L'inflation attendue sous la barre des 2% en fin d'année
Un objectif en passe d'être atteint. Jugeant la bataille contre l'inflation "gagnée", Bruno Le Maire affirmait il y a un mois que la hausse des prix ralentirait sous les 2% fin 2024. S'il ne sera sans doute plus en poste à Bercy pour s'en féciliter, contexte politique oblige, le ministre de l'Economie verra vraisemblement sa prédiction se réaliser, à en croire les dernières prévisions de l'Insee publiées ce mardi 9 juillet.
D'après l'institut de la statistique, le ralentissement de la hausse des prix à la consommation va se poursuivre dans les prochains mois: après +2,3% en mai et +2,1% en juin sur un an, l'inflation repasserait pour la première fois depuis mi-2021 sous la barre des 2% en décembre, à 1,9% précisément.
En moyenne sur l'année, elle s'établirait à 2,2%, après 4,9% en 2023. Ce reflux tient en grande partie au ralentissement des prix alimentaires (+0,8% en juin, +0,3% attendu en décembre) et des produits manufacturés (+0,1% en décembre). Au final, c'est le secteur des services qui resterait le premier contributeur à l'inflation, les entreprises du tertiaire répercutant avec retard les hausses de leurs coûts, notamment salariaux.
L'Insee s'attend toutefois à une remontée des prix provisoire cet été (+2,6% en juillet). En cause: les Jeux olympiques, avec l'augmentation temporaire des prix des transports en commun en région parisienne.
Gains de pouvoir d'achat
Cette embellie sur le front de l'inflation va soulager le portefeuille des Français. D'autant que si les hausses de salaires sont un peu moins fortes que l'an passé, elles continueraient d'être supérieures à l'augmentation des prix. "En moyenne annuelle, le salaire mensuel de base progresserait de 2,9%, (...) si bien que le salaire réel (après prise en compte de l'inflation, NDLR) repartirait à la hausse", explique Clément Bortoli, chef de la division Synthèse conjoncturelle à l'Insee.
Dans le même temps, les prestations et notamment les pensions de retraite ont été revalorisées. Si bien que les Français vont gagner du pouvoir d'achat en 2024. Celui-ci augmenterait de 0,9% en moyenne cette année. La hausse du pouvoir d'achat des seuls salariés serait toutefois loin de compenser les pertes subies en 2023 et 2022.
Les gains de pouvoir d'achat devraient relancer la consommation des ménages qui progresserait de 0,5% au deuxième trimestre et même de 0,7% au troisième sous l'effet des Jeux olympiques, "en particulier dans les services avec l’enregistrement des ventes de billets lors de la tenue des épreuves, et la hausse attendue de fréquentation du réseau de transport francilien", souligne l'Insee.
Incertitude sur l'impact du contexte politique
La hausse de la consommation tirerait la croissance française qui atteindrait 0,3% au deuxième trimestre. Au troisième, l'activité progresserait même de 0,5% avec un "effet JO" estimé à 0,3 point de PIB par l'Insee. L'institut de la statistique, qui a également revu sa prévision de croissance à la hausse pour le premier trimestre (+0,2%) table sur une croissance annuelle de 1,1% et se montre ainsi un peu plus optimiste que le gouvernement qui ancitipe 1%.
Mais l'Insee reconnaît que "l'évolution de la situation politique en France constitue un aléa important du scénario".
Et pour cause, ni "les mesures que pourrait prendre un nouveau gouvernement", ni "les effets d'une période d'attentisme prolongé dans le cas où l'orientation de la politique économique resterait durablement incertaine" ne sont pris en compte dans ses travaux.
Pour avoir un premier éclairage sur l'impact de la dissolution sur l'activité économique, il faudra patienter jusqu'à la fin du mois et la publication des enquêtes de conjoncture menées actuellement auprès des ménages et des entreprises.