Législatives: de sa famille aux partis, comment trouver quelqu'un de fiable à qui confier sa procuration
Après des délais très courts pour organiser une campagne de A à Z, ces législatives battent aussi le record de procurations. Défilés dans les gendarmeries et les commissariats, messages qui se bousculent dans les groupes familiaux et amicaux sur les réseaux sociaux... À quelques jours du premier tour, déjà plus de 1.300.000 de demandes ont été enregistrées en France.
Tandis que les débats sont fortement polarisés et les tensions accrues, la question de trouver une personne de confiance peut se poser au moment de donner sa consigne de vote. Amis, familles, plate-formes généralistes ou partis politiques: vers qui se tourner pour confier son vote en toute sérénité?
Si vous n'avez pas encore fait votre procuration...
Vous ne pouvez pas vous rendre vous-mêmes dans votre bureau de vote pour élire votre député au premier tour le 30 juin? Il est encore temps de faire une procuration et de confier votre vote à un proche. Pas de date butoir pour le faire, mais un délai de la mairie pour enregistrer la demande: évitez la dernière minute.
Près de 80% des procurations se font maintenant de façon dématérialisée sur Internet. Pour cela, il faut simplement disposer d'une carte d'identité au nouveau format type carte bancaire. Pour ceux qui n'en possèdent pas, il est toujours possible de faire une demande sur le site maprocuration.gouv.fr ou de remplir le traditionnel formulaire papier Cerfa.
Dans ces deux derniers cas, il faudra se rendre dans un commissariat ou une brigade de gendarmerie pour faire valider cette demande.
Une fois faite, cette procuration doit être confiée à une personne de confiance dont on est sûre qu'elle respectera notre consigne de vote. Parents, frères et sœurs, amis... Confier sa procuration à son entourage proche reste en général la solution la plus simple et rapide. D'autant qu'un vote par procuration doit être déposé dans le bureau de vote de l'émetteur. Il y a ainsi plus de chance de partager le même bureau de vote que ses parents. Ou d'avoir des amis qui habitent proche du sien.
Amis et famille, la valeur sûre?
Reste la question de la confiance. Selon notre sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche du 22 juin, le Rassemblement national et ses alliés arriveraient en première position au premier tour des législatives. L'union des gauches pourrait atteindre 27% des voix. Les deux, distançant largement la majorité présidentielle créditée à 20% des voix.
Au sein des familles et des amis, les débats et les tensions entre individus aux idées politiques différentes s'exacerbent au point que certains se demandent s'ils peuvent compter sur leur entourage pour respecter leur consigne de vote.
"Je fais confiance à mes parents et j'ai l'habitude de leur donner mes procu. Mais là, je ne sais pas, j'ai trop peur d'un passage du RN... Je sais qu'ils ont glissé vers l'extrême droite ces dernières années", confie à BFMTV.com, mal à l'aise, Léonor, 31 ans, qui vit à Montréal tandis que ses parents habitent en grande banlieue en Île-de-France.
Pour Samy, qui loge dans un studio de l'est parisien, le dialogue est devenu difficile avec ses amis et ses parents. "On a du mal à se comprendre politiquement... En 2022, ils ont respecté mes consignes... Mais là non, je ne sais pas comment dire, je ne le sens pas. Et il y a trop d'enjeux je trouve", explique l'étudiant en art de 19 ans qui a confié son vote à une connaissance de sa fac, militante et activiste.
Hélie, jeune actif d'un quartier du centre-ville de Bordeaux a décidé d'arrêter de parler de politique depuis quelques jours pour éviter de "gâcher les bons moments". Sa procuration, il l'a faite via une plate-forme dédiée: "C'est plus simple comme ça, tout le monde est tranquille".
Voter via les plates-formes de procuration
Pour ceux tentés comme Hélie par cette option plus neutre, plusieurs façons de procéder existent. Le site "Plan procu" par exemple, qui met en relation des volontaires, a justement été créé pour ça. Depuis l'annonce de la dissolution le soir des élections européennes, les connexions y sont de plus en plus nombreuses. Jusqu'à atteindre mi-juin un pic de demandes enregistrées, avec plus 60.000 procurations confiées.
Confier son vote à un inconnu de cette plate-forme reste un acte de confiance. Qui pourrait donc être mis à mal par de potentielles tentatives de manipulation par des militants? Clémence Pène, co-fondatrice de l'ONG A voté qui a lancé "Plan procu", reconnaît auprès de BFM Business que le risque existe. Comme pour n'importe quelle procuration.
"On ne sait jamais ce qu'il se passe dans l'isoloir", résume-t-elle.
Si des manipulations individuelles et épisodiques restent possibles, les équipes de "Plan Procu" guettent tout phénomène douteux, comme l'inscription massive d'un certain nombre d'électeurs sur une courte période.
Confier sa procuration à un parti politique
Dernière option: donner sa procuration directement à un parti politique. Sur des sites mis en ligne par les partis en lice, il suffit de remplir un formulaire pour mettre en relation des électeurs et des militants volontaires. Il faut s'inscrire en laissant ses coordonnées pour être ensuite contacté par mail avec une proposition de mandataire. La demande doit ensuite être validée au commissariat, comme pour une procuration classique.
De plus en plus répandues dans les cercles de sympathisants et de militants, ces procurations via les mouvements politiques tendent à se démocratiser, comme l'explique le sociologue Benjamin Coulmont dans ses récentes études sur le vote par procuration.
C'est d'abord la droite puis la droite libérale et les socialistes qui ont participé à démocratiser cette pratique depuis une vingtaine d'années. Aujourd'hui, la plupart des grands partis politiques offrent ce service à leurs électeurs.
Pour le 30 juin prochain, en fonction des affinités politiques, il est donc possible de confier sa voix au Nouveau Front populaire, au Rassemblement national, à Ensemble (majorité présidentielle) ou encore à Reconquête. Le site de procuration des Républicains en revanche, n'a pas encore été actualisé, à l'heure où nous écrivons.