INFO BFMTV. Marseille: le narcotrafiquant "DSK" entendu dans deux affaires d’assassinat
Le surnom que policiers et magistrats lui attribuent risque de lui coûter très cher. Selon les informations de BFMTV, Ahcène Mabrouk, alias "DSK" ou "Le Gros", 36 ans, présenté comme le patron du trafic de drogue sur l’un des points de deal de la cité de La Busserine dans les quartiers nord de Marseille (Bouches-du-Rhône), est interrogé, depuis le début de la matinée de ce mardi 9 juillet, par une juge d’instruction de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de la cité phocéenne dans le cadre de deux dossiers d’assassinat.
Également surnommé "Nounours", il a été condamné, le 20 juin, à 11 ans de prison et 100.000 euros d'amende pour son rôle de chef, entre septembre 2018 et juin 2019, d'un des plus gros réseaux de stupéfiants de la cité de La Busserine dans le 14e arrondissement.
Une peine supérieure aux réquisitions du parquet qui avait demandé 10 ans de prison à l’encontre de DSK, un surnom qu’il conteste fermement. Ses avocats, Mes Menya Arab-Tigrine et Thierry Ospital, ont annoncé avoir fait appel de cette condamnation.
Des affaires d'assassinat à La Busserine
Mais ce 9 juillet, "DSK", qui compte déjà sept condamnations à son casier judiciaire, est entendu pour des faits d’une toute autre gravité.
Interpellé dans l’archipel paradisiaque colombien de San Andrés au large du Nicaragua, en octobre 2021, puis rapatrié en France au printemps dernier, Ahcène Mabrouk est actuellement entendu, en détails, sur deux dossiers d’assassinat dans lesquels il a été mis en examen.
Le premier remonte au 12 mars 2019, toujours dans la cité de La Busserine. Ce jour-là, vers 21 heures, deux frères se trouvent dans une voiture, boulevard Mattei, lorsqu’ils sont pris pour cible par un commando de plusieurs hommes, puissamment armés.
Kamel Rahrah, 43 ans, alias "Komo" ou "le Général", tombe sous les balles de ses assassins. Son frère aîné, très grièvement blessé, est secouru dans un état grave. Très rapidement, plusieurs suspects sont interpellés par les policiers de la brigade de recherche et d’intervention (BRI) de la police judiciaire de Marseille. Mais en garde à vue, la loi du silence règne.
Il faut l’exploitation d’une sonorisation, par la police, d’un véhicule utilitaire pour apprendre qu’un certain "Ahcène" serait lié à cette exécution dans le cadre d’une guerre de réappropriation du plan stups de La Busserine.
"Kamel Rahrah était l’ancien boss de La Busserine", confie un fin connaisseur du narcobanditisme à Marseille. "Il avait été condamné à 15 ans de prison pour ce trafic. Il avait été libéré au mois d’août 2018 et, depuis, il venait réclamer régulièrement sa part des bénéfices aux nouveaux patrons du deal à La Busserine. Ces derniers semblent en avoir décidé autrement".
Ahcène Mabrouk nie être impliqué dans cette affaire et assure que son surnom est "Sami" et pas "DSK".
Un corps calciné retrouvé dans une voiture
Le second assassinat dans lequel le nom de Ahcène Mabrouk apparaît est celui d’un jeune de la cité de La Busserine. Le dimanche 23 juin 2019, vers 21 heures, un pompier, en train de rejoindre son service, aperçoit de la fumée, route de Fanfarigoule à Istres (Bouches-du-Rhône).
Une heure plus tard, les secours extraient un corps calciné de la carcasse encore fumante d’une voiture. L’autopsie établit rapidement que la victime a été tuée de trois balles tirées dans le dos et dans la tête.
La brigade criminelle de la police judiciaire de Marseille est saisie des faits et ne tarde pas à identifier ce corps: c’est celui de Sophiane Sid Sayah, 20 ans.
Interrogés plusieurs de ses proches indiquent que ce jeune garçon, surnommé "Tomatiche", était employé comme guetteur et vendeur sur le point de deal de La Busserine et qu’il était aussi soupçonné d’avoir volé de la marchandise et de l’argent au préjudice de ce réseau.
Le lendemain de la découverte de son cadavre, une vaste opération de police menée par l’office antistupéfiants (OFAST) de Marseille avait été déclenchée dans cette cité afin de mettre un terme au trafic de drogue.
Une conversation téléphonique entre "DSK" et "Kaiser"
Chez l’un des suspects, deux armes de poing, - un revolver de marque Taurus, calibre 38 Spécial et pistolet semi-automatique Feg Budapest, calibre 9 mm -, ont été saisies. Leur analyse a permis d’établir qu’ils avaient servi lors de l’assassinat de la jeune victime.
L’exploitation d’un téléphone portable crypté appartenant à un membre du réseau de La Busserine s’est également révélée précieuse: dans ce smartphone, les enquêteurs ont découvert une conversation entre "DSK" et un interlocuteur surnommé "Kaiser", en lien avec l’assassinat de Sophiane Sid Sayah.
"Dans cet échange, daté du 23 juin 2019, vers 21h20, 'DSK' adresse une photo d’un homme étendu par terre, dans un espace boisé, avec de nombreuses traces de sang et qui correspond à la dépouille de la jeune victime", confie une source proche de l’affaire.
Dans ce même envoi, "DSK" indique à son interlocuteur qu’il s’agit de "Tomatiche" et accompagne son message d’émoticônes symbolisant un sourire et une main qui salue, comme pour signifier sa satisfaction".
Policiers et magistrats en ont conclu que "DSK" était, à tout le moins, informé en temps réel de l’exécution du jeune Sophiane Sid Sayah. Là encore, Ahcène Mabrouk a réfuté être lié à ce dossier d’assassinat.