Élections législatives
Elections Législatives 2024

Législatives: Attal, Ciotti, Le Pen, Garrido... 23 circonscriptions à suivre particulièrement

Une personne dépose son bulletin de vote dans une urne à Saint-Savin, le 12 juin 2022

Une personne dépose son bulletin de vote dans une urne à Saint-Savin, le 12 juin 2022 - Thibaud MORITZ © 2019 AFP

Avec la dissolution voulue par Emmanuel Macron, certains poids lourds, y compris des ministres, remettent en jeu leur place à l'Assemblée. Ces élections législatives pourraient faire émerger un nouvel hémicycle fortement polarisé. BFMTV.com a sélectionné pour vous 23 circonscriptions à surveiller particulièrement.

La dissolution de l'Assemblée nationale annoncée le soir des européennes a renvoyé illico presto tous les députés en campagne. Trois blocs majoritaires se font face pour gagner l'hémicycle: l'union de la gauche baptisée "Nouveau Front populaire", le bloc du centre composé de la majorité présidentielle, quelques Républicains et quelques socialistes. Enfin, le Rassemblement national et ses alliés.

Chacun joue gros: le parti présidentiel prend le risque de perdre sa majorité et de se voir imposer une cohabitation. Le parti de Marine Le Pen vise Matignon en cas de majorité absolue, après son succès aux européennes. La gauche se rêve aussi en nouvelle majorité. Et au milieu, quelques dissidences, des cavaliers seuls et des partis comme Les Républicains et Reconquête qui jouent leur survie après une salve de trahisons.

À une semaine du premier tour, BFMTV.com fait le tour des circonscriptions à fort enjeu qui pourraient faire basculer en bleu ou en rouge la carte du scrutin.

Une majorité mise au défi

• Gabriel Attal

Dans la 10e circonscription des Hauts-de-Seine, malgré un bon score en 2022, le Premier ministre Gabriel Attal, joue gros. En 2022, il avait gagné haut la main (60% des voix) face à la candidate de la Nupes, Cécile Soubelet. Cinq ans plus tard, ils s'affrontent de nouveau. Deuxième round face à une gauche unie pour celui qui est le plus jeune chef de gouvernement de la Cinquième République.

Un pacte de non-agression entre la droite locale et la majorité présidentielle a été scellé, mais les Républicains font désordre. Deux candidats ont été investis par le parti désuni: Clément Perrin, par la direction par intérim et Sébastien Laye, choisi par Éric Ciotti et adoubé par le RN.

À noter que c'est l'un des départements où les résultats du camp Macron aux élections européennes ont été meilleurs qu'au niveau national. Aux européennes, dans cette circonscription, Renaissance est arrivé en tête avec 21% des voix. Talonnée par la liste du PS et Place publique, avec 19.64% des voix et LFI à 13.33%.

• Gérald Darmanin

Le ministre de l'Intérieur peut compter sur un solide précédent. Dans la 10e circonscription du Nord il a été élu avec 57,5% des voix en 2022, face à la candidate Nupes antispéciste, Leslie Mortreux. Désormais étiquettée "Nouveau Front populaire", la challenger qui avait créé la surprise l'affronte à nouveau. La gauche unie arrivera-t-elle à convaincre suffisamment pour l'emporter cette fois-ci?

Trois candidatures de droite et d'extrême droite sont en lice. L'alliance avec LR n'a pas fonctionné sur ce territoire et un candidat a été investi par les LR "canal historique". Celui-ci souffre toutefois de la défiance de la droite locale, contrairement à Gérald Darmanin. Le ministre de l'Intérieur peut redouter face à la droite désunie une gauche soudée et un RN avec le vent dans les voiles.

Aux élections européennes, le RN de Jordan Bardella a recueilli 35% des voix dans cette circonscription et les différents candidats de gauche réunis ensemble environ 30%. La majorité présidentielle, elle, arrive troisième avec 15% des suffrages. Mais les dynamiques sont toujours différentes lors des scrutins avec des personnalités et des enjeux locaux.

• Agnès Pannier-Runacher

Dans la 2e du Pas-de-Calais, Agnès Pannier-Runacher peut compter sur un secteur aux mains de son mouvement, où dès 2017 Jacqueline Maquet a été élue avec l'étiquette LREM.

Problème: dans cette région où le RN fait de très bons scores, la ministre déléguée auprès de l’Agriculture ne fait pas l'unanimité localement. Nicolas Desfachelle, ancien suppléant Renaissance dénonce un "parachutage" et se présente contre elle, appuyé par plusieurs ténors locaux.

Côté RN, le candidat Alban Heusèle bénéficie à l'inverse d'un bon ancrage local. Rôdé aux élections locales, ce conseiller régional aux scores en progression constante depuis les législatives de 2017 peut compter sur le score du mouvement d'extrême droite aux européennes pour contrer la ministre. Le 9 juin, Jordan Bardella a fait quatre fois mieux que la liste de la majorité.

• Clément Beaune

Dans la 7e circonscription de Paris, l’ancien ministre et député Renaissance Clément Beaune y croit. Après une victoire sur le fil en 2022 en dominant la Nupes d'une courte tête, avec 50,2% des voix, il affronte cette fois-ci le socialiste Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo, maire de Paris.

Représentant de l'aile gauche de la Macronie, l'ancien ministre délégué aux Transports pourrait souffrir de la comparaison socialiste investie par le Nouveau Front populaire. Regrettant qu'une alliance PS-Renaissance n'ait pas eu lieu, le sortant parisien doit composer dans un couloir très étroit. Dans cette circonscription, les électeurs ont voté à plus de 50 % pour un candidat de gauche lors des dernières élections européennes. 

• Olivier Véran

La gauche unie pourrait donner du fil à retordre à Olivier Véran dans la 1ère circonscription de l'Isère. Candidat à sa réélection, l'ex-ministre de la Santé brigue un quatrième mandat dans une circonscription où la gauche fait plus de 40% aux dernières élections européennes. Il affronte Hugo Prévost, 24 ans, un candidat Nouveau Front populaire connu localement pour avoir passé une dizaine d'années dans les milieux syndicaux et associatifs.

Face à eux, un RN, vainqueur de loin des européennes sur ce territoire, et une droite désunie. Le candidat Alexandre Lacroix (ex-LR passé par Reconquête puis repassé chez LR) a bénéficié d'une alliance entre le Rassemblement national et Éric Ciotti tandis qu'un autre LR investi par la direction intérimaire concourt également.

• Sabrina Agresti Roubache

"L'arc républicain" entre la majorité et les LR anti-Ciotti pourrait profiter à Sabrina Agresti Roubache dans la 1ère circonscription des Bouches du Rhône. La ministre de la Ville chargée du plan "Marseille en grand" brigue ce bastion de la droite, débarrassée de son adversaire LR pour ces législatives anticipées.

Elle va devoir sauver son siège, après l'avoir arraché de justesse en 2022 face au RN et affronter la candidate d'extrême droite Monique Griseti. Cette dernière a le champ libre à droite, sans LR pro-Ciotti, après une alliance entre le député des Alpes-Maritimes et le parti lepéniste. À sa gauche, la secrétaire nationale de Place publique, Pascaline Lécorché investie par le Nouveau Front populaire.

• Paul Midy

Le député sortant de Paris-Saclay, le macroniste Paul Midy est à nouveau candidat aux élections législatives dans la 5e circonscription de l'Essonne. Il fait face à l'eurodéputé sortant de la gauche écologiste, Pierre Larrouturou (Nouvelle donne), parachuté par le Nouveau Front populaire pour lui faire face. En 2022, ce proche de l'Elysée l'avait gagné à l'arraché. À 19 voix près face au député sortant Cédric Villani, qui après avoir marché pour la majorité présidentielle avait rejoint la Nupes.

Dans cette circonscription, le 9 juin dernier, la majorité présidentielle était arrivée en tête avec 21,1% des scrutins. Cependant, l'ensemble de la gauche unie rassemblait alors plus de 42% des voix. Paul Midy peut donc craindre que le Nouveau Front populaire lui rafle cette fois la place. Face à eux, le parti à la flamme a investi une novice issue de la société civile: Laetitia Horvelin, chauffeuse privée VTC, âgée de 52 ans, qui compte bien bénéficier de la dynamique des européennes pour casser le duo droite-gauche de ces législatives.

"L'arc républicain" Renaissance-LR

• Le divers droite Francis Dubois face à François Hollande

L'ancien chef d'État part à la reconquête de sa circonscription, la 1ère de Corrèze où il a été élu pour la première fois en 1988. Il y sera opposé au député sortant Francis Dubois. Un ex-LR qui court sous la bannière "divers droite" après avoir claqué la porte des Républicains en apprenant l'accord passé entre Eric Ciotti et le Rassemblement national.

Soutenus pas des élus locaux, Francis Dubois peut surtout compter sur l'appui de la majorité. "Nous soutiendrons le candidat de droite face à François Hollande", a indiqué Gabriel Attal sur RTL lundi 17 juin, mettant en place le principe de "l'arc républicain", défendu par la majorité dans certaines circonscriptions.

Dans la 3e circonscription des Hauts-de-Seine, la majorité présidentielle ne présentera pas non plus de candidat face au député LR sortant Philippe Juvin. Le candidat fait lui aussi partie de "l'arc républicain" défendu par le camp macroniste.

Il bénéficie par ailleurs d'un fort ancrage local. Maire de La Garenne-Colombes jusqu'en 2022, il a été conseiller général des Hauts-de-Seine entre 2004 et 2009. En 2022, il s'était fait élire avec 38% des voix en triangulaire au second tour face au candidat Ensemble de l'époque (majorité présidentielle) et celui de la gauche unie de la Nupes.

• Loïc Signor

Face au médiatique LFI sortant, Louis Boyard, qui fait campagne au nom de l'union des gauche, la majorité et les LR s'allient. Dans la 3e circonscription du Val-de-Marne, le porte-parole et ancien journaliste, Loïc Signor, est investi par Renaissance face aux champ libre laissé par les Républicains.

Lors du scrutin des européennes, dans cette circonscription, c'est le RN qui est arrivé en tête avec 27% des voix, soit moins qu'au niveau national. LFI a réuni près de 25% des scrutins.

L'alliance RN-LR

• Marine Le Pen

Pas de candidat LR dans la 11e circonscription du Pas de Calais. À droite face à Marine le Pen, il y a cependant le candidat Reconqête, Geoffrey Fournier (lui-même un ancien RN). Élue députée en 2017 (58,5% au second tour), puis réélue en 2022 (61% au second tour), elle a le champ libre dans cette circonscription qui comprend Hénin-Beaumont, fief du parti.

Aux élections européennes de 2024, Jordan Bardella a réuni 54,5% des voix. Marine Le Pen est donc largement favorite de ce scrutin. La challengeuse du Nouveau Front populaire, Samira Laal suppléé par Marine Tondelier (présidente des Écologistes) veut, elle, essayer de déjouer les pronostics.

• Éric Ciotti

Aux européennes, le mouvement de Marine Le Pen a fait plus de 37% dans la circonscription d'Eric Ciotti, dans les Alpes-Maritimes. Du fait de son accord avec le RN, le président du LR -avant d'être poussé vers la sortie- n'aura pas de candidat du Rassemblement national face à lui. Ce qui pourrait lui permettre d'obtenir un cinquième mandat.

Pour le punir de sa "traitrise" selon les mots de Valérie Pécresse, un LR a été investi par les fidèles à la ligne du parti pour lui tenir tête. Le président des Républicains, exclu après son accord avec l'extrême droite, saura très vite si sa stratégie radicale a payé ou non.

• Typhanie Degois

Virage à l’extrême droite pour Typhanie Degois dans la 1ère circonscription de Savoie. Élue députée La République en marche en 2017, elle se présente cette fois avec l’étiquette “Grande alliance de la Droite” (ou "Union de l'extrême droite, selon le ministère de l'Intérieur), soutenue par chef déchu des LR, Éric Ciotti, et le président du RN, Jordan Bardella.

Circonscription dévolue à l’UDF puis à l'UMP, elle est conquise par les macronistes en 2017. Et conservée haut la main par la majorité aux législatives 2022 (59% contre 41% pour la Nupes). Elle y affrontera une membre du gouvernement, puisqu'en 2022 Marine Ferrari, secrétaire d'État chargée du Numérique, avait été choisie par les électeurs.

• Sébastien Soulé

Ancien policier de la Bac nord de Marseille, Sébastien Soulé est candidat soutenu par le Rassemblement national (RN) dans la 1ère circonscription du Var. Son visage est inconnu, mais il est l'un des policiers dont l'histoire a inspiré le film à succès Bac Nord. Poursuivi pour racket de trafiquants, il est relaxé en 2012.

Territoire historiquement favorable au parti d'extrême droite, cette circonscription est cependant la seule du département à ne pas avoir élue un député RN lors des dernières élections de 2022. Aux européennes, la liste de Jordan Bardella est arrivé en tête avec 35% des voix (contre 13,7% pour la candidate Renaissance, Valérie Hayer).

La désunion des droites

• Marie-Caroline Le Pen

Dans la 4e circonscription de la Sarthe, Marie-Caroline Le Pen, sœur de Marine, est parachutée par le RN dans le fief de François Fillon. Sur ce territoire, le parti lepéniste a fait de très bons scores aux dernières législatives en 2022. 87 voix seulement avaient séparé le candidat RN de la gagnante insoumise Élise Leboucher qui se représente sous la bannière Nouveau Front populaire.

Marie-Caroline Le Pen devra convaincre face aux candidats divers droites et LR. Une union de ce côté-là de l'échiquier politique n'ayant pas été trouvée.

• Laurent Wauquiez

Déjà élu deux fois en 2004 et en 2012, l'actuel président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, convole à nouveau pour Les Républicains dans la 1ère circonscription de Haute Loire.

Si Laurent Wauquiez est favori, il doit faire face à un Rassemblement national fort, arrivé en tête lors des élections européennes dans le département. Les partisans de Marine Le Pen et Jordan Bardella bénéficient désormais de l'appui du camp Ciotti côté LR dissidents.

Aux européennes, avec 37,77% des voix, la liste d'extrême droite est arrivée loin devant la liste LR, quatrième du classement avec seulement 10,70% des scrutins en Haute-Loire.

Le Nouveau Front populaire

• Aurélien Rousseau

Dans la 7e circonscription des Yvelines, l’ancien ministre de la Santé et ex-directeur de cabinet d'Élisabeth Borne a créé la surprise en ralliant le Nouveau Front populaire. La rupture avec le parti présidentiel a eu lieu en décembre 2023, à cause de son désaccord sur la loi immigration.

Dans cette circonscription, autrefois détenue par Michel Rocard, il sera notamment confronté à la députée sortante Renaissance Nadia Hai ou encore Babette de Rozières, médiatique cheffe et candidate du RN.

• Fabien Roussel

L'ancien candidat à la présidentielle de 2022 pour le Parti communiste va tenter de conserver le siège qu’il occupe depuis 2017 dans la 20e circonscription du Nord. Sous la bannière du Nouveau Front populaire.

Opération moins facile qu'en 2022. À l'époque, il avait gagné face au candidat du RN Guillaume Florquin (de nouveau candidat cette année) avec 54% des voix au second tour. Mais poura-t-il à nouveau l’emporter dans ce territoire très favorable à l’extrême droite? Ils sont 47% à avoir porté leur choix sur Jordan Bardella aux européennes. Léon Deffontaines, la tête de liste du PCF, a lui, fait 11, 34%. Un score bien supérieur au niveau national pour le candidat communiste.

Les dissidents du NFP

• Raquel Garrido

La sortante LFI de la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis, Raquel Garrido, se représente sans avoir été réinvestie dans le cadre du Nouveau Front populaire. Victime de la purge du parti mélenchoniste, après avoir critiqué des dérives autoritaires internes, elle devra affronter le candidat investi par La France insoumise, Aly Diouara.

• Alexis Corbière

Dans la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis, le député LFI sortant Alexis Corbière, subit le même sort que sa collègue Raquel Garrido. Il aura face à lui une candidat officiellement soutenue par le NFP, Sabrina Ali-Benali. En 2022, le médiatique député l'avait emporté haut la main, dès le premier tour, avec 63% des voix.

Aux européennes, le bloc de gauche dépasse les 70% des voix dans cette circonscription qui échappera difficillement à la gauche.

• Jérôme Guedj

Le socialiste affrontera une candidature dissidente Génération•s-LFI dans la 6e circonscription de l'Essonne. Le sortant PS a annoncé ne pas vouloir s'associer à l'union de la gauche du "Nouveau Front populaire", en raison de l'accord avec la France insoumise.

En 2022, Jérôme Guedj s'était imposé face à la figure de la majorité présidentielle, Amélie de Montchalin. Aux européennes, si le RN est arrivé en tête avec 19,2% des voix, le bloc de gauche rassemblé est largement majoritaire.

• L'après Adrien Quatennens dans le Nord

Dans la 1ère circonscription du Nord, l'investiture puis le retrait de l'insoumis Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales, a semé la confusion à gauche. La militante féministe Amy Bah portée par le collectif "Nous Toutes" et soutenue par Martine Aubry, qui s'était présenté en barrage face à lui se maintient, malgré le retrait.

Cette candidature féministe de gauche affrontera donc le remplaçant du fidèle mélenchoniste: Aurélien Le Coq, bras droit d'Adrien Quatennens dans le Nord et responsable national des Jeunes insoumis.

• Jérôme Cahuzac

Dans la 3e circonscription du Lot et Garonne, l'ancien socialiste Jérôme Cahuzac est de retour et compte bien faire bande à part. L’ancien ministre du Budget, condamné pour fraude fiscale sous le quinquennat de François Hollande, va tenter de se refaire dans son ancien secteur où il avait été élu pour la première fois en 1997.

Ni soutenu par le Nouveau Front populaire, ni par la majorité qui a annoncé soutenir la droite, il va donc faire cavalier seul.

Dans cette circonscription, le RN a réuni 38% des électeurs s'exprimant lors des dernières européennes. La députée sortante, et candidate, est Annick Cousin, déléguée départementale RN du Lot-et-Garonne et conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine.

Hortense de Montalivet