Élections législatives
Elections Législatives 2024

Législatives: propos racistes, antisémites... Ces candidats RN qui embarrassent le parti

Plusieurs candidats du Rassemblement national (RN) aux législatives sont épinglés ces derniers jours pour leurs propos racistes, antisémites ou xénophobes. Même si les cadres du parti assurent que "le ménage sera fait" et que certains candidats épinglés se sont retirés, plusieurs d'entre eux peuvent espérer être élus ce dimanche 7 juillet.

Avec 33% des suffrages, le RN est arrivé en tête du premier tour des élections législatives dans 297 circonscriptions ce dimanche 30 juin. Le parti apparaît désormais comme le favori pour être la première force politique à l'Assemblée nationale à l'issue du second tour.

Alors que le RN est aux portes du pouvoir, depuis plusieurs jours, le passé et les propos de certains des candidats d'extrême droite qui pourraient être élus sur leur territoire ressurgissent. Plusieurs d'entre eux ont, en effet, été épinglés pour leur comportement, d'autres pour avoir tenu des propos complotistes, racistes, sexistes, antisémites ou xénophobes.

"Pour une France épurée et sécurisée"

Dès le lendemain du premier tour, les premiers exemples ont émergé. "J’ai comme ophtalmo un juif. Et j’ai comme dentiste un musulman", a déclaré au média d'information locale leglob-journal Paule Veyre de Soras, candidate Rassemblement national dans la première circonscription de la Mayenne qualifiée pour le second tour avec 28%.

Dans l'Yonne, le député sortant Daniel Grenon (40% des voix au premier tour) s'est exprimé, lors d'une interview croisée publiée ce mardi matin par l'Yonne républicaine, sur la volonté du parti d'extrême droite d'"empêcher" les binationaux d'occuper "des emplois extrêmement sensibles".

"Sur 30 ou 40 postes, on ne peut pas se permettre d'avoir des binationaux. Des Maghrébins sont arrivés au pouvoir en 2016, ces gens-là n’ont pas leur place dans les hauts lieux", dit-il.

Dans la deuxième circonscription de l'Ariège, la RN Michèle Alozy est arrivée en deuxième position avec 40% derrière le député sortant PS Laurent Panifous. Ce mardi, elle relayait sur son compte Facebook la publication suivante: "Pour une France épurée et sécurisée, tous avec Jordan Bardella".

Auprès de France 3, la candidate s'est défendue de tout dérapage. "En aucun cas le verbe épurer que certaines personnes interprètent à leur guise n'a été utilisé en rapport envers des minorités, des religions ou une partie de la population. Pour moi épurer c'est résoudre tous les problèmes que les Ariegeoises et les Ariegeois me font part tous les jours (pouvoir, d'achat éducation, incivisme...)", a-t-elle avancée.

Une casquette nazie

Dans le Calvados, Ludivine Daoudi s'est retirée de la course après la publication d'une photo datant de plusieurs années la montrant porter une casquette nazie. Thomas Joly, le président du Parti de la France, un mouvement d'extrême droite pétainiste a par ailleurs affirmé à nos confrères de StreetPress, que Ludivine Daoudi était membre de son parti.

Thomas Joly se vantait avant le premier tour que "deux militantes du Parti de la France" étaient "parvenues à passer sous les fourches caudines de la commission d'investiture du RN".

Le RN assure qu'il "fera le ménage"

Dans un autre registre, arrivée en deuxième position dans la 3e circonscription de Mayenne avec 31%, Annie-Claire Jaccoud Bell a commis une prise d'otage armée en 1995. "Il s'agissait d'un acte désespéré, consécutif à un état d'endettement", raconte la presse locale qui a publié l'information ce mardi.

Le député du Rassemblement national (RN), réélu au premier tour dans l'Oise, Philippe Ballard a répondu à ce dernier cas ce mardi sur le plateau de BFMTV, expliquant "découvrir" cette affaire et demandant "plus d'explications" avant de commenter. Il a également qualifié les propos de la candidate RN de la Mayenne, qui assure que son "ophtalmo est juif" et "son dentiste musulman", "de pas habiles", promettant de "faire le ménage tout de suite".

L'eurodéputé RN, Matthieu Valet, a lui reconnu ce mercredi sur BFMTV "un manque de criblage" des 577 candidats, assurant regarder "les casiers judiciaires et les condamnations".

Avant même le premier tour, Philippe Balard avait déjà été amené à justifier des dérapages. Le 25 juin sur notre plateau, il avait répondu sur de premiers propos de candidats RN épinglés par la presse, estimant là aussi que ces candidats, qui "ont pu passer entre les mailles du filets", seraient "exclus". Il avait également pointé du doigt des candidats condamnés par "cargaison entière" parmi les candidats du Nouveau Front populaire.

Marine Le Pen elle-même avait dû prendre la parole. Elle affirmait avoir été "estomaquée" après les attaques du RN Roger Chudeau à l'encontre de l'ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem. Evoquant sa binationalité, il estimait que le fait qu'elle ait été ministre avait été "une erreur" et "pas une bonne chose pour la République".

Face à la multiplication de ces profils embarassants pour le parti d'extrême droite, Jordan Bardella a fini par prendre la parole ce mercredi 3 juillet. Au micro de France Bleu, le président du parti a reconnu "qu'il peut arriver qu'il y ait des brebis galeuses" parmi les candidats RN.

"Moi, je n'ai pas la main qui tremble", affirme-t-il, assurant avoir "souhaité retirer l'investiture" à ces candidats.

"En 48 heures, quand on nous annonce une dissolution, on a 577 candidats à investir donc évidemment qu'on regarde tout ça avec un très grand intérêt et dans 99,99% des cas il n'y a absolument eu aucune difficulté", a balayé le président du parti d'extrême droite.

Ariel Guez