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"Nous refusons de tourner la page": l'intersyndicale veut le retrait de la réforme avant de discuter d'autres sujets

A la sortie de leur réunion à Matignon ce mercredi matin, les leaders des organisations syndicales ont affirmé d'une même voix leur opposition à toutes discussions tant que le gouvernement ne retirerait pas sa réforme des retraites.

Pas de regret dans les rangs syndicaux à la sortie de la réunion à Matignon. Mais un constat d'échec des mots de Cyril Chabanier qui a pris en premier la parole pour lire le communiqué de l'intersyndicale. Dans cette situation, le président de la CFTC a indiqué que les différentes organisations n'étaient pas ouvertes à la discussion sur d'autres sujets tant qu'elle n'aurait pas obtenu le retrait du texte, seule "issue démocratique". "Nous refusons de tourner la page et d’ouvrir, comme le souhaite le gouvernement, d’autres séquences de concertations sur des dossiers aussi divers que le plein emploi ou le partage de la valeur., a-t-il indiqué. Chacune de nos organisations sur chacun des dossiers suggérés pourra formuler le moment venu des propositions de nature à améliorer l’existence de nos concitoyens. Mais le moment n’est pas venu."

C’est pourquoi nous ne retournerons pas à la table des concertations comme si de rien n’était et appelons une fois encore au retrait pur et simple de ce texte.

"Discuter des décrets d'application d'une loi dont nous demandons le retrait"

Les leaders syndicaux ont notamment critiqué les requêtes de la Première ministre pour évoquer d'autres thématiques qu'ils jugent directement liées à l'âge ou secondaires voire tout simplement inappropriées. "On a eu l’impression que nous ne vivions pas dans le même monde, a résumé Frédéric Souillot, secrétaire général de Force Ouvrière. On nous a parlés de sujets qu’il faudrait évoquer mais en intersyndicale, nous lui avons dit que nous ne discuterions de rien tant que cette réforme ne serait pas retirée."

"Elisabeth Borne nous a dit qu’il faudrait qu’on discute des décrets d’application de cette loi, loi dont nous demandons le retrait."

Même son de cloche du côté de la figure forte de l'union des syndicats, Laurent Berger, qui estime que "les sujets d’usure au travail, de salaires, d’emploi des seniors sont des questions importantes mais corrélées à celle des retraites." "Cette idée de suspendre pour se remettre autour de la table et discuter du travail, si les 64 ans ne sont pas promulgués, restera intéressante, a rappelé le secrétaire général de la CFDT qui prônait une phase de médiation depuis plusieurs jours. Mais aujourd’hui on nous a dit « non » donc on passe à l’autre option qui est la question du retrait."

La CGT promet un pays ingouvernable sans retrait du texte

Laurent Berger est d'ailleurs celui qui a mis un terme à la réunion lorsqu'Elisabeth Borne a confirmé qu'elle ne souhaitait pas accéder à la demande des organisations dont les leaders ont à tour de rôle tenter de raisonner la cheffe du gouvernement. "Chacun et chacune des leaders syndicaux a essayé avec ses mots de réussir à toucher au cerveau du gouvernement, racontait la nouvelle secrétaire générale de la CGT Sophie Binet. On n’est pas là pour avoir des éléments de langage, pour avoir des échanges de discours de papier glacé. On est là pour échanger sur l’état du pays, pour parler de votre responsabilité."

"Le gouvernement ne pourra pas gouverner le pays tant que cette réforme ne sera pas retirée."

La patronne cégétiste a évoqué les nombreux sujets de concertation qu'ouvrirait un retrait du texte comme les propositions de financement avancées par les syndicats "à commencer par l’égalité professionnelle femmes/hommes qui permettrait de résorber l’ensemble du déficit des caisses de retraites." "Nous pourrions enfin parler de la question des salaires car pour la première fois, les salaires en euros constants baissent et des millions de Français perdent de l’argent et n’arrivent plus à remplir leur frigo et dont les qualifications ne sont plus reconnues, a-t-elle souligné. Nous pourrions si cette réforme était retirée parler enfin de la question environnementale alors que le GIEC a rendu un rapport alarmant il y a quelques jours qui est passé en dehors des radars à cause de cette réforme des retraites."

Timothée Talbi