Élections législatives
Elections Législatives 2024

Législatives: NFP en tête, déception pour le RN, France ingouvernable? Les 5 leçons du second tour

Une nouvelle fois, à l'instar du scrutin de 2022, les sondages n'ont pas permis de prévoir ces résultats du second tour des législatives. Contre toutes les prédictions, le Nouveau Front populaire est arrivé en tête. Et le Rassemblement national arrive en troisième position, derrière Ensemble. Sans majorité absolue pour aucun des trois blocs.

Avec 182 députés, le Nouveau Front populaire termine en tête de ces élections législatives en nombre de sièges. Grand gagnant du premier tour, le RN chute finalement au second tour, avec 143 sièges, alors qu'il pouvait rêver d'une majorité absolue au delà des 289 parlementaires. Entre ces deux forces, la coalition présidentielle Ensemble perd sa majorité relative et obtient 163 députés.

Pas de majorité absolue en vue à l'Assemblée nationale donc (qui nécessitait 289 sièges sur 577) et un futur gouvernement qui va devoir probablement créer des coalitions et des alliances, texte par texte. Constitutionnellement, en tout cas, Emmanuel Macron n'est tenu à rien, mais il devra choisir un Premier ministre capable de former un gouvernement qui resiste à de possibles motions de censure au Palais-Bourbon.

Quelles sont les leçons de ce second tour? BFMTV.com vous fait le point.

• Le NFP en tête, sans majorité absolue

Comme en 2022 avec la Nupes, le Nouveau Front populaire rassemble les forces de gauche pour ces élections législatives anticipées. Mais le bloc vire cette fois en tête du second tour des élections législatives: la coalition obtient 182 députés, selon notre décompte Elabe pour BFMTV, RMC et La Tribune dimanche. En 2022, la Nupes avait obtenu 150 sièges.

Au premier tour des élections législatives, le NFP était arrivé en seconde position avec 27,99% des voix, derrière le Rassemblement national et ses alliés (33,14%). Un résultat qui peut notamment s'expliquer par les nombreux désistements liés au front républicain contre le RN et une participation plus forte encore qu'au premier tour (67,1% contre 66% au premier tour).

L'union de la gauche n'a toutefois pas atteint la majorité absolue, mais qu'une majorité relative. À l'intérieur de son bloc, LFI arrive en tête (75 sièges), 65 sièges pour le PS, 33 pour les Écologistes, et 9 pour les communistes. Sans compter les divers gauche, qui pourrait s'associer au groupe et faire basculer les équilibres.

Deux questions subsistent après cette victoire: Le Nouveau Front populaire va-t-il rester uni, ou chaque parti va-t-il reprendre son indépendance? Enfin, la figure de Jean-Luc Mélenchon va-t-elle s'imposer ou non? Pendant la campagne, il avait été traité de "boulet" par François Ruffin, réélu dans la Somme et qui a, d'ores et déjà, annoncé qu'il ne siégerait plus avec les Insoumis.

• Le RN, déçu, signe malgré tout sa meilleure performance

L'extrême droite reste finalement aux portes du pouvoir. Ce dimanche 7 juillet, après le second tour des législatives, Marine Le Pen -élue au premier tour dimanche dernier à Hénin-Beaumont- n'aura jamais été aussi proche de faire rentrer son parti au gouvernement. Mais les lépenistes font un score moins bon que prévu. 143 sièges leur seront dévolus: 126 pour le Rassemblement national et 17 à leur alliés, proches d'Eric Ciotti.

Certaines figures-phare de ce scrutin n'ont pas réussi à faire basculer certaines circonscriptions face à la gauche, comme l'espérait par exemple la soeur ainée de la leader du parti, Marie-Caroline Le Pen.

Toutefois, cette défaite est à relativiser. Car le vrai résultat pour le RN, c'est d'avoir largement augmenté son nombre de députés en deux ans, par rapport à la dernière mandature (plus de 55 députés). En 2022, le parti lepéniste avait bénéficié d'une surprise en faisant entrer beaucoup plus de députés que prévus dans l'hémicycle. Plusieurs sondages leur donnaient une trentaine de députés, c'était une groupe de 89 élus qui franchissaient le seuil du Palais Bourbon.

"Notre victoire n'est que différée", a ainsi estimé Marine Le Pen au soir des résultats ce dimanche 7 juillet, la présidentielle de 2027 dans le viseur.

• Ensemble résiste mieux que prévu

On l'annonçait perdu, en fin de règne... Au second tour de ces législatives, le macronisme n'a pas dit son dernier mot. 163 députés du camp présidentiel prendront place au Parlement, selon notre décompte: 99 pour Renaissance, 33 pour le Modem, 26 pour Horizons et 5 divers centre ou autres. Entre 120 et 140 sièges étaient dévolus à la majorité selon les derniers sondages, à l'aube de la période de réserve vendredi 5 juin.

La coalition présidentielle, arrivée troisième au premier tour est en seconde position, une semaine plus tard. Elle peut remercier la gauche et ses désistements. Une fois de plus, le barrage républicain en cas de triangulaires face à un candidat RN ont aidé Emmanuel Macron et ses alliés à se maintenir de façon raisonnable.

Ce score est malgré tout plus bas qu'en 2022, où déjà le barrage républicain avait également fait son oeuvre. Il y a deux ans, Ensemble avait obtenu 250 sièges.

• Gabriel Attal présente sa démission

Le Premier ministre est réélu dans sa circonscription des Hauts-de-Seine. Mais si sa réélection dans ce territoire n'est pas une surprise, c'est surtout sa place à Matignon qui était en jeu.

À l'issue des résultats de ce second tour des législatives, l'élu des Hauts-de-Seine a ainsi fait le choix de déposer sa démission, son camp n'ayant pas obtenu la majorité relative dans l'hémicycle.

"La formation politique que j'ai représenté dans cette campagne (...) ne dispose pas d'une majorité, ainsi, je remettrai demain matin ma démission au président de la République", a annoncé Gabriel Attal depuis Matignon ce dimanche 7 juillet au soir.

Il estime toutefois que "trois risques ont été écartés par les Français": la victoire d'une majorité absolue à gauche menée par la France insoumise, une majorité absolue de l'extrême droite et une disparition d'Ensemble.

• Vers une France ingouvernable?

La "clarification" voulue par Emmanuel Macron aura paradoxalement accouché d’une situation d’une complexité inédite. Sans majorité absolue dans l'hémicycle, la France pourrait se retrouver sans boussole politique. Et l'Assemblée encore plus fragmentée et choatique que lors de la dernière mandature, divisées en trois blocs forts,

Les tractations et les négociations, texte par texte devraient se succéder dans les mois à venir. Donnant lieu très probablement à une forme de lenteur législatives et de nombreux débats houleux.

"On est dans une Assemblée divisée, il va falloir se comporter en adultes. […] Il va falloir accepter que l’Assemblée nationale devienne le coeur du pouvoir. Aujourd’hui, on a mis fin au jupitarianisme de la Ve Républiqueé, a résumé Raphaël Glucksmann.

Olivier Faure a parlé, lui, d’une "refondation autour de grands axes qui permettent à nouveau de faire nation. Il doit y avoir un avant et un après 7 juillet."

La prochaine étape est la formation d'un gouvernement. Emmanuel Macron n'a pas l'obligation d'aller vite, et il est libre de ce choix. Mais l'exécutif devrait trouver l'assentiment de l'Assemblée nationale, sous peine d'être menacé rapidement par une motion de censure.

Hortense de Montalivet