Guerres Israël-Hamas et Ukraine-Russie: à Pâques, le pape appelle à "ne pas céder à la logique des armes"
Le pape François a invité ce dimanche 31 mars à "ne pas céder à la logique des armes" après s'être offert un bain de foule à l'occasion des célébrations de Pâques au Vatican, apaisant les inquiétudes de ces dernières heures autour de sa santé chancelante.
"Ne laissons pas les hostilités en cours continuer à toucher gravement la population civile qui est maintenant épuisée, surtout les enfants", a exhorté le pape de 87 ans lors de sa bénédiction "Urbi et Orbi" ("A la ville et au monde").
Citant plus d'une dizaine de pays en proie à la guerre lors d'un vaste tour d'horizon des conflits internationaux, il a renouvelé son appel à la libération des otages israéliens et à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et exhorté à "un échange général de tous les prisonniers entre la Russie et l'Ukraine".
"La guerre est toujours une absurdité et une défaite! Ne laissons pas les vents de la guerre souffler toujours plus fort sur l'Europe et sur la Méditerranée. Ne cédons pas à la logique des armes et du réarmement", a ajouté le pape argentin depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre.
Un pape souriant devant 60.000 fidèles
Quelques minutes plus tôt, à bord de sa "papamobile", François, souriant et apparemment en bonne forme, a longuement salué et béni les quelque 60.000 fidèles présents, sous les acclamations d'une foule massée derrière les barrières, dans les allées de la place Saint-Pierre.
"Viva il Papa!", ont crié les pèlerins, smartphone à la main ou agitant des drapeaux, sous un important dispositif de sécurité.
Le chef de l'Eglise catholique, arrivé en fauteuil roulant sous un ciel couvert, a présidé la cérémonie de près d'1h30 depuis l'estrade ornée comme chaque année, de riches décorations florales.
Vendredi, François avait relancé les spéculations sur son état de santé après l'annulation à la dernière minute de sa participation au traditionnel Chemin de croix au Colisée. Le Vatican avait précisé que cette mesure avait été prise "pour préserver sa santé en vue de la veillée" de samedi "et de la messe du dimanche de Pâques".
De fait, il a pu présider normalement la veillée pascale samedi soir sans montrer de fatigue malgré les 2h30 de célébration solennelle. Il a notamment prononcé une homélie de dix minutes en italien, sans difficulté particulière.
L'annulation de vendredi, intervenue quelques instants avant le début de la cérémonie, obligeant les organisateurs à retirer à la hâte le fauteuil papal, et la communication laconique du Vatican ont contribué à relancer les interrogations sur la santé chancelante de Jorge Bergoglio.
Un rythme effrené
Temps fort du calendrier liturgique catholique, la Semaine Sainte, qui implique de nombreuses cérémonies s'achevant avec Pâques, peut s'apparenter à un marathon pour un octogénaire qui se déplace depuis deux ans en fauteuil roulant.
François est récemment apparu fatigué et a été contraint à plusieurs reprises de déléguer la lecture de ses discours, en invoquant une bronchite pour laquelle il avait passé des examens dans un hôpital de Rome fin février. Il avait également abandonné la lecture de son homélie du dimanche des Rameaux, sans explication.
Malgré une lourde opération de l'abdomen en 2023, François, qui ne prend jamais de vacances, continue de se soumettre à un rythme effréné au Vatican, où il peut recevoir une dizaine d'interlocuteurs en une matinée.
Une future visite en Indonésie?
Son âge et sa santé précaire semblent toutefois le rattraper: il n'a plus voyagé depuis sa visite à Marseille (sud de la France) en septembre et a dû annuler son déplacement à Dubaï pour la COP28 en décembre, en raison d'une bronchite.
Dimanche, le ministère indonésien des affaires religieuses a annoncé qu'il se rendrait le 3 septembre dans le pays à majorité musulmane, un voyage qui doit être associé à la Papouasie-Nouvelle-Guinée et au Timor Oriental, mais que le Vatican n'a pas officialisé jusqu'ici.
François a toujours laissé "la porte ouverte" à une éventuelle renonciation, dans la lignée de son prédécesseur Benoît XVI. Mais dans une autobiographie publiée mi-mars, il a redit ne pas avoir de "raison sérieuse" de renoncer à sa charge, une "hypothèse lointaine" qui se justifierait seulement en cas de "grave empêchement physique".