"Ni coupables, ni responsables": un éleveur de l'Orne en guerre contre Enedis après l'installation d'une ligne électrique
Une décision incompréhensible pour Alain Crouillebois. Le 26 juin 2024, cet éleveur laitier de Juvigny-Val-d’Andane, dans l'Orne, a été notifié par la Cour d'Appel de Caen qu'il devait s'acquitter de la somme de 53.000 euros à Enedis, ajoutant une nouvelle étape à ce conflit qui dure depuis plusieurs années.
En 2011, le distributeur d'électricité installe une nouvelle ligne à proximité de l'exploitation d'Alain. Ce dernier pointe que depuis, ses vaches ont changé de comportement et observe une baisse de rendement de leur part. En 2022, la justice avait même condamné Enedis a verser 140.000 euros de préjudice à l'exploitant, avant ce dernier volte-face.
"Ils ne sont reconnus ni coupables, ni responsables. Ils suppriment la ligne aérienne et ils me la mettent en souterrain ici, avec la déposé d’un transformateur à 20 mètres de mes bâtiments d’élevage", déplore-t-il à BFMTV.
"Fauteur de troubles"
Malgré une enquête du groupe permanent pour la sécurité électrique en milieu agricole qui n'établit aucun lien entre cette nouvelle installation et la baisse de rendement des bêtes d'Alain, celui-ci décide en 2019, à ses frais, de faire dévier la ligne quelques dizaines de mètres plus loin. Une différence est alors directement notée par l'éleveur.
"Quand je connecte le nouveau tracé, il n’y a plus d’échecs. Les vaches vont au robot (de traite, NDLR), alors que là, elles n’y allaient pas", pointe-t-il, chiffres à l'appui. Pour ces travaux, il a été contraint de débourser la somme de 10.000 euros à Enedis, rappelle France 3 Régions.
Malgré la première décision de justice en faveur d'Alain, la Cour d'appel a finalement décidé que ce dernier devait s'acquitter de 53.000 euros en guise de frais restants de déplacement de la ligne.
"C’est moi qui ait trouvé la solution et c’est moi qui suis condamné à payer alors que là, le fauteur de troubles, il n’y a pas photo, il est clair et net que c’est Enedis", explose-t-il.
Alors qu'Enedis dit prendre acte de la décision de justice, Alain Crouillebois, comme d'autres éleveurs de la zone concernés par le même problème, réfléchit à se pourvoir en cassation.