Mort d'Emile: un an après la disparition du petit garçon, les confidences du maire du Vernet
Le
Il a mis plusieurs semaines avant d’accepter. "Pourquoi faire ça?" demandait-il au téléphone lors de ses échanges avec la rédaction de BFM DICI. Puis, début juin, le maire du Vernet a donné un accord de principe. Il accepte pour notre chaîne locale de revenir sur le premier anniversaire de la disparition d’Émile.
Le lundi 8 juillet 2024 marquera le premier anniversaire de "l'affaire Émile". François Balique n’a absolument rien oublié de cette fin d’après-midi-là, lorsqu’il a passé des heures avec les proches de l’enfant et des villageois à arpenter ce hameau du Haut-Vernet qu’il connaît depuis toujours. Un an après, c’est dans un champ encore bien vert devant sa maison familiale qu’il nous reçoit.
"Notre village va normalement. Chacun vaque à ses occupations mais le cœur est lourd parce qu’on pense aux parents d’Émile et à Émile" débute François Balique en marquant de longs silences.
"J’ai toujours espéré qu’on le retrouve vivant"
Il n’y a pas un bruit au Vernet. Seuls les chants d’oiseaux et les carillons à vent accrochés aux pergolas brûlantes viennent répondre aux nombreux doutes de l’élu.
"J’ai toujours espéré qu’on le retrouve vivant" admet le maire du Vernet. Hélas, une partie du squelette d’Émile a été découvert par une randonneuse dans une forêt du Haut-Vernet lors du week-end de Pâques. Depuis, tant de questions restent sans réponses.
"J’ai une forte pensée pour les parents qui ont perdu un enfant de deux ans et demi. Et on ne connait toujours pas les circonstances. C’est une question qui se pose à mes administrés, à moi. Comment se fait-il qu’il soit décédé?" demande François Balique, sans avancer de théorie.
Le maire fait "pleinement confiance aux enquêteurs". Mais lui aussi trouve le temps long. Durant ces douze derniers mois, il s’est imposé de maîtriser deux objectifs: la tranquillité du village et celle des gendarmes. "Je me suis préoccupé de deux choses, à savoir la protection du village car nous avons été sous le feu des projecteurs. Et tout faire pour que l’enquête puisse nous conduire à connaitre la vérité sur la disparition d’Émile et sur les circonstances de son décès".
Le Vernet désormais lié à la disparition d'Émile
Un an plus tard, y a-t-il un avant et un après "Émile" dans sa commune du Vernet? "Médiatiquement, oui. Au niveau de la vie du village, je ne pense pas car nous sommes restés nous-mêmes. Nous sommes enracinés dans notre village et même ces événements si douloureux ne touchent pas fondamentalement la structure de la commune et nos relations" décrypte François Balique, maire depuis plus de 40 ans. Mais le nom du Vernet souffre pourtant d’une triste image depuis douze mois.
"Quand on dit qu’on est du Vernet, c’est vrai que les gens nous parlent tout de suite d’Émile. Et si nous n’avons pas de réponse, ça ne va pas calmer la manière dont nous sommes interpellés à l’extérieur" regrette le maire qui s’apprête "à vivre avec".
Après un énième long silence, François Balique développe sa pensée: "On a besoin de savoir. Un enfant de deux ans et demi, ça ne meurt pas comme ça. Ces questions méritent des réponses mais peut-être que nous ne saurons jamais… Il faudra vivre avec ce doute".
"Quitter la vie à deux ans et demi dans un village paisible"
Ce lundi 8 juillet 2024, le maire ne prévoit aucun hommage, aucune prise de parole pour ce si triste anniversaire. Il espère que la vie ne sera pas troublée par ce souvenir aussi douloureux qu’intact.
"Le Vernet est une commune pastorale et touristique. Nos bergers sont dans leurs alpages. La saison touristique démarre et je souhaite qu’elle se passe le plus normalement possible, pas comme l’an dernier. Pour les touristes comme pour les résidents secondaires" indique François Balique.
Mais l’édile sait bien que les habitants, touristes et journalistes lui rappelleront les difficiles moments qui viennent de s’écouler dans la vallée du Bès.
Lorsqu'on lui demande de choisir un mot pour qualifier l'affaire Émile, le maire n'hésite pas un instant.
"C'est un drame", tranche-t-il. Et François Balique de conclure, les trémolos dans la voix: "Un drame pour la famille. Un drame pour le village. Un drame pour les Français. On est attaché à la famille, aux enfants et voir un enfant disparaitre sans motif, si gai, si beau. On ne devrait pas avoir le droit de quitter la vie à deux ans et demi dans un village paisible".
L'intégralité de l'interview de François Balique est à retrouver sur BFM DICI, le lundi 8 juillet à partir de 17h15.