Moins d'une entreprise sur cinq est sur la voie de la neutralité carbone
Moins d'une entreprise sur cinq est sur la bonne voie pour atteindre la neutralité carbone en 2050, alors que trois ans d'efforts et de collaboration intersectorielle "suffiraient" pour faire de la décarbonation un atout économique et non plus un obstacle, estime le cabinet Accenture dans deux études.
Dans son rapport "Destination net zéro", le cabinet de conseil a analysé les engagements en termes de neutralité carbone, les données d'émission et les activités de décarbonation de 2.000 entreprises dans le monde. Il en ressort des chiffres inquiétants: la moitié des entreprises qui fournissent des données sur leurs émissions ont vu ces dernières augmenter depuis 2016 et seulement 32,5% des entreprises mondiales réduisent leurs émissions.
Côté prévisionnel aussi, le tableau est plutôt noir, puisque seulement 18% des entreprises dans le monde sont "sur la bonne voie pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050", révèle le rapport. La France s'en sort à peine mieux, avec seulement 24% des entreprises sur la bonne voie. En cause? L'impossibilité "d'investir davantage dans la décarbonation compte tenu du contexte économique actuel", invoquent 38% des entreprises mondiales.
Accélérer la production d'énergie bas carbone
Pourtant, des solutions existent et peuvent changer la donne rapidement, selon Accenture, puisque "trois années de réelle collaboration intersectorielle suffiraient pour faire de la décarbonisation de l'industrie non plus un obstacle mais un atout économique incitant tous les acteurs industriels à accélérer leur transformation".
Une deuxième étude, réalisée entre avril et mai 2023 en interrogeant 1.000 dirigeants dans les secteurs du pétrole, gaz, électricité et des industries lourde et légère, a permis au cabinet de conseil de constater que la transition de l'industrie lourde était la plus "essentielle" -car elle constitue "l'émettrice mondiale la plus importante" et peut entrainer les autres secteurs- et de mieux cerner les freins de ses dirigeants.
Ceux-ci craignent surtout de manquer d'électricité sans carbone pour subvenir aux besoins de leurs activités et manquent de confiance dans les intentions d'achats futures des fabricants, face à des produits décarbonés dont 95% estiment qu'ils seront plus chers que leurs équivalents polluants pendant plus de 20 ans. À cela s'ajoutent des freins économiques: 40% des dirigeants de l'industrie lourde estiment ne pas pouvoir investir davantage dans la décarbonation "dans le contexte économique actuel".
Accenture préconise donc d'accélérer la production d'énergie bas carbone "pour garantir un approvisionnement abordable et sûr", ainsi que de "réduire les coûts d'investissements et d'exploitation liés aux infrastructures bas carbone".
"En seulement trois ans, ces deux éléments combinés devraient permettre de dépasser les obstacles économiques (...) et d'accélérer la transition vers la neutralité carbone", estime Marie Georges, responsable de l'activité développement durable d'Accenture France et Bénélux, à condition qu'elle soit "poussée par une action collective de l'ensemble des acteurs de la chaîne de valeur".