoir s'il y a des blessés ou des morts" lors des manifestations

Un rapport de la Ligue des droits de l'homme, appuyé sur des observations de terrain, avait pointé la responsabilité de l'État et un usage "disproportionné" des armes. Gérald Darmanin a répondu aux critiques, jugeant que "la question n'est pas de savoir" si les formes de l'ordre "ont le droit d'utiliser cette violence. Elles ont le droit". "La question n'est pas de savoir s'il y a des blessés, parfois des morts", a encore précisé le ministre.

"Juger de la réussite d'une opération de police (...) suivant les conséquences du nombre de blessés et éventuellement du nombre de morts me semble être un mauvais débat médiatique", a encore expliqué le ministre de l'Intérieur.

Le membre du gouvernement a cependant précisé que les policiers et les gendarmes "ne sont pas en dehors des enquêtes et des procès" mais qu'il faut "accepter l'idée qu'ils utilisent la violence pour faire respecter les règles de droit".

Le procès des neuf syndicalistes et militants écologistes jugées en correctionnelle pour avoir organisé les rassemblements contre les méga-bassines à Sainte-Soline a été suspendu début septembre. Il devrait reprendre début décembre.

Marie-Pierre Bourgeois