Le recteur de la Grande mosquée de Paris invite les musulmans à voter contre l'extrême droite
Le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz a appelé ce mercredi 22 mai les Français de confession musulmane à voter lors des élections à venir. Il a formulé de "graves inquiétudes" face à la montée de l'extrême droite, tout en critiquant "l'esprit de repli sur soi".
"En tant que Français et musulmans, il est de notre devoir de participer activement aux élections" européennes et nationales pour "renforcer notre démocratie" et "promouvoir les valeurs de justice, d'égalité et de solidarité", affirme le recteur dans son billet hebdomadaire.
Chems-eddine Hafiz dit ses "graves inquiétudes" face à la montée de l'extrême droite, dont la potentielle victoire pourrait avoir des conséquences "particulièrement sévères" pour les musulmans, "allant de l'augmentation des actes islamophobes et des discriminations au renforcement des lois restrictives visant les pratiques religieuses et culturelles".
Pour le recteur, la participation électorale des musulmans est "une réponse citoyenne à l'intolérance et à la stigmatisation".
Le recteur dénonce les "pseudo-prédicateurs"
À moins de trois semaines des européennes, dont le scrutin se tiendra le 9 juin, Chems-eddine Hafiz souligne qu'"en votant, nous pouvons soutenir des politiques et des candidats qui défendent le bien commun et combattent l'injustice et la corruption, en accord avec les principes musulmans".
Mais le recteur déplore aussi "certaines mouvances se proclamant affiliées à l'islam" et qui "dans un esprit de repli sur soi et de communautarisme étroit, prétendent qu'un musulman ne peut élire un non-musulman".
"Rien n'est plus éloigné de la vérité", ajoute le recteur, avec en ligne de mire les "pseudo-prédicateurs" qui "exploitent la vulnérabilité des jeunes pour propager des idées qui divisent" en "prétendant que la participation politique serait incompatible avec la foi musulmane".
Début mai déjà, il avait invité les musulmans à une implication citoyenne, dans un long billet titré "La France, je l'aime et je ne la quitte pas". Une allusion à peine voilée au livre La France tu l'aimes mais tu la quittes paru fin avril, où des musulmans français racontent les discriminations les ayant poussés à l'exil.