Jean-Marie Le Pen a eu peur d’être élu président en 2002
"Le choc", "Chirac: La République est entre vos mains", "Présidentielle: le séisme", ou encore "La bombe Le Pen". Les Unes de la presse au lendemain du le 21 avril 2002, traduisent la surprise et l’émotion provoquées par la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour, alors que le Premier ministre et candidat du PS Lionel Jospin était éliminé. Un coup de tonnerre - l’arrivée du fondateur du Front national au second tour était un fait sans précédent - qui avait déclenché une vague de défilés contre Jean-Marie Le Pen dans plusieurs villes de France.
Mais les manifestants n’étaient pas seuls à craindre l’arrivée au pouvoir du patriarche frontiste. Jean-Marie Le Pen lui-même révèle, dans une interview à paraître vendredi dans le magazine Society, avoir eu peur de l’emporter face au président RPR sortant, Jacques Chirac, et de prendre les rênes du pays.
"Une certaine angoisse" à l'idée d'être élu président
"En 2002, c'est vrai, j'ai envisagé avec une certaine angoisse qu'il y ait une déferlante populiste", explique aujourd’hui "Le Menhir", selon des propos relayés par Le Figaro. "Je ne suis pas spécialement un homme politique qui a la réputation d'être peureux mais je sais évaluer le danger. Quand vous vous retrouvez dans l'hypothèse d'être président de la République alors que vous n'avez pas l'appareil pour le faire, vous ne trouvez pas que ça puisse susciter légitimement une impression d'angoisse?", poursuit-il. "Si ce n'est pas le cas, c'est que vous êtes un branleur."
Mais celui qui a obtenu 16,86% des voix au premier tour (19,88% pour Jacques Chirac), et 17,79% au second (Jacques Chirac a été élu avec 82,21% des voix, un score inégalé sous la Ve République) semble ne pas réellement avoir cru à cette éventualité. Et ce même si il accusait encore, en 2014, l'ex-chef de l'Etat d'avoir truqué les résultats du scrutin. "Je n'ai jamais fait plus de 18% et on n'accède pas au pouvoir quand on fait 18%", explique Jean-Marie Le Pen.
"Il vaut mieux être le Diable que rien du tout"
En guerre ouverte avec sa fille Marine Le Pen, le leader historique du FN - suspendu du parti début mai - ne manque tacler son actuelle dirigeante. "D'ailleurs, Marine n'a jamais fait plus, et elle ne fera pas plus demain en faisant un mélange d'UMP et de PS", assène Jean-Marie Le Pen, qui va lancer sa propre formation.
L’eurodéputé, 86 ans, s’en prend également à l’opération de "dédiabolisation" à laquelle s’attèle la direction du parti, et revendique son rôle de trublion politique et médiatique. "Il vaut mieux être le Diable que rien du tout. Il est totalement absurde de vouloir dédiaboliser le FN, c'est comme vouloir rajeunir, c'est un voeu pieu."