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Afrique

Kenya: un mort en marge d'une manifestation contre de nouvelles taxes, appel à la grève générale

Des heurts éclatent entre manifestants anti-taxes et forces de police à Nairobi, au Kenya

Des heurts éclatent entre manifestants anti-taxes et forces de police à Nairobi, au Kenya - Simon MAINA / AFP

À Nairobi, capitale du Kenya, de nombreux manifestants sont dans les rues pour protester contre un projet de nouvelles taxes. De violents heurts ont éclaté entre forces de l'ordre et manifestants, faisant un mort.

Un manifestant a été tué par balle jeudi 20 juin dans la soirée à Nairobi, au Kenya, en marge de manifestations contre un projet de nouvelles taxes, alors qu'un appel à la grève générale et pour manifester de nouveau à travers le pays a été lancé pour le mardi 25 juin.

Un mouvement lancé sur les réseaux sociaux

Menés en grande partie par des jeunes Kényans, les rassemblements ont commencé en début de semaine dans la capitale Nairobi, avant de se propager jeudi à de nombreuses villes de ce pays, locomotive économique d'Afrique de l'Est.

Le mouvement baptisé "Occupy Parliament" ("Occuper le Parlement"), lancé sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre politique, mobilise fortement la jeunesse, qui exige le retrait pur et simple du projet de loi de finances du gouvernement du président William Ruto.

Des manifestants se présentent les poings liés devant des policiers lors de protestations anti-taxes, à Nairobi, au Kenya, le 18 juin 2024
Des manifestants se présentent les poings liés devant des policiers lors de protestations anti-taxes, à Nairobi, au Kenya, le 18 juin 2024 © LUIS TATO / AFP

"Mardi 25 juin: #OccupyParliament et Total Shutdown Kenya" (fermeture générale), pouvait-on lire sur une affiche largement partagée en ligne vendredi par les manifestants, appelant à "la grève générale".

"La génération Z accorde un jour de congé à tous les Kényans qui travaillent dur. Les parents gardent leurs enfants à la maison par solidarité", poursuit le communiqué.

Au moins 200 blessés

Jeudi, les manifestations ont été ponctuées de quelques heurts isolés avec les forces de l'ordre qui ont usé de tirs grenades de gaz lacrymogène et de canons à eaux, notamment dans le centre d'affaires de Nairobi. Au moins 200 personnes ont été blessées selon plusieurs organisations, dont Amnesty International Kenya. La Croix-Rouge kényane a affirmé que huit se trouvaient vendredi dans un état grave.

Jeudi soir, alors que de nombreux manifestants s'attardaient dans une ambiance festive dans le centre de Nairobi, "un manifestant a été tué par balle alors qu'il tentait de fuir la police", a indiqué un porte-parole d'Amnesty International Kenya, Mathias Kinyoda. "La personne qui a tiré était en civil mais il accompagnait la police", a-t-il souligné.

L'Autorité indépendante chargée de la surveillance de la police (IPOA) a annoncé vendredi dans un communiqué avoir "ouvert une enquête" pour déterminer les circonstances de la mort d'un homme "prétendument à la suite de tirs de la police".

Un homme de 29 ans mort

Dans un rapport consulté par l'Agence France-Presse (AFP), la police de Nairobi a fait état d'un homme de 29 ans conduit jeudi vers 19 heures, heure locale, soit 18 heures, heure de Paris, dans un hôpital de l'avenue Moi, dans le centre d'affaires de la capitale kényane, "inconscient avec une blessure à la cuisse" avant de "succomber" à ses blessures. Aucun détail n'est donné sur la nature de la blessure et les circonstances de la mort.

Un témoin interrogé par l'AFP a accusé la police: "Nous avons vu ce qui s'est passé", a-t-il affirmé, disant s'être trouvé au deuxième étage des Union Towers, situé sur l'avenue Moi.

"Nous pouvions voir la police ouvrir le feu sur le groupe qui était rassemblé là", a-t-il déclaré: "C'était un policier portant une casquette de baseball parce qu'il descendait d'un véhicule de police et y est remonté en courant".

La police kényane a été accusée par le passé de violations graves des droits humains. Et des manifestations contre la vie chère, à l'appel de l'opposition, avaient donné lieu l'an dernier à des pillages et des affrontements meurtriers au Kenya, faisant au moins 50 morts selon les ONG. Le projet de budget est actuellement en débat au Parlement, en vue d'un vote final avant le 30 juin.

Des dispositions budgétaires et fiscales en jeu

Après une première mobilisation qui avait rassemblé des centaines de personnes à Nairobi mardi, le gouvernement est revenu sur la plupart des dispositions du projet de budget, notamment l'instauration d'une TVA de 16% sur le pain ou d'une taxe sur les voitures des particuliers.

Mais les manifestants dénoncent également la volonté du gouvernement de compenser le retrait de taxes annoncé par d'autres mesures fiscales (hausse des taxes sur les carburants et les produits exportés notamment).

Cela risque, selon eux, d'amputer leur pouvoir d'achat, déjà grevé par les hausses l'an dernier de l'impôt sur le revenu et des cotisations santé et le doublement de la TVA sur l'essence. Pour le gouvernement, ces mesures fiscales sont nécessaires pour redonner des marges de manoeuvre au pays, lourdement endetté.

Le Kenya, l'une des économies les plus dynamiques d'Afrique de l'Est, a enregistré en mai une inflation de 5,1% sur un an, avec une hausse des prix des produits alimentaires et des carburants respectivement de 6,2% et 7,8%, selon la Banque centrale.

JD avec AFP