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"J'ai aidé ma mère à mourir": ces députés témoignent de leur expérience familiale face à la fin de vie

Sandrine Rousseau, Olivier Falorni, Christine Pires-Beaune... Plusieurs députés sont touchés personellement par le projet de loi sur la fin de vie. Certains en ressortent convaincus par la nécessité d'une aide à mourir. D'autres non.

L'examen en première lecture du projet de loi sur la fin de vie à l'Assemblée nationale a commencé ce lundi 27 mai. La création d'une aide à mourir, prévue par le texte, divise au sein même des différentes tendances de l'hémicycle. Et pour certains députés, la question est d'autant plus singulière qu'elle fait écho à des expériences personnelles.

Comment ne pas commencer par évoquer Olivier Falorni? Rapporteur du projet de loi, le député MoDem est aux avant-postes depuis des années. Dès 2013, il a évoqué lors des questions au gouvernement le décès de sa mère après un cancer et "la souffrance absolue d'un être cher qui n'en peut plus de ne pas partir". "La dignité est un droit, elle exige une loi, c'est notre devoir", avait-il déclaré.

Favorable au projet de loi de l'exécutif, Sandrine Rousseau a également vécu un drame personnel. "Moi, j'ai aidé ma mère à mourir. Elle s'est suicidée et j'étais présente. Qui serais-je pour lui interdire ce geste?", a témoigné la députée écologiste le 24 avril dernier devant la commission spéciale chargée d'examiner le texte.

Sa mère s'est donnée la mort en 2013. Âgée de 68 ans, elle avait choisi de mettre fin à ses jours en prenant des médicaments, après des années de lutte contre le cancer.

"Vous êtes totalement abattus"

La députée socialiste Christine Pirès-Beaune a elle aussi dû faire face au décès de sa mère, plongé plusieurs semaines dans le coma à la suite d'un AVC. De quoi alimenter sa réflexion sur la fin de vie.

"Je me dis que ces semaines n'ont rien amené de positif pour ses proches. On s'en serait bien passé", témoigne l'élue du Puy-de-Dôme auprès de BFMTV. "En tout cas, moi si j'avais été dans la situation de ma maman, j'aurais voulu m'en passer. Et j'aurais voulu activer l'aide à mourir."

La réflexion de ces élus prend également racine dans le milieu médical. Exemple avec Caroline Fiat, forte de son vécu d'aide-soignante. La députée insoumise, qui est pour l'aide à mourir, raconte à BFMTV l'histoire d'une patiente:

"Elle nous avait demandé de laisser le chariot de médicaments dans la chambre, en nous disant, 'je vais m'en occuper', et là vous êtes totalement abbatus. Vous vous dites, je suis soignante, mon métier c'est de répondre à la demande du patient et je ne peux pas répondre."

"Je n'ai pas tué mon père, je l'ai aidé"

D'autres députés, également confrontés à des drames, se prononcent contre le projet de loi. En commission spéciale, le député Les Républicains Philippe Juvin est revenu sur son expérience personnelle.

Cet anesthésiste-réanimateur de profession est favorable à la loi actuelle, dite Claeys-Leonetti. Il a expliqué avoir "pratiqué la sédation profonde (permis par ce texte, NDLR)" chez son père.

"Je n'ai pas tué mon père, je l'ai aidé. La différence est fondamentale", a-t-il déclaré.

Comme lui, André Chasseigne, chef de file des députés communistes, est contre le texte du gouvernement, à contre-courant de la plupart des élus de gauche. Et cela, malgré le "choc terrible", de la mort de son frère, qui s'est suicidé après plusieurs années de chimiothérapie, comme il le raconte dans Le Figaro.

Malgré tout, le parlementaire du Puy-de-Dôme dit craindre que ce texte "ouvre la porte à des avancées successives qui pourraient, à terme, pousser des personnes qui culpabilisent de vieillir ou de coûter cher à leurs enfants à vouloir en finir". Il confie au Figaro que ce vote le "déchire", et "trahira" ce que son frère "aurait souhaité". Une illustration des tiraillements auxquels les élus font face sur ce texte.

Marion Berchet et Isabelle Gollentz avec Baptiste Farge