Moins de cognac pour les Américains: recul des exportations de vins et spiritueux français en 2023
La France a vendu un peu moins de vins rouges, vins blancs, champagnes et autres cognacs. Les exportations de vins et spiritueux français ont reculé de 5,9% en 2023, atteignant 16,2 milliards d'euros, selon les chiffres annuels de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS). Du côté des volumes, la baisse est encore plus significative: un peu de plus de 174 millions de caisses ont été vendues à l'étranger en 2023, soit 10,4% de moins que l'année précédente.
Les exportateurs se veulent rassurants et évoquent un "atterrissage en douceur" après deux années d'euphorie, dans le sillage de la crise sanitaire. Les exportations avaient grimpé de plus de 28% en 2021, profitant de la suspension des taxes américaines et de la réouverture des bars et restaurants, puis encore de 11% en 2022. Si l'on compare à 2019, dernière année de référence pré-pandémie, les exportations de vins et spiritueux français augmentent encore d'un peu plus de 15% en 2023.
Sans compter l'inflation mondiale, ce recul s'explique en grande partie par la diminution des achats américains (3,6 milliards d'euros en 2023, -22,1%), particulièrement pour le cognac – les États-Unis représentent un cinquième de nos exportations. Outre la hausse marquée des taux d'intérêts, qui a "incité les importateurs à réguler leurs approvisionnements", il faut aussi y voir un "ajustement au niveau des stocks", note Gabriel Picard, président de la FEVS, lors d'une conférence de presse.
"Un peu trop fortes en 2022"
Dans la foulée de "l'euphorie" post-Covid, les importateurs américains ont acheté une grande quantité de vins et spiritueux français en 2022. D'autant plus qu'ils craignaient de ne pas pouvoir être correctement approvisionnés en raison des difficultés logistiques rencontrées à ce moment-là au niveau mondial. Ce qui les a amenés à davantage réduire les stocks plutôt qu'à importer de nouvelles bouteilles françaises en 2023, à quoi s'ajoute une consommation en berne dans le contexte inflationniste.
Les expéditions vers les États-Unis "ont été trop fortes en 2022 par rapport à la réalité de la consommation", qui a été "suranticipée", souligne Gabriel Picard.
Au niveau mondial, ce recul garde l'attention des exportateurs, après une année 2023 marquée par une inflation mondialisée. Les ventes sont restées à un niveau record en termes de chiffre d'affaires, mais les volumes n'ont jamais été aussi bas depuis 2009. Ce sont les hausses de prix qui ont permis de compenser une partie de la chute des volumes, sans suffire. Vins et spiritueux sont le troisième secteur d'excédent commercial de la France, après l'aéronautique et les parfums-produits cosmétiques.
Les exportateurs français scrutent aussi de près les tensions géopolitiques. Il ne faudrait "surtout pas fermer nos marchés", appelle Gabriel Picard, qui mentionne le gel d'accords de libre-échange ou des litiges commerciaux. Rappelant que la fameuse "taxe Trump" a été seulement suspendue, et non supprimée.