Mort d'Émile: un laboratoire privé saisi pour de nouvelles expertises
Est-ce un tournant dans l’enquête qui permettra d’expliquer la mort du jeune Émile? C’est en tout cas la preuve que les investigations se poursuivent activement et que de nouvelles expertises sont bien en cours.
Un laboratoire privé bordelais a récemment été saisi dans le cadre des analyses menées sur les ossements et vêtements du petit Émile, a appris BFM DICI. Un travail qui va venir en complément de ce que réalise encore l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN).
"Il n'y a pas de dessaisissement de l'IRCGN qui continue de travailler. Il y a effectivement des expertises complémentaires qui sont demandées, comme c'est traditionnellement le cas sur ce type de dossier sensible", contextualise un gendarme.
Depuis près de trois mois, et la découverte d’un crâne, d’ossements et de vêtements appartenant au garçon dans une forêt du Haut-Vernet, l’IRCGN analysait activement ces effets dans son laboratoire de Pontoise. Jusqu’à ce que les juges d’instruction du tribunal d’Aix-en-Provence décident de donner une autre direction à l’enquête en confiant les nouvelles expertises à un laboratoire privé. Selon nos informations, il s’agit du laboratoire d'hématologie médico-légale de Bordeaux, dirigé par le professeur Christian Doutremepuich et ses équipes.
Contacté par BFMTV, le professeur Doutremepuich refuse de s'exprimer, mais assure toutefois que "tout ce qui est possible sera mis en oeuvre" pour permettre à la famille de l'enfant de connaître un jour la vérité sur ce qui lui est arrivé.
De l’affaire du petit Grégory aux meurtres de Vanessa Lagesse et Jennifer Charon, en passant par des résolutions de cold-case, d’affaires de braquages et de violences, le travail de ce laboratoire a été utilisé et loué dans un nombre incalculable de dossiers criminels.
Le "Pape de l'ADN"
Si bien que le professeur Doutremepuich est considéré comme le "Pape de l’ADN" en France. "En 2020, il a sorti un meurtre commis dans les années 1980 grâce à un ADN sur un banc public. Il utilise des méthodes qui ne sont utilisées, ni par les gendarmes, ni par les policiers", souffle une source judiciaire qui a déjà travaillé avec l’intéressé.
Depuis le début de l’enquête pour expliquer la disparition puis la mort d’Émile, les juges d’instruction n’excluaient pas d’avoir recours à ce laboratoire privé et seules deux situations peuvent expliquer cette prise de décision. Soit l’IRCGN n’a pas réussi à obtenir de résultats suite aux expertises menées sur les ossements et vêtements d’Émile depuis trois mois. Dans ce cas, un nouveau souffle est espéré en confiant les éléments obtenus au laboratoire de Bordeaux.
Soit, au contraire, le travail des experts de la gendarmerie a permis d’obtenir un indice que les équipes du professeur Doutremepuich vont pouvoir exploiter. "Mais à Bordeaux, ils redoutent d’avoir des ossements ou vêtements 'pollués', c’est-à-dire qui porteraient les traces des travaux de l’IRCGN. Dans ce cas, le professeur ne prendra aucun risque et ne se prononcera pas", indique une source proche du dossier.
De nouvelles investigations prochainement?
De nouvelles investigations au Haut-Vernet, menées cette fois-ci par le laboratoire d'hématologie médico-légale de Bordeaux, ne sont pas à exclure dans les prochaines semaines même si aucun déplacement n'est pour l'heure programmé.
Dans tous les cas, des résultats sont attendus plus rapidement par les juges d’instruction qui pourront, une fois les analyses terminées, rendre les ossements et vêtements d’Émile à ses parents.
Le travail de l’IRCGN est-il remis en cause? Pas du tout selon cette source judiciaire qui souhaite garder l’anonymat. "Le sérieux et l’expertise de l’IRCGN n’est plus à prouver. Mais une telle précision, une telle expertise, une telle technicité dans l’analyse font qu’il n’y a pas beaucoup de laboratoires qui peuvent le faire. L’idée, c’est d’aller jusqu’au bout de ce que la technique la plus pointue permet pour rechercher des éléments ou interpréter ceux que l’IRCGN a déjà trouvé."
Contacté, le procureur de la République d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon, ne souhaite faire aucun commentaire. De son côté, maître Isabelle Colombani, l’avocate des grands-parents d’Émile découvre avec "étonnement cette information". Et de conclure: "En tout cas, nous n’avons pas du tout été informés."