Les pilotes de ligne vent debout contre le recours à l'IA dans les avions
Y a t-il un pilote dans l’avion? Oui, mais peut-être plus forcément un seul. Et c'est justement ce qui pose un problème au SNPL. Le principal syndicat de pilote en France a alerté mardi sur les risques posés par le recours à l'intelligence artificielle pour la profession et pour les passagers. Les pilotes s'inquiètent notamment de l'impossibilité pour l'IA de gérer l'imprévisible.
Des tests d'avions autonomes
Depuis plusieurs années, les constructeurs d'avion -Airbus en particulier- introduisent à bord des appareils des systèmes informatiques de plus en plus performants, autonomes. Très récemment on a vu par exemple apparaître le programme DRAGONFLY mené par Airbus.
Il s'agissait simplement d'un test, mais le concept interpelle: un avion capable de prendre le contrôle en cas de malaise des pilotes, de se dérouter seul en cas de problème météo, de communiquer avec le contrôle aérien, de se poser seul et rejoindre son point de parking en toute autonomie. Voilà qui donne des sueurs froides aux pilotes.
Aujourd'hui, il y a toujours deux pilotes à bord des avions, ils veillent l’un sur l’autre en croisant toutes les procédures, ce qu'on appelle le cross-checking. Par ailleurs, lors des vols longs courriers, l'un peu se reposer pendant que l’autre est aux manettes.
Tout est doublé dans les avions, pourquoi pas les pilotes?
Or, s'interroge le SNPL, une IA serait-elle capable de poser un avion dans la rivière Hudson comme on l'a vu il y a quelques années? Les passagers vont-ils accepter de monter dans un avion pour faire 8 heures de vol avec un seul pilote et un copilote informatique?
À cette dernière question, le SNPL répond "non" en s'appuyant sur un sondage qu'il a commandé pour l’occasion à Odoxa. Résultat: plus de 80% des Français interrogés sont réservés sur le fait de monter dans un avion avec un seul pilote et une IA pour l'assister.
Pour le SNPL la montée en puissance de ces intelligences artificielles et le "single pilote operation" n'est qu'une question de business. L'argent au détriment de la sécurité.
Dans l’aviation, conclut le syndicat, le maître-mot est la redondance, c'est-à-dire la duplication des composants: plusieurs moteurs, plusieurs génératrices, plusieurs ordinateurs doublés. Alors pourquoi pas les pilotes?