Législatives: LFI, PS, EELV, PCF... quel rapport de force à gauche après les résultats du second tour?
Une victoire pour la gauche. Le Nouveau Front populaire a remporté le second tour des élections législatives ce dimanche 7 juillet, devenant la première force politique à l'Assemblée nationale, devant la coalition présidentielle Ensemble et le Rassemblement national. Avec plus de 180 députés, cette nouvelle union de la gauche entre EELV, PCF, PS et LFI progresse par rapport à la Nupes (150 élus).
Selon les estimations d'Elabe, la France insoumise en sera la première force avec 76 élus, un chiffre stable par rapport à 2022. Car si le mouvement de Jean-Luc Mélenchon perd dans certains territoires (Rachel Kéké est battue dans le Val-de-Marne, Caroline Fiat est battue en Meurthe-et-Moselle), il remporte beaucoup de duels face au RN (Alma Dufour conserve son siège en Seine-Maritime, Raphaël Arnault remporte une circonscription acquise jusqu'ici par le Rassemblement national dans le Vaucluse).
Le Parti socialiste double son nombre de députés, EELV en progression
Si la gauche arrive au pouvoir, un insoumis ira-t-il à Matignon, comme le promettaient les cadres du mouvement avant le premier tour? LFI est loin d'être majoritaire au sein de l'alliance: EELV progresse avec un total de 34 sièges (contre 23 en 2022), tout comme le PS, qui double son nombre de députés pour atteindre 65 élus (contre 31 en 2022).
Une progression qui s'explique par un fort barrage républicain contre l'extrême droite au second tour des élections législatives et des triangulaires ou duels remportés sur des terres macronistes: Stanislas Guerini est battu à Paris par l'écologiste Léa Balage El Mariky et le socialiste Fabrice Roussel devance Sarah El Haïry en Loire-Atlantique.
Toutefois, du côté du PS, la vice-présidente de l'Assemblée nationale Valérie Rabault est battue par le Rassemblement national dans le Tarn-et-Garonne.
Quant aux communistes, Elabe estime leur nombre à 9 dans la nouvelle Assemblée nationale. Mais au delà des élus PCF, le groupe Gauche démocrate et républicaine pourrait être maintenu si des députés d'outre-mer, étiquettés "divers gauche" ou "régionalistes" les rejoignent.
Le parti de Fabien Roussel pourrait aussi miser sur les députés LFI en rupture avec Jean-Luc Mélenchon qui ont été réélus ce dimanche pour renforcer leur groupe: Danielle Simonnet, Alexis Corbière, Clémentine Autain, François Ruffin...
Par ailleurs, des candidats sans l'étiquette NFP, mais "divers gauche", pourrait se retrouver dans le bloc de gauche, et modifier les équilibres. Des élus comme Jérôme Guedj ou David Habib pourraient siéger avec les élus socialistes et rapprocher le groupe PS de celui de LFI.
Des discussions sur le nom du Premier ministre
Avant le premier tour, les cadres insoumis indiquaient que "le groupe parlementaire le plus important" après la victoire de la gauche devait "présenter le candidat" à Matignon. Mais cette majorité relative pour l'union de la gauche changera-t-elle la donne?
Emmanuel Macron "doit nommer un ou une Première ministre du Front populaire", a lancé à l'annonce des résultats Jean-Luc Mélenchon devant ses partisans. Des mots repris par Mathilde Panot sur BFMTV, ouvrant ainsi la porte à la nomination d'un écologiste, d'un insoumis ou d'un socialiste.
"Quant à savoir qui c'est exactement, il faudra attendre. Nous faisons par étape, ce n'est pas ce soir que je vais vous annoncer qui sera notre Premier ministre", a lancé la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, disant "attendre les résultats" définitifs.
"Nous avons convenu de nous retrouver avec les chefs du Nouveau Front populaire plus tard dans la soirée parce qu'on a beaucoup de travail. Nos décisions ne se feront pas sur les plateaux télé", déclarait quelques minutes plus tôt sur BFMTV Marine Tondelier, cheffe d'EELV.
Sandrine Rousseau, elle, évoquait la désignation d'un nom au moyen d'une réunion de l'ensemble des députés du Nouveau Front populaire. Par un vote? "Oui bien sûr, ce sera démocratique, évidemment", répond la députée écologiste de Paris.
Le programme du NFP, la "seule boussole"
Les partis ont le temps de réfléchir. Rien n'impose à Emmanuel Macron de se presser pour nommer le remplaçant de Gabriel Attal, qui présentera sa démission ce lundi. "Le président de la République prend actuellement connaissance des résultats de ces élections législatives au rythme des remontées, circonscription par circonscription", indiquait l'Elysée à BFMTV.
Quant au programme, même si Raphaël Glucksmann évoquait de possibles compromis pour trouver une majorité, toutes les composantes de l'union de la gauche semblent vouloir appliquer celui de l'alliance. "Nous n'aurons qu'une seule boussole, celle du programme du Nouveau Front populaire", a ainsi déclaré Olivier Faure, Premier secrétaire du PS.
Plusieurs responsables du camp présidentiel ont toutefois estimé que la gauche n'avait pas une majorité suffisante pour gouverner. Arithmétiquement, une autre coalition est aussi possible: les 160 députés du camp présidentiel et les 67 députés Républicains devancent largement les composantes du Nouveau Front populaire. "Le pays est à droite. On doit gouverner à droite", plaidait d'ailleurs dès ce dimanche soir Gérald Darmanin, réélu dans sa circonscription du Nord face au Rassemblement national.