Législatives: le nucléaire, grand absent du programme du Nouveau Front populaire
Les électeurs en savent désormais un peu plus sur le projet du Nouveau Front populaire. L'alliance autour des quatre principaux parties de gauche - Les Ecologistes, la France Insoumise, le Parti communiste français et le Parti socialiste - a dévoilé vendredi midi son programme en vue des élections législatives qui se tiendront les 30 juin et 7 juillet.
Parmi les principales mesures économiques figurent le blocage des prix des biens de première nécessite dans l'alimentation, l'énergie et les carburants, la hausse du SMIC à 1.600 euros net ou encore l'objectif d'un retour à la retraite à 60 ans.
Mais à peine une semaine après les élections européennes qui ont mis un coup de projecteur sur les questions énergétiques, le nucléaire fait office d'absent de taille dans le programme du Nouveau Front populaire. Le terme "nucléaire" n'est employé que pour évoquer un retour sur la réforme de la sûreté nucléaire matérialisée par la fusion entre l'Agence de sûreté nucléaire (ASN) et l'Institut de recherche sur la sûreté nucléaire (IRSN). Aucune mention n'est faite du vaste programme de relance de la filière qui doit aboutir à la construction de six nouveaux EPR à partir de 2027 auxquels s'ajouteront huit infrastructures supplémentaires.
Le PCF et les Socialistes d'un côté, les Insoumis et Ecologistes de l'autre
Cette absence a de quoi interpeller car deux composantes majeures du Nouveau Front populaire évoquaient le nucléaire dans leur récent programme pour les élections européennes mais dans des perspectives bien différentes, ce qui pourrait finalement expliquer cette omission. D'un côté, le Parti communiste français souhaitait donner plus de place au nucléaire, que sa tête de liste Léon Deffontaines qualifiait d'"écologie de l'avenir", en alignant la fiscalité concernant cette forme d'énergie sur celle des énergies renouvelables.
De l'autre côté, La France Insoumise prévoyait de planifier la sortie du nucléaire et des énergies carbonées afin de s'orienter vers un mix énergétique 100% renouvelable à horizon 2050, un objectif qu'entendaient atteindre Les Ecologistes dès 2040.
Le socialiste Raphaël Glucksmann se disait quant à lui opposé au 100% renouvelable et plutôt favorable à la construction de nouveaux EPR.
Les EPR "sont une faillite financière"
Si aucune position claire quant à la filière nucléaire n'est prise explicitement dans le programme publié vendredi, il pouvait paraître plausible que certaines mesures inscrites évoquent cette énergie à commencer par le vote d'une loi énergie-climat ou encore la mise en place d'un plan climat visant la neutralité carbone en 2050.
Dans tous les cas, l'accent semble bel et bien mis sur les énergies renouvelables puisque le volet dédié à la planification écologique prévoit de "renforcer la structuration de filières françaises et européennes de production d'énergies renouvelables" ou encore de "faire de la France le leader européen des énergies marines avec l'éolien en mer et le développement des énergies hydroliennes.
Invitée sur le plateau de BFMTV en début d'après-midi, la patronne des Ecologistes Marine Tondelier a semblé affirmer que la filière nucléaire ne ferait l'objet d'aucune mesure concrète en cas de victoire du Nouveau Front populaire lors des élections législatives. "On s'est mis d'accord sur un programme de gouvernement pour 100 jours, a-t-elle insisté. On ouvre et ne ferme pas de centrales nucléaires ni en 100 jours ni en deux ans. L'argent qu'on ne va pas mettre dans ces EPR qui sont une faillite financière, on va le mettre ailleurs."
"Quand on construit des éoliennes, c'est moins cher, plus rapide et meilleur pour les finances publiques. C'est aussi meilleur pour résoudre plus vite la crise énergétique et la crise climatique et remplir plus vite les Accords de Paris."