Métropole de Lille: deux ans de prison avec sursis et d'inéligibilité requis contre le président Damien Castelain
Le parquet a requis ce mardi 11 juin deux ans d'emprisonnement avec sursis probatoire et deux ans d'inéligibilité à l'encontre du président DVD de la métropole européenne de Lille (MEL) Damien Castelain, poursuivi entre autres pour détournement de fonds publics.
La procureure Virginie Girard a demandé l'exécution provisoire de ces deux années d'inéligibilité, c'est-à-dire son application immédiate, même en cas d'appel de Damien Castelain, et que les deux années d'emprisonnement avec sursis probatoire soit assorties d'une interdiction d'exercer son activité de président de la MEL pendant un an.
"Tout démontre avec quelle aisance et quelle vénalité il a cherché à se procurer des avantages indus" au détriment du contribuable, a pointé la procureure.
Des pierres bleues d'une valeur de 17.000 euros
Président depuis 2014 de cette métropole au budget de deux milliards d'euros, Damien Castelain comparaît pour détournement de fonds publics, prise illégale d'intérêt, recel et favoritisme.
L'élu a dû s'expliquer sur des pierres bleues d'une valeur de 17.000 euros dont il a bénéficié, en marge de la construction par Eiffage du Grand Stade de Lille, pour paver une terrasse à son domicile, alors qu'il était vice-président de la MEL.
La procureure a souligné qu'il avait fait lui-même la demande de ces pierres à un responsable d'Eiffage qui lui avait déjà fait plusieurs cadeaux coûteux. Il ne pouvait ignorer la valeur et le coût du transport de ces pierres qui ont été spécifiquement commandées pour lui, a-t-elle pointé.
Elle a retracé le dossier tortueux du Grand Stade, rappelant que Damien Castelain avait fait du "lobbying" pour le projet d'Eiffage.
Un "sentiment de toute puissance"
Le reste du dossier du Grand Stade, dans lequel cinq autres personnes avaient été mises en examen pour divers faits de corruption, a abouti à un non-lieu.
L'élu est également jugé pour avoir fait prendre en charge par la collectivité des nuits dans des hôtels de luxe et des repas au restaurant avec sa maîtresse, des vêtements (costumes mais aussi jeans, chaussettes...) ou encore un parfum, ainsi que pour l'usage d'un véhicule de fonction dans un cadre personnel.
S'y ajoutent les conditions privilégiées d'embauche d'une conseillère presse et la prise en charge par la MEL de plus de 22.000 euros de frais d'avocat.
Virginie Girard a souligné son "sentiment de toute puissance" et déploré l'absence de procédures internes à la MEL pour empêcher ces abus.
Elle a demandé dix mois avec sursis à l'encontre de l'ancien directeur général des services de la Mel, jugé pour complicité de prise illégale d'intérêts et atteinte à la liberté d'accès aux marchés publics, et 8 mois avec sursis pour l'ex-conseillère presse.