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L'Apple Vision Pro arrive en France: à 4000 euros, le casque sert-il vraiment à quelque chose?

Disponible le 12 juillet en France, le Vision pro d'Apple s'accompagne encore de nombreuses interrogations pour qui se sent prêt à débourser 4000 euros. Tour d'horizon des possibilités qui nous ont séduits.

Février 2024. À grands coups de clairon, d'acclamations et de présence de Tim Cook, Apple lance son premier véritable produit innovant depuis des années. Longtemps murmuré, intronisé en juin 2023, le Vision Pro prend place en magasin et s'offre désormais à qui veut bien débourser la somme alors élevée de 3500 dollars HT. Le démarrage se fera en fanfare avant quelques retours à l'expéditeur.

Tech&Co avait eu l'opportunité de mettre la main sur un premier exemplaire venu d'outre-Atlantique et donc cantonné aux services et restrictions de l'App Store américain. De quoi déjà saluer la qualité de fabrication premium, la technologie embarquée bluffante (notamment le suivi des yeux et des mains) et la facilité d'utilisation, mais de s'interroger aussi sur les usages promis et le type d'utilisateur auquel était destiné l'onéreux bébé.

Près de six mois plus tard, après de nouvelles tentatives de notre part, l'arrivée de la mise à jour de VisionOS 1.2 et enfin de la version française, nous avons fait un nouveau tour du propriétaire plus convaincant du produit, désormais vendu en France à partir du 12 juillet, pour 4000 euros.

Travailler en toute tranquillité

Le Vision Pro peut-il remplacer votre ordinateur portable? Oui et non. Celui qu'Apple présente comme "un ordinateur spatial révolutionnaire (avec) des années d'avance" dispose aujourd'hui de près d'un million d'applications, certaines conçues spécialement pour lui, d'autres adaptées de versions iPhone, iPad ou Mac. Avec un clavier et une souris compatibles connectés en Bluetooth, il est beaucoup plus simple de travailler, car tout a été pensé de manière ergonomique.

Apple Vision Pro permet d'ouvrir plusieurs fenêtres pour étendre sa zone de travail
Apple Vision Pro permet d'ouvrir plusieurs fenêtres pour étendre sa zone de travail © Apple

Mais, à l'image de l'iPad, le casque VR se heurte rapidement à l'absence de certaines applications dans son store. Si vous pouvez faire de la bureautique avec la présence de la suite Microsoft (Word, Outlook, Excel, Powerpoint, etc.) - mais pas de celle de Google -, oubliez le montage vidéo. On ne trouve pas de Final Cut Pro ou même d'Adobe Photoshop pour de la retouche photo. Cela viendra très probablement, à la vitesse à laquelle se remplit et se diversifie l'App Store, mais en l'état, cela ne suffit pas.

Connecté à un Macbook, l'expérience productive ultime

En revanche, si vous avez un Macbook par exemple, l'expérience est impeccable. Vous mettez votre casque sur la tête et regardez votre ordinateur. Un message "Connecter" apparaît alors au-dessus de ce dernier pour que la magie opère. Immédiatement, l'écran du Macbook s'éteint et celui-ci prend vie dans le casque. Même configuration, mêmes environnements et contenus. Vous pouvez toujours travailler avec le pavé tactile et le clavier de l'ordinateur, mais sur un écran beaucoup plus grand, selon votre confort et vos besoins. Et il peut s'accompagner de plusieurs fenêtres Safari, d'autres applications et logiciels, pour faire du multifenêtre.

C'est d'ailleurs le gros point fort du Vision pro dans sa proposition: vous pouvez faire votre montage vidéo, audio ou autre avec vos logiciels habituels. Tous sont de fait compatibles, puisque stockés sur votre Macbook, même les services de jeux comme Steam ou bien même l'application PS Remote Play qui permet de streamer sa console PS5 sur son ordinateur, et par ricochet, sur le casque.

Apple Vision Pro
Apple Vision Pro © Tech&Co

La latence est très peu perceptible entre le Macbook et le Vision pro. Il est aisé d'utiliser ainsi un environnement de travail étendu. Si vous êtes bien installé et que le casque est bien arrimé sur votre tête, vous pouvez travailler quelque temps, sans oublier de faire des pauses pour détendre vos yeux et votre tête. La journée de huit heures, ce sera pour les plus endurants et les plus courageux, le casque restant lourd et finit par se faire sentir.

Mais l'argument "concentration" à sa tâche n'est pas négligeable non plus. Une fois le casque en place, le travail lancé, la possibilité de s'immerger dans un environnement de son choix (Yosemite, la Lune, la plage, la forêt…) permet de couper du monde extérieur et de se focaliser sur sa mission.

Connecté à un Macbook, l'Apple Vision Pro prend toute sa dimension pour la productivité notamment
Connecté à un Macbook, l'Apple Vision Pro prend toute sa dimension pour la productivité notamment © Apple

Jouer de manière confortable

L'un des points les plus marquants pour ce mode de travail avec le Vision Pro, c'est la confidentialité et la sécurité que cela induit si vous êtes dans un environnement peuplé (open space, avion, train, etc.). Personne ne voit ce que vous faites sur l'ordinateur (dont l'écran est éteint) ou dans votre casque.

De même si vous êtes en appel Facetime, Team ou autre, vous pouvez partager le contenu de votre ordinateur avec vos correspondants sereinement. L'audio spatail du casque est de plus de très bonne qualité et ne nécessite pas forcément d'écouteur ou casque audio supplémentaire. Sauf pour se tenir éloigné des oreilles indiscrètes.

Pour renforcer la sécurité du système, OpticID est la bonne trouvaille. Votre iris sert d'identifiant biométrique que ce soit pour déverrouiller le casque, valider des paiements ou des accès. À noter qu'il est possible de faire de la recopie d'écran depuis un iMac ou un iPad vers le Vision Pro.

Apple a vanté les qualités en divertissement de son Vision pro. L'amélioration du contrôle gestuel (balayage, clic, menus contextuels sur les différentes apps, etc.) permet de se mettre rapidement en condition pour regarder un film (en 3D ou non), une série, un match de foot. L'écran qui peut tout de suite prendre une dimension démesurée aide en cela. Mais il peut aussi servir à jouer en connectant une manette (Playstation DualSense, Xbox Controller, etc.).

C'est hautement appréciable tant la qualité de l'écran est impeccable, la fluidité au rendez-vous. Si vous profitez du service Apple Arcade, cela est évidemment optimisé. Pour les autres jeux, depuis le Macb ook, il faudra éviter les jeux de course ou nerveux qui ne sont pas forcément adaptés à un usage passant essentiellement par le regard plus que par les réflexes.

Cityscapes: Sim Builder sur l'Apple Vision Pro
Cityscapes: Sim Builder sur l'Apple Vision Pro © Tech&Co

Le Vision Pro compte aussi sur ses multiples caméras et la qualité de sa diffusion pour appuyer son offre gaming. Se gardant toujours de choisir un camp entre réalité virtuelle et réalité augmentée, il s'amuse à s'appuyer sur les deux. On trouve ainsi de multiples expériences vidéoludiques en 3D pour refaire des puzzles dans l'espace (Puzzling Places), ou bien tenter de faire grandir et fructifier sa propre ville (Cityscapes: Sim Builder) en jouant sur sa véritable table.

Un casque, de multiples usages et utilisateurs

Travailler partout avec un confort optimal, jouer avec un large éventail de possibilités dont celle de passer par navigateur pour certains sites de cloud streaming, mais aussi profiter de ses clichés spatiaux depuis le casque ou en contenu pris à l'iPhone 15 Pro avant de se plonger dans un film: le Vision Pro est capable de tout, de tout proposer et d'apporter en prime cet usage assez inédit, mélange de compacité, de polyvalence et de sécurité.

Mais il sait quasiment tout faire et progresse à vitesse V grâce à la créativité des développeurs qui l'ont pris à bras-le-corps ces derniers mois. La conférence WWDC de juin a même montré qu'il y avait un véritable engouement autour des possibilités réelles du produit. VisionOS, son système d'exploitation, veut accélérer sur les usages et déjà, VisionOS 2 promet de revoir aussi son expérience.

Sur l'Apple Vision Pro, il est possible de suivre jusqu'à 5 matches NBA en même temps
Sur l'Apple Vision Pro, il est possible de suivre jusqu'à 5 matches NBA en même temps © Capture / Tech&Co

Alors vaut-il ses 4000 euros? Au niveau de sa conception, indéniablement. Les écrans micro Oled et le châssis premium, ses multiples capteurs et caméras en sont les dignes arguments. S'il ne peut pas encore remplacer l'ordinateur en lui-même, il permet tout de même d'évoluer dans un environnement stable et performant, qui se retrouvera avant tout tourné vers le divertissement (cinéma, jeux, activité sportive légère). Avec un Macbook en complément, il prend une tout autre dimension.

Comme l'iPhone en son temps ou même plus récemment l'Apple Watch, le Vision Pro est doué de multiples talents qui ne demandent qu'à trouver leurs utilisateurs. Mais ce sera à ces derniers de se faire leur propre expérience.

S'il reste encore quelques balbutiements à régler, l'appareil a déjà trouvé des usages qui lui apportent un intérêt complémentaire, comme regarder les étoiles avec Skyguide, visiter des appartements virtuellement avec Se Loger, tout savoir de la Cathédrale Notre-Dame en reconstruction (Eternelle Notre-Dame: Secrets) ou bien profiter de films dans un environnement de salon (Mubi).

Pour 4000 euros, il est normal d'être exigeant dans ses attentes. Le Vision Pro ne peut pas s'offrir à tous, même si son aspect nomade - légèrement contrarié néanmoins par sa batterie portative bien plus discrète quand on choisit de travailler assis - et la toute-puissance de sa puce M2, font l'unanimité. Mais le Vision Pro est un pari sur l'avenir qui ne promet pas la lune malgré tout, mais de fonctionner pour offrir quelque chose de nouveau. En cela, il remplit sa mission. Reste à ce que chacun en ait pour son argent.

Melinda Davan-Soulas