Iron Dome, Arrow 3, C-Dome, Iron Beam, Sky Sonic, comment Israël défend son territoire?
Ce week-end, Isarël a déjoué l'attaque de l'Iran durant laquelle 350 drones et missiles ont été lancés. La quasi-totalité de cette offensive a été interceptée par la défense antiaérienne israélienne et des pays alliés parmi lesquels les Etats-Unis, le Royaume Uni, la France ou encore la Jordanie.
Depuis des années, Israël a mis au point un parapluie de défense antiaérienne capable de se protéger contre les obus, les roquettes, les drones, mais aussi les missiles hypersoniques intercontinentaux. Un point sur cet arsenal de défense.
Iron Dome, un parapluie de protection
L'Iron Dome (en français dôme de fer) est un parapluie protégeant l'état hébreu des attaques de roquettes et d'obus depuis la bande de Gaza les factions libanaises ou le Liban par le Hezbollah. Ce dispositif de défense antiaérienne a été développé par la société israélienne Rafael avec les Etats-Unis. Ce programme a été lancé en 2007, les tests ont démarré dès 2008 et la première batterie a été installée en 2011 près de Beersheva, une ville située à 40 km de la bande de Gaza.
Il s'agit d'un système mobile installé sur un camion pour aller au plus près des attaques. Il est capable de détruire les attaques dans un rayon de 5 à 70 kilomètres. Selon son fabricant, Rafael, une batterie Iron Dome peut protéger une agglomération d'environ 150 km2.
Ce système se compose de trois éléments. Le radar EL/M-2084 peut localiser des tirs dans un rayon de 4 à 70 km et suivre 200 cibles par minute. Le système de combat, BMC (Battle Management & Weapon Control), est un programme numérique qui identifie le type de munition, calcule sa vitesse et sa trajectoire pour définir précisément la cible visée et ne détruire que les roquettes qui tomberont sur des zones habitées.
Le lance-missile se met en mode combat dès l'alerte envoyée par le radar et les données transmises par le système informatique. La batterie de 15 à 20 missiles Tamir est installée sur la plateforme d'un camion pour adopter la meilleure position et en changer rapidement.
Si l'efficacité de l'Iron Dome est avérée, le coût de cette défense est pointé du doigt. Le prix d'un missile Tamir est d'environ 50.000 dollars, soit plusieurs millions de dollars pour faire face à une attaque d'ampleur comme celle du 7 octobre. D'autant que pour détruire un vecteur avec certitude, il faut au moins deux, trois et parfois six missiles.
Arrow 3, l'arme anti missile balistique
Développé par Israel Aerospace Industries (IAI) avec Boeing, Arrow 3 a été mis au point pour intercepter, non pas des roquettes ou des obus, mais des missiles balistiques à des altitudes de plus de 100 kilomètres et avec une portée allant jusqu'à 2400 kilomètres.
L'Arrow 3 cible les missiles intercontinentaux transportant des ogives conventionnelles, mais aussi nucléaires, chimiques ou biologiques. Ultra rapide, il peut modifier sa trajectoire pour cibler les missiles hypersoniques manœuvrables.
Ce dispositif est au cœur du programme de défense aérienne lancé par Berlin à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022. D'un montant de 4 milliards de dollars, ce système vise à protéger non seulement l'Allemagne, mais aussi la Pologne, la Roumanie et les trois pays baltes. L'accord vise une installation pour 2025. Ce sera la première fois que l'Arrow 3 est vendu à un pays étranger.
Le C-Dome, la version navale de l'Iron Dome
L'armée israélienne a annoncé 9 avril avoir pour la première fois déployé son nouveau système de défense "C-Dome", la version navale de son bouclier antimissile "Dôme de fer", pour contrer un appareil "suspect" ayant pénétré son espace aérien. L'alerte a été lancée le 8 avril au soir dans le secteur d'Eilat. Cette ville côtière dans le sud du territoire israélien a déjà été la cible de tirs de missiles balistiques de la part des rebelles yéménites Houthis, alliés du Hamas palestinien.
"La cible a été interceptée avec succès par le système de défense navale C-Dome", a indiqué dans un communiqué l'armée israélienne en précisant que cette attaque n'a fait "aucun blessé et aucun dommage".
Le C-Dome est un bouclier antimissiles de type Iron Dome installé sur des corvettes Saar-6. La marine israélienne a mis au point cette variante navale de l'Iron Dome pour protéger les importants gisements gaziers du pays en Méditerranée orientale.
Iron Beam, la version "low cost" du dôme de fer
L'Iron Beam (rayon de fer) est la version "low cost" de l'Iron Dome. Plutôt que d'utiliser des missiles à 50.000 dollars pour détruire des roquettes ou de drones de quelques milliers de dollars, Rafael a mis au point un canon laser avec lequel chaque tir coûterait moins de 5 dollars.
Ce rayon peut pulvériser obus, roquettes, missiles ou drones en une fraction de seconde seulement. Cette efficacité reste à démontrer puisque ce dispositif est toujours en phase de test. En 2022, le ministère israélien de la Défense lançait un plan d'investissement "de centaines de millions de shekels supplémentaires pour achever le processus".
L'utilisation d'un laser dans la lutte antidrone est aussi au cœur du programme de protection de JO 2024. Cilas, filiale de d'Ariane, a créé Helma-P, une arme laser capable de détruire drones et minidrone à un kilomètre de distance. Décliné en versions portative ou fixe, cet équipement équipe déjà des unités de l'armée françaises et de la police, comme le RAID.
Sky Sonic, le missile anti-missile hypersonique
Il y a un an, l'Iran annonçait la création de Kheibar, un missile balistique d'une portée de 2000 km et capable d'atteindre Mach 16 en dehors de l'atmosphère et Mach 8 dans l'atmosphère. La réponse d'Israël a été presque immédiate. Un mois plus tard, à Paris, lors du salon aéronautique du Bourget, Rafael dévoilait Sky Sonic, un missile d'interception de missiles hypersoniques. Cette annonce a été faite en présence du ministre de la Défense d'Israël, Yoav Gallant.
Selon Yuval Stainitz, président de Rafael, cette arme défensive serait "polyvalente et capable de frapper tous les missiles hypersoniques, volant haut ou bas et manœuvrant plus ou moins". Le dirigeant assure que le carnet de commandes de cette arme a déjà atteint 40 milliards de shekels, soit plus de 10 milliards d'euros.